Résilience – Mars 2020, la pandémie éclate et bloque la Suisse. Trois ans. Un instant. Un siècle! Le Covid-19 nous a d’abord surpris, choqués. Il nous a ensuite tenus en alerte, contraints à mille changements, usés. Les vagues successives ont fait régner l’incertitude. Si 2021 a été dure, 2022 a été longue. Sans nous laisser le temps de voir le bout du tunnel, la guerre en Ukraine et ses répercussions économiques, sociales et politiques ont enfoncé le clou.

Nous sommes bien sûr en Suisse et donc grandement privilégiés. Nous ne sommes néanmoins ni imperméables à l’ambiance générale ni insensibles à cette époque anxiogène.

Que nous réservent les années à venir? Comment les affronter? Quels changements devrons-nous encore opérer ?

Le Professeur Jérémy Rifkin, essayiste, spécialiste de prospective économique et scientifique, ainsi que conseiller parmi les plus influents, a récemment publié un ouvrage intitulé «L’âge de la résilience» (Éditions Les liens qui libèrent). C’est un récit puissant qui parle autant des énergies fossiles que des progrès de la génétique, du GPS et des salaires pour revenir sur les 250 dernières années de notre histoire. Si la parabole est si grande, c’est qu’elle retrace l’ascension de l’âge du progrès jusqu’à identifier sa fin et le passage à une nouvelle époque histo- rique. Nous annonce-t-il la fin de l’abondance, les douches froides, la baisse du PIB et la chute du capitalisme ? Non.

À l’âge du progrès, selon Rifkin, l’efficience – entendue comme l’exploitation maximale des produits de la planète – est devenue la valeur primordiale. L’idée n’est autre que la nature est une ressource passive qui n’a de valeur que lorsqu’on la transforme en matières premières et qu’on en devient les propriétaires. Le nouveau narratif proposé par le Professeur met en lumière l’émergence d’une vision inédite, la résilience. L’économie commence à capter des tendances déjà bien adoptées par les nouvelles générations. Aujourd’hui, on parle moins de croissance et plus d’épanouissement, moins de deal financier et plus de capital écologique, moins de PIB et plus de qualité de vie, moins d’hyperconsommation et plus de recyclage.

C’est donc un autre capitalisme qui est envisagé. L’air, l’eau, le sol et la forêt ne peuvent plus être des propriétés privées. Ils doivent être des communs qui profitent à toute la planète. Cela impose des paramètres économiques différents, favorables au marché mais sans mettre à mal les communs. Toujours du point de vue de l’essayiste, cette démarche donnera naissance à plus de PME et de PMI, à de nombreuses technologies qui opéreront en coopérative dans un système économique plus horizontal. La valeur centrale: passer de l’efficacité à l’adaptation.

Un changement qui semble certes énorme et peut-être utopiste. Les prémices sont pourtant déjà bien présentes et, comme nous l’avons vu avec la pandémie et la guerre, les choses peuvent parfois aller très vite. Combien de temps faudra-t-il à notre société pour mettre en place un système permettant de s’épanouir sans détruire la pla- nète ? Trois ans ? Un instant ? Un siècle ?

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