Effondrement d’échafaudages. Le drame survenu le 12 juillet sur le chantier de la tour Malley Phare soulève nombre de questions. En attendant que l’enquête révèle les raisons de la catastrophe, faisons le point sur les causes possibles.
La tour Malley Phare est un magnifique projet. Elle s’inscrit en extension de la partie Ouest du centre commercial Malley Lumières avec une surélévation de 14 étages. Il s’agit de la première tour en structure bois de Suisse romande avec une façade active en photovoltaïque. L’objectif des concepteurs est de développer un bâtiment innovant au niveau des matériaux de construction et qui respecte la certification site 2000 watts. En plus de l’utilisation du bois pour la structure, les panneaux photovoltaïques sur les façades et la toiture permettent à l’immeuble de produire de l’énergie. Malley Phare, symbole architectural d’une hauteur de 60 mètres, se veut ainsi un projet exemplaire du point de vue énergétique et socio-culturel. Le bâtiment comporte 5 types de logements: studios, lofts, 2,5 pièces, 3,5 pièces et 4,5 pièces, dont 10 % en LUP. Plusieurs espaces communs sont à disposition des habitants: des pièces «jokers» ainsi que des locaux de coworking et home office (en double hauteur) qui favorisent le télétravail et répondent à un besoin croissant et actuel. Un Rooftop bar complète l’offre pour les locataires et les amateurs qui profitent déjà d’un centre commercial, d’un cinéma, d’un fitness et d’une piscine dans le centre existant Malley Lumières. (échafaudages)
Vendredi 12 juillet à 9h25, pour des raisons qui restent inexpliquées à l’heure où ces lignes s’écrivent, un pan entier de l’échafaudage s’est effondré faisant trois victimes et huit blessés dont quatre encore dans un état grave.
Les risques d’effondrement
On parle d’effondrement de matériel lorsqu’un échafaudage, un étaiement ou un rack de stockage s’écroule, lorsqu’il survient suite à une faiblesse dans sa structure liée à un choc, un défaut de stabilisation ou de conception, ou un facteur extérieur (usure prématurée, rupture d’ancrage, poinçonnement du support, météo, etc.). Il peut avoir comme conséquences chutes et écrasements.
- En résumé
Le risque d’effondrement de matériel sur un chantier concerne les échafaudages, les tours d’étaiement, les étais mis en œuvre pour le bétonnage d’un plancher. Dans un atelier, il peut concerner les matériels de stockage (rack ou rayonnage).
Les conséquences d’un effondrement peuvent être graves selon la nature du matériel/matériau effondré et la présence de compagnons sur ou à proximité. C’est pourquoi quelques règles et mesures de prévention sont à prendre pour garantir la sécurité des employés et assurer la prévention des risques.
L’effondrement d’échafaudages
Sur un chantier, lorsque l’on parle d’effondrement de matériel, il s’agit essentiellement des échafaudages et des étaiements.
Les échafaudages sont des équipements de travail indispensables sur un chantier. Ils permettent l’accès aux façades, toits, charpentes, murs, plafonds. Mais ils constituent surtout un risque majeur d’accidents graves dont fait partie l’effondrement. Ce risque concerne toutes les entreprises du bâtiment. Plus l’échafaudage est haut, plus il y a de prise au vent et donc risque d’effondrement. Ne minimisez cependant pas les risques sur des échafaudages de petites hauteurs. Ce n’est pas parce que c’est moins haut, que le risque est moins grand.
- le montage
Le risque d’effondrement d’un échafaudage se joue généralement au montage.
Choisissez bien votre échafaudage selon l’usage mais surtout le poids qu’il va devoir supporter, la hauteur, l’environnement de travail, le terrain sur lequel il repose. Le montage de l’échafaudage est à préparer avec soin si possible en coordination avec toutes les parties prenantes : planificateurs et maîtres d’ouvrages, chefs de chantiers, monteurs échafaudeurs et utilisateurs d’échafaudages.
Le sol aux abords de l’ouvrage doit être aménagé et compacté afin de mettre en sécurité l’échafaudage. En cas de sol meuble, faites reposer les pieds de l’élément sur des appuis solides afin de compenser l’irrégularité du terrain. Faites attention aux bouches d’égouts et plaques de fonte qui pourraient céder sous le poids de l’échafaudage.
