béton

Béton _ Cembureau, l’association européenne des fabricants de ciment, affiche son ambition d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Elle publie une feuille de route qui examine comment réduire les émissions de CO2 en agissant à chaque étape de la chaîne de valeur – clinker, ciment, béton, construction et (re)carbonatation – pour obtenir au final des émissions nettes nulles.

La feuille de route pour la neutralité carbone 2050 de Cembureau, intitulée «Cementing the Green Deal», présente les voies technologiques et d’innovation permettant d’atteindre des émissions nulles dans l’industrie du ciment. Ces pistes couvrent l’ensemble de la chaîne de valeur et évaluent le potentiel de réduction du CO2, tant dans la partie fabrication de l’activité (production de clinker et de ciment) que dans la production, l’utilisation et la fin de vie du produit final, le béton. Il s’agit d’un matériau de construction clé pour l’environnement bâti durable de demain grâce à sa durabilité, sa résistance, sa recyclabilité et son potentiel de carbonatation. La feuille de route propose des objectifs intermédiaires de réduction du CO2 de 30% (ciment) et 40% (sur l’ensemble de la chaîne de valeur) d’ici 2030.

La réalisation des objectifs de réduction du CO2 nécessite des investissements importants qui, à leur tour, sont conditionnés par un cadre réglementaire stable et facilitant qui garantit des projets d’investissement viables avec des retours sur investissement appropriés. Ce cadre réglementaire est essentiel, notamment pour l’absorption du carbone dans l’industrie (ciment, béton préfabriqué, béton prêt à l’emploi, adjuvants pour béton, granulats). Il s’effectue par deux voies principales : le captage, l’utilisation et le stockage du carbone (CCUS), puis l’absorption du carbone dans le béton.

ABSORPTION DU CARBONE PAR LE CCUS

Les deux tiers de ses émissions de CO2 étant liés au processus de fabrication (calcination du calcaire), l’industrie du ciment mise forte- ment sur le captage du carbone, qui représente 42% de ses efforts de réduction des émissions de CO2 d’ici à 2050. Le processus de captage et de stockage du carbone (CSC), qui rendra le ciment neutre en carbone, peut même devenir négatif en carbone lorsque les déchets de la biomasse sont utilisés comme combustibles de substitution. Un nombre important de pro- jetsdecaptage,destockageetd’utilisationdu carbone (CCUS) sont actuellement en cours de développement par l’industrie européenne. La viabilité de cette technologie dépend de la manière dont le CO2 capté est reconnu et

comptabilisé dans le cadre réglementaire. Compte tenu de la répartition géographique des fours à ciment en Europe, l’utilisation du CO2 est une voie essentielle à explorer pour le secteur.

« LE BILAN CARBONE PEUT MÊME DEVENIR NÉGATIF »

Comme le reconnaît la Commission européenne, l’UE aura encore besoin de carbone d’ici 2050 et au-delà, en tant que matière première pour produire des carburants synthétiques, des plastiques, des produits chimiques et des matériaux avancés durables. Le caractère durable de chacune de ces utilisations exige une comptabilisation correcte du CO2, ce que Cembureau ne conteste pas. La question centrale dans ce débat est de savoir où ce dernier sera comptabilisé.

béton

Selon l’association, il convient de le comptabiliser au moment où il est libéré dans l’atmosphère. Concrètement, lorsque l’installation de piégeage transfère le CO2 à un tiers en vue de son stockage permanent, de sa minéralisation ou de son utilisation dans d’autres produits, y compris les carburants synthétiques, il n’y a pas de rejet dans l’atmosphère au moment du piégeage. Par conséquent, l’installation de piégeage devrait être autorisée pour déduire le CO2 de ses émissions. En l’absence d’une règle claire stipulant cette déduction, l’investissement dans une installation de piégeage n’est tout simplement pas économiquement viable.

LE BÉTON COMME PUITS DE CARBONE

Le ciment est fabriqué en chauffant du calcaire à des températures très élevées (>1450 °C), ce qui permet de décomposer le calcaire en oxyde de calcium, l’ingrédient clé du ciment, et en dioxyde de carbone (CO2). Une partie du CO2 libéré lors de la fabrication est réabsorbée pendant la durée de vie d’une structure construite, ainsi qu’au moment de la démolition, lorsque le béton est exposé à l’air libre. Ce processus de réabsorption, qui est en fait l’inverse de ce qui se passe dans la fabrication du ciment, est un procédé naturel qui minéralise le mortier et le béton pour leur rendre leurs propriétés de pierre.

La carbonatation dans le secteur du ciment et du béton contribue à l’élimination du carbone par trois processus principaux : l’amélioration de l’absorption du carbone dans la production de ciment et de béton, naturellement tout au long de la durée de vie et en fin de vie de l’infrastructure du bâtiment.

Pour ce qui est de la phase de production, certaines matières premières alternatives entrant dans la production de ciment et le ciment lui-même pourraient être traitées avec du CO2 capté dans les cimenteries. Le même processus pourrait également s’appliquer à la production de béton prêt à l’emploi et pré- fabriqué. Le CO2 absorbé est ainsi capturé en permanence dans la structure minérale du nouveau ciment et du nouveau béton. En outre, le traitement au CO2 accélère la prise du béton et renforce sa résistance.

L’absorption de CO2 transforme l’environne- ment bâti en puits de carbone et cet effet de carbonisation naturelle a été reconnu dans le sixième rapport d’évaluation complet du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Il convient d’accorder une attention particulière à la reconnaissance du potentiel de carbonatation du mortier et du béton afin de l’inclure dans l’estimation des émissions négatives. Selon Cembureau, il est surtout essentiel que l’UE reconnaisse pleinement la carbonatation aux côtés des autres puits de carbone.

En fin de vie, le béton doit être réutilisé et/ou recyclé en granulats. À ce stade de sa vie, l’absorption du carbone peut être améliorée en le concassant et en l’exposant à l’air pendant un certain temps afin de maximiser la carbonatation. Enfin, certains producteurs s’efforcent aussi d’améliorer l’absorption du carbone dans les granulats recyclés pour réduire la teneur en CO2 du nouveau béton.

*********

www.chantiersmagazine.ch

machines.chantiers.ch

job.chantiers.ch