Inde Mission de l'Inde, Genève

La Mission de l’Inde auprès des Nations Unies se dote d’un nouveau bâtiment à la hauteur de ses ambitions et de l’importance du pays sur la scène internationale. Les différents volumes expriment les fonctions et la hiérarchie des espaces intérieurs. Le bâtiment promet d’être un formidable outil de représentation de l’Inde au cœur de la Genève internationale. Swagat* !

(bienvenue en langue hindi)*

À compter de ce mois d’avril 2023, l’Inde est le pays le plus peuplé de la planète avec ses 1,43 milliard d’habitants, selon les projections de l’ONU. La République d’Inde dépasse ainsi la Chine et assied davantage son importance sur la scène mondiale. Puissance nucléaire et septième économie mondiale, l’Inde dispose de ressources considérables. Bien que la pauvreté et l’analphabétisme continuent de représenter un énorme défi pour le pays, son industrialisation est en forte croissance.

La mission permanente de la République de l’Inde auprès des Nations Unies à Genève était à l’étroit dans des locaux peu adaptés au centre-ville. Son statut et ses ambitions, ainsi que les besoins croissants de la population indienne résidente en Suisse, sont venus soutenir le projet de construction d’un nouveau bâtiment, à la fois représentatif et fonctionnel.

Dès 2009, les autorités indiennes font l’acquisition d’une parcelle libre voisine de l’Organisation mondiale de la Santé. C’est ici que le projet peut se développer. Un plan localisé de quartier régit le secteur et prévoit la construction d’un deuxième bâtiment à la volumétrie identique sur la parcelle avoisinante.

« À LA FOIS REPRÉSENTATIF ET FONCTIONNEL »

Le processus décisionnel est complexe et implique une intervention aux plus hauts niveaux de l’Etat. Le programme évolue au fil des ans et au gré des changement d’ambassa- deurs. Il comprend une partie consulaire au bénéfice des ressortissants indiens en Suisse, de vastes surfaces administratives liées aux activités auprès des différentes instances de l’ONU et finalement, le bureau de l’ambassadeur et ses différents services. A ces éléments constitutifs du projet s’ajoutent une grande salle polyvalente destinée à la représentation de spectacles, à l’accueil de banquets ou à l’organisation de conférences, ainsi que tous les locaux de services attenants.

LE GANGE ET LA ROUE DU KARMA

En charge du projet, le bureau de Giuli & Portier architectes SA (DGPA) se plonge dans l’analyse des besoins et des attentes de la mission. La dimension représentative impose non seulement de décliner l’exécution du programme mais également de développer une sensibilité aux us et coutumes de l’Inde et aux rapports très hiérarchisés entre les fonctions.

Dans cette logique, le bureau de l’ambassadeur se doit d’être le plus grand et d’être placé au plus haut niveau du bâtiment. De là, chaque secrétaire et fonctionnaire bénéficie d’un certain niveau de privilèges en termes de position et d’espace.

Les questions de sécurité, d’accessibilité pour le public, de dialogue avec l’environnement construit et d’intégration au site figurent éga- lement parmi les exigences de base.

La somme de ces impératifs donne forme à un bâtiment sobre et qualitatif qui, en deuxième lecture, laisse apparaître toute la finesse de la conception.

La parcelle est marquée par une forte déclivité. Elle est longée par un chemin piétonnier qui permet de rejoindre le quartier résidentiel du Grand-Saconnex. L’accès se pratique par le bas avec un premier petit volume qui sert de loge d’entrée et de contrôle d’accès.

Une fois les sas passés, le visiteur découvre les guichets publics, un premier espace qui abrite le back-office consulaire. Un système de contrôle par badges permet au personnel d’accéder aux différents espaces, des locaux semi-publics aux plus privatifs.

