Du BIM au BOS – Le 9 novembre dernier, l’EPFL a accueilli la 6e édition de la Conférence BIM organisée par Bauen Digital Schweiz – Building Smart. Quelque 200 professionnels étaient réunis malgré les complications de transport liées à un incident en gare de Renens qui a paralysé une grande partie de la Suisse romande ce jour-là.

Deux ans jour pour jour après l’incident du désormais célèbre «trou de Tolochenaz», c’est le sectionnement d’un câble lors de travaux de forage en gare de Renens qui laissait à nouveau en rade des milliers de voyageurs. Malgré la paralysie du trafic ferroviaire entre Renens et Genève et vers Yverdon, quelque 200 professionnels se sont retrouvés au SwissTech Convention Center de l’EPFL pour la 6e édition de la Conférence BIM (du BIM au BOS). Placée sous le thème «Numérisation et durabilité», la manifestation a offert un aperçu saisissant du degré de maturité des entreprises romandes en matière de BIM.

BIM conférence

En tant qu’invité d’honneur, c’est Frank Hovorka, Président de buildingsmart France et membre du board de buildingsmart International, qui a le premier pris la parole. Sa Keynote intitulée «La pertinence des outils digitaux dans la stratégie d’analyse de cycles de vie de l’immobilier» a captivé l’attention de l’assistance. «Alors que les normes européennes qui doivent définir ce qu’est un immeuble vert sont en élaboration, a-t-il expliqué, le secteur immobilier se questionne sur les données à prendre en compte. Ces informations nécessaires pour le calcul de la performance énergétique d’un immeuble deviennent encore plus importantes pour les grands investisseurs cotés en bourse ou institutionnels. Le reporting financier accordera un certain poids à ces éléments et fera forcément appel à des spécialistes afin d’obtenir les informations les plus pertinentes. Les concepteurs se doivent donc de maîtriser ces éléments au risque de se voir reléguer en position de sous-traitants d’un institut extérieur au projet appelé à réviser et optimiser ce dernier. » Aujourd’hui, l’idée d’un «Building Passport» qui, en phase de projet, calcule le total de kgCO2/m2 d’un bâtiment de la construction pour son usage sur cinquante ans, fait son chemin.

Une harmonisation européenne des critères est à l’étude. Ces bases communes constitueraient également un outil de taxonomie. «Si votre bâtiment est vert, simplifie Frank Hovorka, vous obtenez le prêt de votre banque, sinon rien!» La valeur des datas prend ici toute sa dimension.

Divers «use cases» ont ensuite fait le point sur divers aspects techniques tels que l’interopérabilité BIM-structure, l’utilisation des standards CRB à partir de la maquette numérique ou l’optimisation des ressources en phase d’appel d’offres, de soumission et de facturation grâce au modèle numérique. Des présentations sur des réalisations de la région ont mis en évi- dence les remarquables compétences des acteurs romands du secteur.

CONCEVOIR, CONSTRUIRE, EXPLOITER

Manuel Jetzer, chef de projet One Roof, a présenté le projet du nouveau siège de Lombard Odier. Il a fait la lumière sur l’évolution du BIM au BOS.

L’avènement du numérique a révolutionné le secteur de la construction, apportant des changements substantiels dans la manière de concevoir, construire et exploiter les bâtiments et les infrastructures.

Cette approche intégrée facilite la prise de décisions éclairées, renforce la collaboration entre les parties prenantes et optimise les coûts ainsi que les délais de construction. La digitalisation est aujourd’hui incontournable pour les professionnels du secteur de la construction, qui doivent adopter les technologies numériques dès maintenant pour rester compétitifs, ainsi que proposer des projets innovants et durables.

Le BIM figure au cœur de cette transformation. Au-delà des quelques années de construction, le BIM doit permettre à la banque d’optimiser la gestion du bâtiment et des données qu’il génère tout au long de son cycle de vie. C’est ici qu’apparaît la notion de BOS (Building Operating Systems) qui centralise les données de gestion des immeubles. L’intégration du BIM dans ces systèmes renforce l’efficacité de la gestion, incitant les acteurs du secteur à embrasser dès aujourd’hui la transition numérique, en particulier en adoptant les outils BOS.

Selon divers experts, il reste encore à l’heure actuelle quelques points critiques dans l’exploitation de la maquette BIM liée au BOS.

  • La qualité de la maquette BIM
    Un enjeu majeur pour la réussite du BOS Management réside dans la qualité de la maquette BIM. Précision, actualité et exhaustivité sont cruciales pour une exploitation efficace et pour prévenir les erreurs potentielles.
  • La gestion optimisée des données
    La gestion des données de la maquette BIM doit être optimisée pour une exploitation efficiente par le système BOS. Cette démarche implique la standardisation des données et la mise en place de processus de contrôle qualité.
  • Compatibilité avec les systèmes BOS
    L’interopérabilité entre la maquette BIM et le système BOS choisi est essentielle. Les formats de fichier, les normes et les protocoles doivent être pris en compte dès le départ pour éviter les problèmes de compatibilité.
  • Formation des utilisateurs
    La formation des utilisateurs du système BOS est cruciale. Une connaissance approfondie de la maquette BIM évite les erreurs et maximise l’efficacité de l’exploitation.
  • Sécurité des données
    Dans le contexte de l’exploitation d’une maquette BIM via un système BOS, la sécurité des données est une préoccupation majeure. Des mesures rigoureuses doivent être prises pour protéger les données sensibles contre les accès non autorisés.
  • Maintenance de la maquette BIM
    La régularité de la mise à jour de la maquette BIM est primordiale pour refléter les changements sur le terrain. La maintenance de la maquette BIM devient ainsi un aspect essentiel de l’exploitation via un système BOS.

    En conclusion, l’intégration réussie du BIM dans les systèmes BOS marque une étape décisive vers une exploitation numérique efficace dans le secteur de la construction. Les professionnels de l’industrie sont appelés à relever le défi de la digitalisation dès maintenant pour rester compétitifs et pérenniser l’innovation dans leurs projets.

    Le niveau de conscience des concepteurs romands a fait d’énormes progrès. Les entreprises leur emboîtent le pas bien qu’il y ait encore, dans la majorité des cas, un réel fossé entre le bureau et le chantier. L’intégration du Facility Management et d’une vision sur le long terme, ou mieux, sur l’entier du cycle de vie du bâtiment n’en est encore qu’à ses balbutiements.

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