La racine du mot idée nous vient du grec eído qui signifie voir. Une ampoule qui s’allume au-dessus de votre tête, une idée qui surgit, c’est en réalité illuminer une zone d’ombre et commencer à y voir clair.

D’abord considéré comme l’enfant terrible de l’architecture mondiale, Bjarke Ingels foisonne d’idées. L’architecte danois fondateur du bureau BIG, à qui l’on doit des projets aussi surprenants qu’innovants que CopenHill (une usine d’incinération de déchets dont le toit accueille une piste de ski) ou le 8 house (un immeuble résidentiel en forme de 8 où la qualité de vie est celle d’un village), se mue en prophète. Le prochain projet d’Ingels n’est autre qu’un plan pour sauver le monde.

« Lorsque les architectes aménagent un pâté de maisons ou un quartier, ils créent souvent un plan directeur : un document qui identifie les problèmes à résoudre, propose des solutions et crée une image de l’avenir que toutes les parties concernées s’efforcent ensuite d’atteindre. Dans Masterplanet, BIG applique ce raisonnement à l’ensemble de la Terre, en expliquant comment nous pouvons redessiner la planète pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, protéger les ressources et nous adapter au changement climatique », explique-t-il.

Formuler un plan de lutte contre le changement climatique pendant son temps libre peut relever de l’orgueil démesuré, voire de la mégalomanie. Les militants de la justice climatique, qui soutiennent que l’action doit por- ter à la fois sur les émissions et les inégalités systémiques, remettent en question le droit et la capacité d’Ingels à élaborer un plan pour l’ensemble de la planète. Quant à ses confrères architectes, ils affirment que le secteur doit se concentrer sur des tâches telles que l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments, et non sur des tableaux de vision planétaire tape-à-l’œil. Et même dans un monde où la pandémie de COVID-19 a transformé notre compréhension du possible en termes de réponses collectives à un défi mondial, il est pratiquement impossible d’imaginer qu’un seul plan climatique puisse être adopté par les industries, les gouvernements et les communautés du monde entier.

Pour l’architecte, ce n’est pas une raison pour ne pas en lancer un. « Même lorsque vous élaborez un plan directeur pour un quartier, le projet est si vaste qu’il est impossible de l’appréhender au départ. Mais vous passez par des itérations lorsque vous le montrez, vous obtenez bon nombre de commentaires, puis vous le modifiez jusqu’à ce que toutes les cases soient cochées, Même si le projet semble si complexe et si vaste au début, on finit par y arriver », confie Ingels.

Peut-on en vouloir à un jeune architecte aussi brillant de penser en grand et d’agir ? Son « plan directeur », élaboré par zones géographiques, entend être un guide pour n’importe quel maire, ministre, concepteur ou autorité qui s’attelle à l’élaboration d’un projet. Il inclut également des innovations et propositions de mesures en faveur du climat. Il évoque par exemple la farine de pierre pour réactiver la capacité d’absorption de carbone des océans. Comment ? Vous ne voyez pas ?

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