Rénovation – Conçus par Jean-Marc Lamunière et construits en 1964, les bâtiments des ateliers de reliure Myer & Soutter et des Imprimeries Réunies de Lausanne (IRL) sont un témoignage marquant de l’histoire industrielle de Renens. Une rénovation totale de l’enveloppe et des interventions ponctuelles à l’intérieur mettent aujourd’hui en valeur ce patrimoine.

Rénovation

Rénovation – Petit bourg agricole jusqu’à l’avant-guerre, Renens devient un centre industriel et voit sa population tripler entre 1945 et 1970. La gare de triage, les terrains vierges et la proximité avec Lausanne favorisent l’implantation de diverses usines d’envergure (TESA, Kodak, Eternit, IRIL, Maillefer, etc.). C’est en grande partie une population immigrée qui marque l’essor de la ville.

En 1961, les entreprises de reliure industrielle Myer & Soutter et des Imprimeries Réunies de Lausanne (IRL) décident de délocaliser leur production à Renens, en bordure des voies CFF. C’est dans ce cadre que l’architecte Jean-Marc Lamunière projette deux bâtiments, basés sur un même principe structurel et architectural. Ces édifices voient le jour entre 1962 et 1964. La construction rationnelle et rapide du concepteur témoigne de la frénésie de l’époque en lien également avec l’exposition nationale. Pour ces nombreuses qualités et parce qu’il marque un tournant dans l’œuvre de l’architecte, l’ensemble est aujourd’hui classé en note 3.

Une étude patrimoniale commandée par les monuments et sites et menée par le TSAM proposait au vu des ses qualités architecturales et son haut degré d’authenticité de lui attribuer la note 1.

Le principe structurel est basé sur un module de 190 cm, générant une trame dans le sens longitudinal et transversal du bâtiment. Des dalles préfabriquées sont portées par de grandes poutres qui reposent sur des montants visibles sur les façades à la manière d’un exosquelette. Une trame centrale de piliers, dans l’axe longitudinal de la construction, crée des noyaux structurels regroupant les fonctions de service, de circulation et de gaines techniques. Cette solution permet de libérer l’espace intérieur. Les façades vitrées translucides en Thermolux permettent à la lumière naturelle d’entrer jusqu’au centre des bâtiments, tout en évitant l’éblouissement du personnel qui y travaille. (Rénovation)

Les ateliers de reliure sont utilisés sans modification substantielle jusqu’à la faillite de l’entreprise en 2004, offrant ainsi un état de conservation exceptionnelle à l’immeuble industriel pour en faire un témoin historique précieux de son époque. Fermé et inoccupé durant près de dix ans, l’ensemble est racheté en 2017 par Procimmo Swiss Commercial Fund 56 dans le but d’y accueillir de nouvelles sociétés.

BACK TO THE FUTURE

La commune de Renens en accord avec le MO préconise une rénovation à l’identique de l’enveloppe. Si le bâtiment est globalement en bon état, une analyse détaillée met en évi- dence de nombreux points faibles et diverses dégradations.

La nouvelle affectation impose une mise à niveau technique et normative. Les questions énergétiques, de sécurité et de protection feu doivent être étudiées en détail pour notamment diviser les surfaces en une multitudes d’espaces.

L’objectif de la rénovation entreprise par le bureau lausannois Projet-co architectes est de conserver toute la structure apparente, de respecter la trame, les teintes et la matérialité originelles. Cette volonté esthétique doit trouver l’équilibre avec les impératifs d’isolation thermique et phonique.

C’est notamment le cas pour les cadres de fenêtre originellement très fins. Afin d’intégrer les nouveaux doubles vitrages et des parecloses plus performantes, les architectes travaillent sur la profondeur du profil, mais conservent les proportions visibles en façade. Les nouveaux cadres, les verres doubles et les nouveaux panneaux Thermolux offrent ainsi à la façade une performance thermique augmentée de plus de 200% par rapport à l’ancienne, sans ôter un millimètre à la finesse de son dessin d’origine.

Les choix de couleurs, résultat d’un relevé stratigraphique, et le détail des nouvelles façades sont validés par la Commission des Monuments et des Sites. Une finition «peau d’orange», déjà présente sur les verres d’origine, a été maintenue à la surface des Thermolux. Ce choix évite les reflets et les éblouissements vers l’extérieur et distille une magnifique lumière diffuse à l’intérieur.

Outre l’enveloppe, le projet actuel, réalisé entre 2019 et 2021, permet une mise à jour technique indispensable. Des panneaux photovoltaïques sont installés en toiture. Le bâtiment est relié au CAD et des panneaux rayonnants assurent le rafraîchissement dans les bureaux. Une chape isolée couvre désormais les dalles d’étage, elle garantit le confort phonique nécessaire à la nouvelle affectation. La lecture structurelle de l’intérieur de l’édifice n’en est pourtant pas affectée. En effet, la chape marque un élégant retrait par rapport au dallage ancien. (Rénovation)

Une croix de St-André est ajoutée à chaque étage afin de répondre aux exigences parasismiques.

Le sous-sol a été isolé et tous les garde-corps ajustés afin de répondre aux normes de sécurité actuelles. L’entrée côté ouest a complètement été redessinée. Elle permet désormais un accès de plain-pied pour les personnes à mobilité réduite. Chaque nouvelle intervention se distingue des éléments d’origine conservés. Le tout est néanmoins conçu dans le respect du projet de Jean-Marc Lamunière, en totale cohérence avec la trame constructive et le choix des matériaux et finitions.

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