Installé au cœur de Sion, le Campus Energypolis regroupe des bureaux, des laboratoires et des salles de cours de l’EPFL Valais, de la HES- SO et de la Fondation The Ark. Ensemble, ces partenaires répondent aux enjeux actuels majeurs dans les domaines de l’énergie, de la santé et de l’environnement grâce aux technologies de pointe. Les trois nouveaux bâtiments signalent avec force le développement du sud de la gare et dialoguent avec la vieille-ville.

La présidence de Patrick Aebischer a marqué une période de fort développement de l’EPFL (Energypolis). Entre 2000 et 2016, le nombre d’étudiants passe de 4900 à 11000 et l’ancienne école d’ingénieurs se transforme en véritable campus. Des bâtiments emblématiques tels que le Rolex Learning Center, les nouveaux immeubles du département d’architecture, le SwissTech Convention Center, ainsi que de nombreux logements, commerces et services sont inaugurés au cours de ces années. Cette expansion met aussi en évidence les limites du campus d’Ecublens et fait naître l’idée de la création d’antennes de l’EPFL dans les principales villes romandes. Genève, Neuchâtel, Fribourg, Sion et finalement même Bâle font désormais partie de ce vaste réseau.

L’histoire du Campus Energypolis à Sion débute en 2012 avec la signature de la Convention sur l’implantation du Pôle EPFL Valais Wallis entre le Canton du Valais et l’EPFL. Il y est notamment stipulé l’importance des collaborations entre l’EPFL et la HES-SO Valais-Wallis. Le Campus Energypolis rassemblera dans un même écosystème tout un ensemble de compétences afin de créer une chaîne de valeur complète allant de la recherche fondamentale à son application technologique et sa valorisation industrielle. Le premier coup de pioche est donné en 2013 avec la rénovation du bâtiment Industrie 17.

Il permet d’accueillir les premières chaires du Pôle EPFL Valais Wallis. En parallèle, la Clinique romande de réadaptation SuvaCare met à disposition des locaux pour les chercheurs de l’EPFL Valais Wallis actifs dans le domaine des neuroprothèses et de la réhabilitation motrice. En 2015, ce sont ainsi plus de 150 chercheurs dans les domaines clefs de la chimie verte et des nouvelles technologies énergétiques qui prennent leurs quartiers dans le bâtiment fraîchement rénové. Ils sont répartis en huit chaires et trois groupes de recherche. La Fondation The Ark ouvre également un espace pour accueillir les start-ups issues du Campus. L’idée est de réunir la recherche fondamentale, la recherche appliquée et l’économie réelle pour accélérer la transition entre le monde académique et le marché.

C’est en 2016 que démarre le chantier des bâtiments de la rue de l’Industrie 19, 21 et 23 sur lesquels nous nous concentrons ici.

UNITÉ MULTIPLE

Issu d’un concours, le projet signé Evequoz Ferreira Architectes fait le pari de décompo- ser le programme en trois grands volumes.

Bien que liés par le sous-sol, les bâtiments évitent l’effet barrière et participent au contraire à créer un lien nouveau entre le nord et le sud de la ville. Les quelque quatre mètres de différence de niveau entre la rue de l’Industrie et les voies de chemin de fer sont intégrés au projet. Si dans un futur – encore lointain – la gare cargo qui est désormais au cœur de la ville venait à être déplacée, elle pourrait laisser place à des parcs ou des espaces publics. Les bâtiments d’Energypolis dialoguent d’ores et déjà avec cette éventualité en s’ouvrant tant au sud qu’au nord. Entre ces immeubles, des escaliers font le lien et marquent les prémices de futures circulations.

Un sous-sol commun, essentiellement technique, relie les trois bâtiments. Le n° 19 accueille la HES-SO et quelques surfaces de l’EPFL. Laboratoires et salles de classe s’animent autour des thèmes liés aux systèmes industriels et technologies du vivant (chimie, biotech).

Au n° 21 sont regroupés les services centraux de la HES-SO, ainsi que le restaurant, tandis que le n° 23 est destiné au grand auditoire, aux services de la promotion économique du Valais ainsi qu’à un espace pour start-ups.

Les trois bâtiments ont des teintes et des volumes différents et leur implantation joue avec un certain décalage afin de libérer une surface centrale qui abrite la terrasse du restaurant et crée ainsi une nouvelle place publique.

La composition architecturale est marquée de strates horizontales. La grande hauteur du rez-de-chaussée assied et unifie l’ensemble tout en assurant le lien avec le niveau des quais. Au-dessus, des étages types permettent d’organiser bureaux et salles de classe. Le plan est divisé en quatre blocs de profondeurs différentes (6,40 mètres et 10,20 mètres) séparés par un couloir en Z de sorte que la grande profondeur passe du côté sud au côté nord d’un bout à l’autre du bâtiment. Cette articulation permet de créer une respiration centrale, lieu de rencontre, de coworking ou d’échanges informels. Elle offre aux surfaces intérieures un rythme intéressant et évite l’ennui d’un long couloir central. Les cloisons sont majori- tairement vitrées, parfois sérigraphiées, mais toujours très aériennes.

Quatre modules types composent la façade : le simple élément plein, le module ouvrant (système de chicane pour une ventilation naturelle), l’élément de réception de cloison et le module plus technique incluant des alimentations, des commandes ou des prises.

La trame constructive dalles/poteaux et la trame de façade (44 cm plein/88 cm vitré) offrent une grande flexibilité aux aménagements intérieurs et n’exclut pas de futures modifications de typologies.

Les laboratoires nécessitent d’importantes installations techniques. Ici, tous les réseaux sont volontairement laissés apparents. Là encore, les futures modifications sont facilitées. Dans les étages, quatre gaines regroupent les flux et permettent de libérer les plafonds de tout élément technique. L’ensemble est relié au chauffage à distance de la ville, la distribution chaud/froid se fait par dalles actives. Une grande partie des toitures est couverte de panneaux photovoltaïques dont la production est destinée à la consommation directe des bâtiments. Parmi eux, quelque 200 m2 sont à usage de la HES-SO qui, dans le cadre de ses recherches, les utilise pour développer des panneaux ou des concentrateurs.

Le chantier a connu son lot de défis. Après la démolition des anciennes structures artisano-industrielles préexistantes sur le site, c’est près d’une année de travaux préparatoires et spéciaux qui est nécessaire. Les grues et certaines interventions sont soumises à une autorisation de la tour de contrôle de l’aéroport de Sion; certains éléments se trouvent effectivement dans le cône d’approche de la piste. Au nord, les voies de CFF Cargo sont très proches de la limite de parcelle ; la création de la paroi de palplanches est ici soumise à un monitoring permanent d’un possible mouvement des voies. La nappe phréatique est relativement haute et très dense; le sous-sol est dans l’eau, le pompage est continu durant les travaux et l’étanchéité du sous-sol renforcée. Côté sud, la proximité du Rhône et l’éventualité d’une inondation imposent des mesures sécuritaires supplémentaires.

A terme, ce sont quelque 2000 personnes qui seront actives sur le site.

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