Théâtre de Vidy

Après deux ans et demi de travaux de grande envergure, le Théâtre Vidy a dévoilé son nouvel écrin au public le 18 janvier dernier ! Avec une salle principale rénovée, désormais équipée d’une technique de scène des plus modernes et une capacité d’accueil du public augmentée, des espaces de travail améliorés, ainsi que l’ajout d’une nouvelle salle de répétition, le théâtre peut aujourd’hui répondre aux exigences d’une institution de référence à la hauteur de son rayonnement international. Les travaux ont également été l’occasion d’ajouter des toitures végétalisées et des panneaux solaires.

Dessiné par l’architecte Max Bill et construit à l’occasion de l’Exposition nationale suisse de 1964, le Théâtre de Vidy ne devait vivre que quelques mois. Près de soixante ans plus tard, il est non seulement toujours là, mais il s’est aussi construit une réputation internationale qui fait rayonner Lausanne sur la carte européenne de la culture. Le Théâtre de Vidy est devenu une institution.

Conçu pour être éphémère, le bâtiment a pourtant traversé le temps avec sa construction simple et rationnelle. Les façades d’origine – des panneaux cartonnés habillés d’une fine couche d’aluminium – et d’autres éléments trop fragiles pour durer ont été remplacés au fil du temps. Une campagne de rénovation avait notamment été lancée au milieu des années 90, mais aucune intervention majeure n’avait encore eu lieu.

Après plus d’un demi-siècle, le bâtiment souffrait d’une grave obsolescence technique, de soucis de sécurité et de carences d’usage et d’ergonomie. C’est donc un chantier de grande ampleur qui a été entrepris. Au cours des deux ans de travaux, la structure a été mise à nu et les façades entièrement refaites. Les installations de scène sont maintenant automatisées et à la pointe de la technologie. La capacité et la qualité de l’accueil ont été augmentées, les espaces de travail remis au goût du jour et une nouvelle salle de répétition a été créée.

Le public a ainsi découvert un théâtre rénové, modernisé et agrandi le 18 janvier dernier, jour de la réouverture. Avec désormais cinq salles, l’établissement (Théâtre de Vidy) voit sa jauge augmentée de près de 15% pour offrir environ 70 000 places par saison. La grande salle gagne en effet une cinquantaine de places supplémentaires pour atteindre 430 sièges. La réduction du temps de répétition dans les salles de spectacle, permet d’augmenter le nombre de représentations.

DEUS EX MACHINA

Les analyses effectuées ont mis en évidence la vétusté des équipements. La cage de scène de la salle principale – aujourd’hui rebaptisée Salle 64 – Charles Apothéloz – était encore composée d’un gril en bois, avec des passerelles sources de dangers importants pour le déplacement des techniciens ou la mise en place des circuits électriques. L’asymétrie de la cage de scène empêchait la présence d’une passerelle technique sur l’ensemble du périmètre, réduisant ainsi fortement l’espace et la lumière. Parallèlement, l’absence de motorisation du système des porteuses était source de contraintes très importantes. Le volume de la salle côté public était également extrêmement contraignant. La faible hauteur de plafond au fond de la salle était particulièrement gênante pour le public sur les derniers rangs du gradin, notamment sur le plan de l’acoustique et de la visibilité, de même que pour les techniciens qui avaient peu d’espace pour les régies techniques; souvent installées en salle, ces régies réduisaient la jauge d’une vingtaine de places. Par ailleurs, la salle n’était plus conforme sur le plan des installations techniques et de la sécurité.

« TECHNIQUES DE SCÈNE DES PLUS MODERNES »

Tenant compte de la forte valeur patrimoniale du lieu, le projet porté par Pont12 architectes SA est devisé à CHF 27 500 000.– . La salle 64 – Charles Apothéloz a entièrement été démontée et remise à neuf. Son volume est rehaussé et approfondi de 5 mètres, ce qui améliore le confort du public, permet d’intégrer des régies techniques ouvertes et augmente la jauge de 385 à 430 places. Le nouveau gradin se dote d’une courbe de visibilité retravaillée et de nouveaux fauteuils. Le nouveau plancher de scène en bois sur lambourdes (en partie détrappable) est maintenant parfaitement horizontal.

