Bien connu de la population genevoise, le Centre d’imagerie médicale et de traitement Jean-Violette se dote d’une nouvelle IRM. Son installation est l’occasion d’une transformation architecturale et fait appel à une coordination technique singulière.
Ouvert en 1980 le Centre Jean-Violette réunit un centre d’imagerie médicale et un centre de traitement de la douleur. Proche des HUG, il appartient à des médecins radiologues indépendants parmi les plus réputés de la ville. Se développant sur 1500 m2, le centre a depuis quelque temps entrepris une rénovation par étapes de ses espaces et poursuit un programme continu de mise à niveau de ses équipements.
Au cours de l’été passé, l’une des deux IRM du centre a été envoyée en Allemagne auprès du fabricant pour un important upgrade générationnel. En parallèle, l’espace lui étant dédié a été transformé et mis au goût du jour.
Début octobre, Chantiers magazine a suivi le retour de l’IRM à son nouvel emplacement et nous avons découvert en compagnie d’Olivier Gallay, associé du bureau MAT Architecture Management, les exigences de ces projets techniques complexes. Après les travaux d’aménagement et les tests, la mise en service a eu lieu le 19 novembre dernier.
Quels sont les enjeux liés à ce genre de projet ?
Olivier Gallay: Ce qui est compliqué avec les IRM tient d’abord au poids de l’appareil. L’aimant seul pèse au minimum 4 tonnes et l’ensemble dépasse les à tonnes. Autour de l’IRM, il faut par ailleurs construire une cage de Faraday, avec une succession de plaques de métal et de cuivre. Le poids de celle- ci, selon le contexte, peut varier entre 7 et 14 tonnes.
L’ensemble d’une salle simple atteint environ 30 tonnes au minimum et se concentre sur une surface d’environ 30 m2. La plupart du temps, le bâtiment n’est pas prêt à recevoir ces charges et il faut donc procéder à des renforcements structurels. Dans le cas actuel, nous avons uniquement réalisé des renforcements par bandes de carbone dans un mur latéral dans lequel nous avons percé une ouverture. Nous avons réorganisé les espaces pour que la prise en charge des patients et le travail des opérateurs se déroulent de manière optimale.
Quelles sont les exigences en termes d’installations techniques ?
Une IRM demande une puissance électrique de 200 kW, l’équivalent d’environ 20 logements, ainsi qu’une puissance de froid de 100 kW, ce qui occupe beaucoup d’espace.
Pourquoi autant de froid ?
Pour que le champ magnétique crée un courant électrique en supraconduction, l’hélium dans lequel est enveloppé l’aimant doit rester dans son état liquide, ce qui signifie qu’il doit être maintenu à une température de -270 C°. Une fois activé, le mouvement est perpétuel, ce qui veut dire que la bobine tourne 24h/24, même lorsqu’il n’y a pas d’examens. En cas de panne de froid, la température monterait rapidement et l’hélium passerait à l’état gazeux avec un risque d’explosion; cet incident s’appelle un quench. En mesure de sécurité, il y a donc un « tube de quench », concrètement une canalisation sécurisée qui traverse le bâtiment jusqu’en toiture et qui permet d’évacuer le gaz sans mettre personne en danger.
Qu’en est-il des possibles nuisances, notamment dans un site comme celui-ci, au pied d’un immeuble de logements ?
Les questions électromagnétiques sont maîtrisées par le fonctionnement même de l’appareil ; aucun risque vers l’extérieur de ce côté-là. Il y a ensuite l’enjeu acoustique. Nous avons découpé la chape et placé plusieurs couches de Sylomer (un élastomère de polyuréthane) en guise d’amortisseurs. Les vibrations de l’IRM sont ainsi absorbées. L’appareil est lui-même posé sur une lourde plaque d’acier qui participe aussi à la réduction des nuisances. Le tout est suivi par un ingénieur acousticien.
Au-delà des contraintes techniques, quelle est la portée de votre intervention en tant qu’architectes ?
Nous sommes un bureau spécialisé dans ce genre de projets complexes où la technique joue un rôle prépondérant (centres d’imagerie, pharma, centres de chirurgie ambulatoire, etc.). L’architecte est le seul à avoir la vision globale et à pouvoir coordonner tous les intervenants. Nous menons aussi une réflexion sur le flux des patients, l’organisation des différents espaces tels que le nombre et la position des cabines, la proximité des toilettes, le positionnement des locaux techniques, le back office opérateurs, la salle de lecture des résultats, la salle des serveurs et le back office technique. Au-delà, l’habillage et l’aménagement restent sobres et fonctionnels tout en étant accueillants et rassurants pour les patients et ergonomiques pour les médecins, les opérateurs et autres collaborateurs du centre. (Centre Jean-Violette)