Un espace vitré en double hauteur articule la transition vers les étages supérieurs. Ici, un vaste foyer s’adosse à la salle polyvalente. Toutes ces zones constituent le socle formel du bâtiment. Ces deux premiers niveaux sont en effet habillés d’un verre sombre et marquent un retrait par rapport au volume supérieur. Un accès couvert praticable par les véhicules diplomatiques est ainsi naturellement créé par le jeu de volumes superposés. Sur le côté, c’est une entrée secondaire – donnant directement sur la salle polyvalente – qui se dessine.

Cette composition libère les trois niveaux supérieurs et ajoute au dynamisme de l’ensemble. Le plan, symétrique par la transversale sur les étages types, s’organise autour d’un grand escalier circulaire. Ses balustrades en verre en font un élément architectural fort. Appuyé sur un plancher transparent et surmonté d’une verrière, l’escalier entre ciel et terre est un véritable puits de lumière qui rayonne jusqu’au cœur du foyer.

Quel que soit l’emplacement des bureaux, il y a toujours une vue traversante sur les noues paysagères et les arbres. Au dernier étage, la partie avant se retire pour laisser place à une terrasse exclusivement réservée à l’ambassadeur dont le vaste bureau est attenant. Elle est couronnée d’une pergola au fronton épais. Ce surlignage élance d’autant plus le bâtiment et distingue le troisième niveau.

Les façades sont revêtues d’un bardage en pierre naturelle recomposée blanche. La partie avancée des façades sud et ouest est habillée d’un moucharabié de tôles perforées qui offre une protection solaire supplémentaire. Sur le pignon, le dessin d’une roue du karma identifie discrètement le bâtiment.

L’insertion dans la pente du terrain permet au bâtiment de tutoyer les grands volumes de l’OMS et de ONUSIDA à l’avant et de maintenir un rapport harmonieux avec le contexte pavillonnaire à l’arrière.

Les aménagements extérieurs sont une succession de séquences paysagères. Cheminements, parterres fleuris, arbustes et grands arbres créent un écrin protecteur autour de la mission. Côté sud, une fontaine en cascade évoque le Gange et participe au rafraîchissement naturel en périodes de forte chaleur. Des zones de détente ou de pratique de yoga sont également prévues.

CYCLES DE VIE

Une enceinte de fouille en parois moulées est réalisée dans un premier temps pour assurer le périmètre. Elle atteint une profondeur de 18 mètres le long du chemin des Crêts-de-Pregny. Le projet se trouvant au-dessus d’une nappe phréatique, ce concept de paroi moulée garantit également l’étanchéité du bâtiment et le maintien de la chape.

Les choix structurels, usuels pour ce type de construction, allient une ossature poteaux/ dalles en béton armé à des voiles béton et des sommiers renforcés (poutres métalliques de grande hauteur). Ceux-ci sont nécessaires pour reprendre les charges du porte-à-faux avant (portée variable entre 3,5 et 5,5 m), de la salle polyvalente (portée d’environ 16 m) et du foyer. La pergola de toiture est composée d’une structure métallique et présente un porte-à-faux d’environ 6 m.

Le personnel de la mission étant voué à croître ces prochaines années, le bâtiment est dimensionné pour le long terme; les 7950 m2 de surface brute de plancher offrent un beau potentiel.

La structure permet une grande liberté d’aménagements intérieurs. La façade respectant une trame de 1,50 m assure une grande souplesse pour les années à venir et les éventuels changements de typologies souhaités au cours des différents cycles d’utilisation du bâtiment.

Les choix constructifs sont orientés vers l’efficience et la haute performance énergétique. La façade ventilée, l’isolation de haute qualité, l’installation de panneaux solaires et d’une pompe à chaleur (géothermie), ainsi que les diverses mesures prises pour gérer la surchauffe définissent ce bâtiment HPE.

L’ensemble s’appuie sur deux niveaux de sous-sol (parking et technique). Les travaux ont démarré en 2020 et le déménagement de la Mission a lieu ce printemps. Dès le début de l’été, le site sera pleinement fonctionnel.