Élargie sur le côté (côté jardin), la cage de scène est à présent symétrique. Le nouveau gril à doubles trames métalliques, le faux gril intégrant des poutrelles roulantes et des chariots pour des moteurs de levage, ainsi que l’installation de perches motorisées et informatisées offrent aux techniciens un outil de travail formidable. Tous les réseaux électriques (courant fort et faible) notamment pour le son, la lumière et la vidéo sont neufs. Les travaux de la grande salle comprennent également l’installation d’un monte-charge, l’agrandissement de la porte d’accès au décor lointain, l’assainissement et le réaménagement des dessous de scène, ainsi que la mise aux normes des voies de fuite et de l’ensemble scène-salle (sécurité incendie, consolidation des structures).

L’enveloppe est mise à neuf, les panneaux de façade en acier inoxydable et le complexe de toiture sont mis aux normes énergétiques et acoustiques.

LA SALLE 23

Respectant l’esprit, la trame et la logique du projet de Max Bill, les architectes de Pont12 dessinent une extension côté est. La surface de cette nouvelle salle de répétition est équivalente au plateau de la salle 64. Pour le confort de travail, une fenêtre est ouverte en hauteur côté ouest. Une porte à l’ouest donne directement sur la «Cour des Arts», l’espace extérieur dessiné par le foyer, l’aile des ateliers et la nouvelle salle. Une porte à l’est permet d’introduire les décors. La salle accueille également une grande loge et un local de stockage.

La superficie de la salle est de 17,5 mètres par 20 mètres. Sur deux tiers de sa surface, elle bénéficie d’une hauteur de 10,50 mètres qui permet de répéter un spectacle avec la scénographie et la lumière jusqu’à une dizaine de jours avant la première. Le volume face à la scène (5 mètres de profondeur, 3 mètres de haut) correspond à l’espace de travail pour les équipes artistiques. Deux passerelles longitudinales, une passerelle fixe au lointain et une passerelle mobile motorisée, un gril technique fixe, un plancher de scène et des réseaux scéniques électriques pour le son, la lumière et la vidéo, permettent des répétitions dans les meilleures conditions.

L’enveloppe est habillée des mêmes panneaux en acier inoxydable que ceux de la salle 64. Le foyer, la petite salle 76 – La Passerelle, l’aile nord, l’aile sud ainsi que les aménagements extérieurs ont également bénéficié de travaux d’assainissement. (Théâtre de Vidy)

MAX BILL

Né à Winterthur en 1908 et mort en 1994 à Berlin, Max Bill est considéré comme une figure clé du mouvement Art concret zurichois. Sa création protéiforme lui a donné une envergure internationale. Peintre, graphiste, architecte, designer, théoricien et enseignant de l’art, Max Bill fut, au milieu du XXe siècle, l’exemple d’une version extrêmement moderne et intégrative de l’artiste universel. Prolifique et rapidement reconnu, il a non seulement été actif en Suisse et en Europe mais aussi outre-mer. Le Museo de Arte de São Paulo organisa sa première rétrospective en 1950 déjà et lui attribua le premier prix international de la Biennale d’art l’année suivante. Il a également été primé par la Triennale de Milan. Lors de l’Exposition nationale de Lausanne de 1964, Max Bill fut l’architecte en chef de la section Éduquer et créer. Le vaste pavillon dans lequel était intégré le Théâtre de Vidy, construit sur les rives du lac pour l’occasion fut presque entièrement démantelé. Seules la salle 64 Charles Apothéloz et une autre portion du pavillon ont été conservées.

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