Sponge city – L’urbanisation et le dérèglement climatique ne font pas bon ménage. Les événements climatiques extrêmes se multiplient même en Suisse. Ces dernières années, des orages d’une violence et d’une rapidité inédites se sont abattus sur nos villes. On se souvient, par exemple, des impressionnantes inondations en gare de Lausanne, d’épisodes de grêle et de tempêtes balayant la Suisse avec des rafales de vent soufflant à plus de 130 km/h. Pas besoin d’être devin ou expert pour reconnaître que ces phénomènes sont en passe de devenir encore plus fréquents.

Le concept utopique de la ville éponge a été élaboré par l’architecte Peter Cook dans les années 1970. Il voit dans la «Sponge City» le rêve d’une cité résiliente capable de réguler les inondations urbaines et de diminuer sa vulnérabilité durant les périodes de sécheresse. C’est pourtant en Chine que le concept s’est concrétisé avec un programme national lancé fin 2014. Son objectif? Faire en sorte qu’à l’horizon 2030, 80% des aires urbaines locales soient capables d’absorber et de réutiliser 70% des eaux de pluie torrentielles dans le sol et les zones humides. Les intentions de cet ambitieux plan sont doubles : améliorer la résilience citadine face aux fréquentes inondations torrentielles menaçant la grande majorité des métropoles chinoises, et sécuriser leur approvisionnement en eau.

En contraste avec le génie urbain conventionnel qui vise à centraliser et canaliser les eaux de ruissellement le plus rapidement possible, les concepts de Sponge City jouent sur des revêtements poreux ou perméables, sur la végétalisation des sols et des murs, ainsi que sur la création d’espaces verts, de zones humides artificielles, de jardins pluviaux et autres toitures vertes, disséminés aux quatre coins de la ville. Tous ces éléments de bio-rétention permettent d’absorber les eaux de pluie et de réduire les effets des îlots de chaleur. Le concept réintroduit un cycle de l’eau plus naturel au cœur des cités.

Déjà adopté par la ville et le canton de Fribourg – notamment lors de la conception de blueFactory – le concept et ses dérivés vont sans doute trouver de nombreux adeptes en Suisse. Il a d’ailleurs fait l’objet d’une belle mise en avant lors du récent salon aquaPro (7-9 février, Bulle) où son application à l’échelle des quartiers a suscité un grand intérêt.

Une fois encore, le monde de la construction se trouve aux premières loges. Architectes, urbanistes, architectes paysagistes, ingénieurs et constructeurs sont appelés à imaginer et réaliser de nouvelles formes d’espaces urbains. Dans ce sens et pour la première fois, nous vous proposons dans ce premier Chantiers magazine de l’an- née 2024 un dossier «aménagements extérieurs». Nous vous proposerons tout au long des dix prochains mois d’autres nouvelles thématiques, telles que « économie circulaire/matériaux » ou « climat/énergie ». Notre intention reste inchangée: être toujours au plus près du terrain et des défis que vous, femmes et hommes du monde de la construction, relevez dans votre activité quotidienne.

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