Stoppé net en mars 2020 et essuyant une perte de 14,4 milliards d’euros, le secteur des foires et des événements a subi un tremblement de terre qui l’oblige à entamer une profonde introspection. Alors que s’esquisse un certain retour aux manifestations en présentiel, les organisateurs du monde entier vivent leur an zéro.

Il y a d’abord le ballet des annulations, reports et reprogrammations. Samoter Vérone, Smopyc Saragosse et surtout, Intermat Paris, prévues initialement en mars et avril 2020, ont été les premières victimes de choix. Au niveau local, c’est la Baumaschinenmesse qui a fait en premier les frais de la crise sanitaire. Les mois passant, l’espoir des reports à moyen terme a laissé place aux annulations et au saut d’édition. Quelques événements en ligne ont tenté de maintenir le contact. Aujourd’hui, l’organisation et la communication reprennent avec un remaniement complet des concepts et des calendriers habituels. Certains regroupent divers salons pour donner de l’ampleur à la reprise, d’autres annoncent des dates pour 2023 voire 2024, ou cherchent encore des solutions. L’incertitude, l’évolution des mesures de protection et la nature imprévisible de la suite des événements ont de quoi en décourager plus d’un. Bien sûr, la plupart des spécialistes de l’événementiel pensent que les manifestations en présentiel reviendront à large échelle en 2022. Le récent succès de la Foire du Valais confirme leur prudente confiance. Un mix de virtuel et de présentiel, beaucoup plus d’interaction avec le public et un renouvellement des concepts traditionnels sont déjà observables. Les organisateurs ont acquis de nouvelles compétences qui les poussent vers une variété de formats et une hybridation des salons ou foires.

Les salons professionnels représentent-ils encore des rendez- vous incontournables? La question est vaste et discutée depuis longtemps. Paradoxalement, la crise traversée aujourd’hui pourrait se révéler bénéfique pour le secteur. Le vide actuel a mis en évidence l’importance de ces événements. Au-delà de l’aspect purement commercial – qui est relatif et indirect sur une foire – ce sont la fonction de vitrine ainsi que le côté festif qui sont relevés. L’image de l’entreprise, sa culture et son savoir-faire sont mis en valeur. L’appartenance à une entreprise et plus largement à un secteur est aussi un sentiment qui est renforcé lors des grandes manifestations publiques; c’est une force motivante non négligeable pour les collaborateurs.

Les salons professionnels participent également à une autre mission, celle de faire naître des vocations. Quel meilleur moyen pour le secteur de la construction que de participer à ces grands rendez-vous pour valoriser ses métiers et aviver l’intérêt de la jeunesse? Dans ce sens, la récente annulation de la Cité des métiers, le rendez-vous genevois de la formation, a mis en évidence un réel manque de courage de la part des autorités cantonales. Leur attitude flébile a été perçue comme un camouflet par les nombreuses sociétés qui s’étaient préparées avec détermination.

Il est temps que le fort engagement des entreprises romandes, qu’il s’agisse de transition énergétique, d’innovation, de rôle social et de formation professionnelle pour des milliers de jeunes, soit mieux reconnu et valorisé par les autorités. La révision de la loi sur les marchés publics va certes dans le bon sens. Les nou- veaux paradigmes qui la définissent tardent cependant à entrer dans les mentalités.