Le centre de Bulle est en mutation. L’ancienne gare n’existe plus. La nouvelle, 300 mètres plus loin, prend aujourd’hui forme et s’apprête à changer la dynamique du centre-ville. Le projet immobilier qui accompagne l’opération infrastructurelle a, lui aussi, toute son importance.
Si quelqu’un devait venir du passé et être propulsé aujourd’hui au centre de Bulle, sa surprise serait énorme. La cité gruérienne comptait une augmentation de population d’environ 3000 personnes entre 1980 et 2000, alors qu’elle en a attiré près de 10000 supplémentaires dans les deux décennies successives (1980: 7852 hab.; 2000: 11288 hab.; 2021: 20209). Suite à la fusion avec La Tour-de-Trême, la population dépasse ce jour les 25000 âmes. Les projections annoncent une hausse de 7000 habitants et de 4000 voyageurs de plus en gare de Bulle d’ici à 2030. Pour accompagner cette explosion démographique, la ville s’est dotée de nouveaux quartiers d’habitation, de nouvelles écoles et de multiples infrastructures. La route de contournement, les nouveaux bâtiments d’habitation, les implantations industrielles et les centres commerciaux qui entourent désormais la cité historique, donnent à la ville un visage résolument moderne.
Les TPF (Transports publics fribourgeois) mènent depuis quelques années un impor- tant programme de modernisation et de développement de leur réseau avec plusieurs projets d’envergure tant au niveau infrastructurel qu’immobilier. Le nouveau centre d’exploitation et de maintenance de Giviziez, ainsi que la transformation de la gare de Châtel-St- Denis en sont de bons exemples.
Si Bulle était historiquement une gare avec une part importante de trafic marchandises, c’est bel et bien le trafic voyageurs qui est aujourd’hui largement prépondérant.
Des exigences d’accès pour personnes à mobilité réduite (LHand) sont à la base du projet de transformation actuel. En effet, l’ancienne gare était inscrite dans une amorce de courbe qui, dans certains cas, peut rendre l’accès au train plus difficile. De plus, dans cette configuration, il n’était pas possibile d’allonger les quais. Ces premiers constats conduisent à une analyse complète de tout le plateau de la gare avec la définition d’un nouveau positionnement de celle-ci, 300 mètres en aval. L’optimisation des besoins techniques, la démolition de diverses petites halles et d’autres locaux de services, ainsi que l’exigence d’une valorisation foncière permettent également le développement d’un projet immobilier important.
NOUVEAU CENTRE-VILLE
La nouvelle gare débouche désormais au bout de la rue Albert Rieter. Une ancienne butte, aujourd’hui largement excavée, offre son espace à une nouvelle place de la Gare qui devient le pôle intermodal de la ville. C’est ici que sont regroupés la gare routière (6 quais de bus), les quais «mobul» pour les bus d’agglomération, une vélo-station de 300 places, ainsi qu’un parking souterrain de 274 places. Un centre commercial, un hôtel, des logements, des bureaux et une crèche définissent le programme immobilier qui fait front sur la place. Cet aménagement crée de fait une nouvelle dynamique et déplace le centre-ville un peu plus à l’ouest.
La nouvelle gare dispose désormais de quatre quais pour un total de sept voies. Les quais 1 et 2 sont en voie normale (1435 mm d’écartement), alors que les quais 3 et 4 sont en voie métrique (1000 mm d’écartement). Les deux premiers mesurent respectivement 235 mètres et 160 mètres de long, ce qui permet de stationner plusieurs grandes compositions durant la nuit, tout en conservant une voie de transit libre. Les quais 3 et 4 sont plus courts (120 mètres).
Les travaux ont eu lieu en plusieurs phases. Après l’excavation de la butte, ils se sont étendus sur les premières voies. Le passage a toujours été maintenu et sécurisé. Une fois les premiers quais réalisés, le trafic a pu être basculé afin de construire les deux autres. Une phase intermédiaire a imposé l’interruption du transit ferroviaire obligeant les voyageurs à effectuer un parcours à pied; les trains en provenance de Broc-Fabrique s’arrêtent à ce titre dans l’ancienne gare, ceux en provenance de Fribourg dans la nouvelle.
Le nouveau passage sous voies, large de 14 mètres, est doté de deux ascenseurs qui desservent les quais centraux (un troisième, situé dans le bâtiment, permet de rejoindre le quai 1). L’ancien passage inférieur est maintenu et servira de lien piétonnier entre les différents quartiers proches de la gare.
Les premiers travaux ont débuté en octobre 2019. Tous les quais seront en service dès le mois de juin, tandis que les travaux de finition et d’aménagement de la gare et de la place se prolongeront jusqu’en fin d’année. Le montant des travaux pour la partie infrastructure ferroviaire s’élève à 95 millions de francs. Environ 15 millions sont voués aux aménagements publics. Une voie verte pour la mobilité douce longe les voies jusqu’à la zone industrielle de Planchy.
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