Assurez-vous que l’échafaudage est en bon état, qu’il ne manque aucun élément et que chaque élément est conforme.
Suivez bien la notice du fabricant lors du montage. Les échafaudages fixes de grande hauteur doivent être amarrés à la façade avec des points d’ancrage afin de contrer la prise au vent. Le nombre d’ancrage sera plus important si l’échafaudage est bâché.
Réalisez un calepinage et/ou note de calcul dès l’étude du chantier. Des règles précises doivent être respectées sur le nombre d’ancrage et leur distance. Un nombre insuffisant de points d’ancrage est une cause d’effondrement.
Pour des échafaudages de petite hauteur, fixez l’échafaudage au sol puis utilisez le système de tirant-poussant pour venir le positionner contre la façade.
- les surcharges
Un échafaudage n’est pas une zone de stockage. Veillez à ne pas surcharger les planchers de l’échafaudage avec du matériel lourd et respectez les classes de plancher (les échafaudages sont classés en fonction des charges de calcul de surface de travail qu’il faut respecter). Respectez la notice de montage ou d’utilisation. Vérifiez l’échafaudage avant et pendant l’emploi.
- le monte-charges
Les monte-charges ou ascenseurs de chantier sont indispensables, notamment dans les construction de grande hauteur. S’ils ne sont pas employés correctement et conformément à leur destination, ils représentent un risque majeur. Les principaux dangers liés aux monte-charges sont notamment énumérés dans la liste de contrôle de la SUVA:
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- être heurté par la chute de matériaux
- être victime d’une chute de hauteur depuis la cage ou les accès
- risque de chute ou de renversement de l’ascenseur de chantier
- zones de coincement, d’écrasement ou de cisaillement dans la cage, à la station de base ou aux accès
- contact électrique (p. ex. avec des composants sous tension)
- les intempéries, le vent
Les échafaudages sont particulièrement exposés aux intempéries. La force du vent présente un danger potentiel. L’Union intercantonale de réassurance (UIR) qui regroupe les 19 Établissement cantonaux d’assurance (ECA) entre en matière lors d’événement tempétueux (selon sa propre définition). Par le passé, une tempête assurée a lieu lorsqu’un vent de vitesse au moins égale à 63km/h (moyenne sur 10 minutes) a été mesuré. Aujourd’hui, les échafaudages doivent être dimensionnés pour résister à des rafales de 114 km/h.
Contrôle et maintenance: Qui est responsable?
La SESE (Société des entrepreneurs suisses en échafaudages) rappelle dans sa FAQ de novembre 2023 les principales prescriptions et responsabilités. À la question de savoir qui est responsable du contrôle et de la maintenance elle répond que l’utilisateur et le commanditaire ont la principale responsabilité.
- utilisateur: contrôle visuel et signalement
Contrôle visuel quotidien à la recherche de défauts manifestes. S’il présente des défauts, l’échafaudage ne peut pas être utilisé et le danger doit être immédiatement signalé à un supérieur ou à la direction de travaux.
- commanditaire: contrôle de maintenance
La direction des travaux (commanditaire) ordonne des contrôles de maintenance réguliers et fait réparer les défauts constatés par le monteur de l’échafaudage. (OTConstr art. 61, SIA 118/222)
- à quels intervalles faut-il effectuer des contrôles de l’échafaudage?
- Avant l’autorisation d’utilisation, le monteur procède au contrôle final de l’échafaudage.
- L’échafaudage est contrôlé visuellement chaque jour par les entreprises utilisatrices à la recherche de défauts manifestes.
- Le commanditaire doit fixer la fréquence à laquelle ont lieu les contrôles d’état réalisés par le monteur de l’échafaudage ou par une entreprise spécialisée.
Les intervalles suivant se sont communément admis:
- utilisation intensive / plusieurs entreprises au travail:
au min. toutes les 1-2 semaines
- utilisation normale
au min. toutes les 2-4 semaines
- utilisation faible
au min. toutes les 4-6 semaines
De bonne foi ou par négligence, il arrive qu’une entreprise tierce modifie l’échafaudage (suppression d’un garde-corps ou d’un platelage) pour, par exemple, réaliser une opération ou introduire du matériel dans le bâtiment. Ces modification ne doivent jamais être faites sans une autorisation et un contrôle de la direction des travaux et de l’entreprise de montage de l’échafaudage.
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