Le dynamisme de la ville gruérienne ne se dément pas. Parmi les divers projets qui animent son centre, les trois immeubles qui composent Les Portes de Bulle vont au-delà de l’opération immobilière. Ils misent sur la durabilité grâce à un ensemble de choix ciblés qui vont de l’utilisation massive du bois à l’autoconsommation de l’énergie produite en toiture.
Les portes de Bulle – En un peu plus de 20 ans, la population des villes de Bulle et Tour-de-Trême a plus que doublé, passant d’environ 14000 habitants en 2000 à plus de 25000 aujourd’hui. Un développement unique en Suisse romande. Bien sûr, la création de l’autoroute (arrivée à Bulle en 1981), la fusion avec la Tour-de-Trême, ainsi que l’arrivée de plusieurs multinationales et autres entreprises ne sont pas étrangères à ce véritable boom démographique. Des quartiers entiers voient le jour, associés au développement de nombreuses infrastructures telles que la route de contournement, la création de divers établissements scolaires de tous niveaux ou encore de l’Hôpital de Riaz.
Alors que cet élan ne s’essouffle pas, nous nous concentrons ici sur un ensemble de trois immeubles pour lesquels concepteurs et promoteurs jouent un rôle de pionniers dans la construction durable.
Le projet des Portes de Bulle se trouve dans l’hypercentre de la ville, non loin de la gare et à deux pas de la Grand-Rue. C’est donc un ensemble urbain qui s’intègre au tissu bâti et s’inscrit dans un processus de densification et de modernisation déjà amorcé dans le secteur.
BOIS ET AUTOCONSOMMATION
L’îlot délimité par la Route de Riaz, la Rue de la Toula et la Route de la Sionge dessine un plan général en forme de cerf-volant. Les architectes imaginent un socle commun en béton qui permet d’unifier l’intervention et d’accompagner le dénivelé de la route. Au-dessus, ce sont trois volumes distincts qui se développent et s’élèvent de cinq niveaux sur rez-de-chaussée.
Le socle est entièrement dédié à des surfaces commerciales (900 m2). Un tea-room, une gérance immobilière et un pédiatre s’apprêtent à s’y installer. Le bâtiment A, celui le plus en amont sur la Route de Riaz, ainsi que le C à l’autre bout de la parcelle, sont identiques et offrent 14 appartements chacun. Le premier est voué à la location, tandis que le deuxième est vendu en PPE. Quant au bâtiment B, il propose des typologies légèrement différentes avec des surfaces administratives aux premier et deuxième étages (700 m2 de bureaux et un centre médical) et 12 appartements dans les niveaux supérieurs.
Le noyau central est en béton alors que tout le reste de la structure est en bois. Ce sont ainsi 1100 m3 de bois qui sont utilisés pour la construction, soit l’équivalent en tonnes de CO2 qui est ainsi stocké.
Les façades sont aussi en bois. A l’image de la structure, il s’agit d’éléments préfabriqués en atelier. Les modules sont complets et comprennent le panneau intérieur de finition, une ossature isolée (260 mm), un espace de ventilation naturelle et un parement en lames d’épicéa pré-grisé. Les fenêtres sont également prémontées en atelier. La mise en place de la structure et des façades sur le chantier avance ainsi au rythme soutenu d’un étage par semaine, soit un total de 15 semaines pour 3 bâtiments.
Le choix de la préfabrication offre de nombreux avantages. Il permet une réalisation au millimètre de la plus haute qualité, minimise le bruit et les nuisances sur le site, ne demande que peu d’espace de stockage sur le chantier et se révèle extrêmement rapide à l’exécution.
« AVANTAGES DE LA PRÉFABRICATION »
L’élément primaire des dalles est une structure bois, habillée d’un panneau bois apparent en couche inférieure et chargée de granulats calcaires pour assurer une bonne isolation phonique. Au-dessus, la chape ciment ajoute à l’inertie et reçoit le revêtement.
Tous les appartements sont équipés d’une ventilation contrôlée et d’un système de domotique connecté qui inclut la gestion énergétique, le contrôle de l’éclairage et des stores et moults autres services (sécurité, info, création d’ambiances, etc.). Le système génère aussi des rapports qui permettent à chaque ménage de suivre sa consommation afin d’accroître sa conscience énergétique.
Les toitures sont couvertes de 266 panneaux photovoltaïques dont la production est destinée à la consommation diurne propre aux bâtiments ; le surplus sera réinjecté au réseau. Le chauffage est alimenté par le réseau CAD de la ville. Le bilan énergétique des bâtiments est donc exemplaire. Des bornes électriques pour voitures sont également prévues.
Les travaux de démolition ont commencé à l’automne 2019 suivis des terrassements et travaux spéciaux (deux niveaux de sous-sol, parois parisiennes, etc.). Le gros-œuvre, ainsi que le montage de la structure bois et des façades ont occupé les dix premiers mois de l’année, laissant place aujourd’hui aux techniques et au second-œuvre qui s’activent sur le chantier. Les premiers habitants prendront possession de leur logement dès l’été.
Selon les mots du promoteur, l’objectif du projet est de démontrer que l’avenir de nos villes réside dans un immobilier durable et écoresponsable. Les techniques et le savoir-faire sont déjà omniprésents sur le marché et n’attendent que des choix responsables de la part des investisseurs. Ce projet immobilier est l’un des rares en Suisse romande à se vouloir novateur dans son intégralité (utilisation de ressources naturelles pour la construction, utilisation d’énergie durable grâce à l’installation solaire, la production d’électricité sur le site et le chauffage à distance au bois) et à inclure les habitants dans une société d’auto-consommation avec un contrôle précis et une minimisation de l’énergie consommée.
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