Infrastructures – Entre mythe et réalité, Daniel Jeanrichard met en place l’établissage vers l’an 1700. Ce procédé de division du travail, qui consiste à répartir les tâches entre plusieurs artisans, chacun d’eux se spécialisant alors dans la fabrication d’un élément horloger, marque l’avènement de l’industrialisation de l’horlogerie. Aujourd’hui, plus de 95% des montres vendues à plus de 1000 francs dans le monde sont fabriquées en Suisse. L’horlogerie fait figure de symbole du savoir-faire et de la précision « Made in Switzerland ». Cet attachement au détail, à la précision et à la beauté de complications parfaites est inscrit dans notre ADN.
Dans la même lignée, notre réseau ferroviaire est, lui aussi, mentionné dans les éléments qui constituent notre identité nationale. La ponctualité des trains suisses est légendaire, surclassée dans le monde uniquement par l’obsession japonaise. En 2023, 92,5% des trains sont arrivés à l’heure.
Cet amour de l’exactitude et cet attachement à accomplir parfaitement sa propre (petite) tâche se heurtent parfois à la nécessité d’une vision globale dans des systèmes complexes et mondialisés.
L’actualité concernant l’élargissement autoroutier et la création d’une nouvelle ligne ferroviaire entre Genève et Lausanne pourrait faire sourire s’il ne s’agissait de questions aussi importantes que la mobilité dans l’une des régions les plus dynamiques du pays.
Etablie par le bureau d’ingénieurs BG sur mandat des CFF, l’étude «prospective» pour la réalisation de la nouvelle ligne relève dans sa conclusion qu’une «coordination des projets sera indispensable». De son côté, l’Office fédéral des routes (OFROU) souligne un conflit de «temporalité» entre ces deux projets. Le Conseil national devrait se prononcer lors de la prochaine session parlementaire sur la motion Nordmann/Français qui réclame la construction d’une nouvelle ligne complète entre Lausanne et Genève, ceci afin d’avoir une redondance avec l’actuelle. Le texte a déjà été accepté par le Conseil des États en décembre. Les temps pour réaliser une telle infrastructure ferroviaire sont extrêmement longs; au mieux, les travaux ne commenceraient qu’en 2045.
Quant aux travaux d’élargissement de l’autoroute (infrastructures), approuvés en fin d’année passée par les Chambres fédérales, ils pourraient déjà débuter en 2030. Or, il existe un conflit entre les deux projets, chacun visant un tracé situé majoritairement le long de l’autoroute. (infrastructures)
L’ancien conseiller aux États Olivier Français, ainsi que la nouvelle membre de la Commission des transports et des télécommunications Brenda Tuosto sont unanimes: « Il n’y a aucune coordination entre les différents types de mobilité. Il faudrait un plan de mobilité à l’échelle nationale. Il y a une tendance à travailler chacun de son côté, en silos isolés. »