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Arthur, 31 ans, architecte et éco-anxieux (éco-anxiété). Petite séquence entendue sur les ondes de la RTS La Première. Le témoignage de ce jeune architecte dans l’émission «Les rencontres d’Émilie Gasc» résonne sans doute chez beaucoup de professionnels de la construction. L’éco-anxiété touche de plus en plus de personnes, en particulier les jeunes à qui l’on répète depuis l’enfance que la planète va droit dans le mur. La prise de conscience du monde industrialisé, ainsi que les initiatives gouvernementales et privées continuent d’être perçues comme insuffisantes. Une génération, aujourd’hui adulte, a grandi avec ce message et cet état de fait: nous sommes en train de détruire notre habitat et il est peut-être déjà trop tard pour contrer ce destin. Arrivés sur le marché du travail, ces jeunes professionnels bien formés se trouvent souvent en contradiction avec les projets sur lesquels ils doivent s’engager (éco-anxiété).

«Quand j’étais salarié dans des bureaux d’architectes et que je travaillais sur des projets qui ne correspondaient pas à mes valeurs, là je n’allais vraiment pas bien», témoigne Arthur. «On a de la chance dans notre métier d’architecte et dans la construction en général. On a des solutions à mettre en place qui existent déjà, construire moins et construire mieux. Aujourd’hui, dans mon bureau, nous avons adopté des principes drastiques: nous ne construisons pas de bâtiments neufs, mais nous nous concentrons sur la transformation de l’existant; nous ne construisons pas sur des terrains vierges, mais uniquement sur des terrains déjà construits; nous ne démolissons pas pour reconstruire et nous utilisons au maximum les matériaux qui sont déjà présents sur place», explique l’architecte. Il énumère ensuite des questions liées à l’aménagement des espaces intérieurs, au rapport à la nature ainsi qu’à l’engagement collectif des habitants dans des coopératives.

Si ces principes sont louables, ils se heurtent aux logiques en place, à la pression démographique et aux enjeux du marché immobilier. Les Maîtres d’ouvrage ont donc un rôle central à jouer: ce sont finalement eux qui peuvent valider les propositions soumises par les spécialistes.

Le monde de la construction se doit de communiquer, de faire connaître aux non-initiés les solutions dont il dispose. Il est crucial de favoriser la transmission et la transparence. Informer le grand public et les jeunes générations sur les avancées et les efforts déployés est essentiel pour redonner espoir et susciter de nouvelles vocations. Le chantier doit s’ouvrir, devenir un espace de dialogue et de pédagogie où chaque innovation est partagée et chaque défi expliqué.

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