Un petit immeuble situé dans une arrière cour abritait des dépôts et quelques locaux. Grâce à une spectaculaire surélévation, il est transformé en bâtiment multifonctions accueillant des bureaux, un appart-hôtel de trente-et-un logements ainsi que  trois appartements voués à la location. De plus, la redécouverte d’un sous-sol en pierres naturelles permet l’aménagement d’une cave à vin surprenante.

La résidence « Petite Cour » a pour principale vocation l’accueil d’une clientèle d’affaires, de loisirs ou en formation sur Genève. Les trente-et-un logements s’articulent sur cinq niveaux autour d’un atrium central.

La société Cotfer SA est spécialisée dans la création de souvenirs suisses depuis plus de 90 ans. Elle possède un petit bâtiment à deux pas de la gare Cornavin dans lequel sont aménagés des bureaux ainsi qu’un dépôt. Esquissée en 2012 déjà, l’idée d’un agrandissement prend aujourd’hui forme par la définition d’un programme riche et complémentaire. Ce sont sept étages qui sont ajoutés au bâtiment existant et des fonctions diverses qui se côtoient: bureaux, dépôts, hôtel, logements et cave à vin.

L’opération immobilière se teinte d’une forte identité. Les propriétaires des lieux ne sont autres que Patricia Cottier Pellegrin, à la tête de Cotfer SA ainsi que son époux, Jean-Pierre Pellegrin du domaine Grand’Cour, figure emblématique des vins genevois. L’univers œnologique et la Swiss Touch se sont imposés pour donner un fil conducteur à la composition et une unité architecturale à l’ensemble. Le projet est piloté par le bureau GM Architectes Associés (GMAA).

Au sous-sol, les belles caves voûtées en pierres naturelles constituent l’écrin idéal pour stocker le vin du domaine Grand ’Cour/JP Pellegrin et organiser des dégustations et évènements. Proposé à la location, l’espace mesure près de 360 m2.

 » programme riche et complémentaire »

La parcelle de 984 m2 est nichée dans une cour intérieure, longée par les voies CFF et coupée de la route par le premier front de bâtiments : une position aux contraintes multiples que les architectes ont su gérer à l’avantage du projet. La cour n’offre pas d’ouvertures sur la rue ; elle assure une agréable tranquillité aux hôtes et la création d’un grand puits de lumière ajoute à l’ambiance intimiste. Les anciennes caves voûtées sont un défi structurel ; un système désolidarisé assure la statique et leur aménagement crée un cadre parfait pour la conservation du vin et pour l’organisation de dégustations. Des centaines de trains courent chaque jour aux pieds du bâtiment ; la double peau phonique devient un élément signalétique et visuel fort. Ce sont là les ingrédients d’une opération privée originale menée avec doigté.

Histoire en strates

En 1850, date de construction du bâtiment originel, le quartier des Pâquis, à l’extérieur des murailles de la ville, n’est encore essentiellement qu’un vaste verger ponctué de quelques édifices. La gare de Cornavin, par exemple, n’existe pas encore; elle sera inaugurée en 1858. Le bâtiment abrite alors une brasserie et les caves voûtées en sont un magnifique témoignage.

Au fil du temps, des transformations et des affectations diverses, les caves perdent leur usage de dépôt et sont même comblées de terre et condamnées. Aucun document attestant leur existence n’est parvenu jusqu’à nous, mais la mémoire orale de

la famille gardait quelques souvenirs. Quelques sondages ont confirmé leur présence et la mise à jour de ce volume est l’un des moments forts de la transformation actuelle. Briques et crépis sont globalement en bon état. Seuls de petites réparations, des renforcements ponctuels et des travaux de nettoyages sont nécessaires. Des puits d’époque ont été également redécouverts; fermés par une plaque de verre et mis en lumière ils offrent une touche supplémentaire au lieu.

La surélévation trouve appuis sur un nouveau système statique. Les anciens murs et les voûtes sont, pour ainsi dire, insérées et protégées par une boîte en béton. La création de celle-ci requiert le forage de pieux en béton

s’enfonçant de dix mètres dans l’interstice entre le mur des caves et le grand mur CFF présent à l’arrière du bâtiment. Des sommiers/ponts précontraints d’une protée de 8,50 mètres dessinent une trame quadrillée de 5×5 mètres. Micropieux et poutres font si que les charges de la surélévation épargnent les voûtes.

Entre 1925 et 1930, c’est une petite bâtisse (rez+1) à usage de dépôt qui est construite. Quelques éléments en sont conservés et aujourd’hui intégré à la nouvelle construction. Les deux premiers niveaux de celle-ci forment un large socle et distribuent les différents accès. Ils abritent les locaux de la société Cotfer SA (dépôt et bureaux) qui ont été réorganisés et agrandis. Au-dessus, sept nouveaux étages constituent le corps principal. Les nouveaux étages totalisant près de 1’740 m2 utiles.

L’atrium central, orné d’un lustre monumental, articule les surfaces entre le 2ème et le 6ème étage. L’habillage de briquettes de parement et l’enduit minéral apposé sur les murs viennent renforcer le sentiment de rappel avec l’extérieur. C’est ici que les 31 unités de l’appart-hôtel trouvent place. La résidence a pour principale vocation l’accueil d’une clientèle d’affaires, de loisirs ou en formation sur Genève. Les logements meublés vont du simple studio au 3 pièces, de 27m2 à 60m2 habitables, et chacun d’eux bénéficie d’une typologie et d’une décoration unique. Aux 7ème et 8ème étages, trois appartements de 3, 4 et 5 pièces sont proposés à la location. L’appartement en attique possède une grande terrasse panoramique avec vue sur la rade.

Les tonalités choisies évoquent la terre et la vigne. La façade côté cour est en briques pleines clinker cuites à haute température à partir de variétés d’argiles spéciales. Plus résistantes au gel et à l’humidité, elles possèdent des caractéristiques statiques plus élevées. Les nuances des briques sont de couleur « terre » évoluant entre le beige, le taupe et le gris. La façade est également ponctuée de quelques briques englobées d’émail en trois nuances d’un rouge soutenu, toujours en référence à l’univers du vin.

La façade du côté des voies ferrées a bénéficié d’un traitement différent. Des éléments en verre émaillé disposés en écailles de différentes longueurs et aux multiples nuances de rouge viennent habiller cette façade en seconde peau, lui conférant un fort impact. Son rôle premier est celui d’atténuer les nuisances acoustiques de la voie de chemin de fer. Pour cette même raison, les ouvertures sont équipées de triples vitrages feuilletés et de serrureries phoniques à double joint.

L’immeuble répond aux standards du label Minergie. Il est équipé d’une chaudière à gaz, d’une ventilation double-flux et de panneaux solaires en toiture (tubes sous-vide). Cette réalisation est un exemple intéressant d’une densification intelligente.

Principaux intervenants Maître d’ouvrage

Patricia Cottier Pellegrin, Cotfer SA, Genève

Architectes

GM Architectes Associés, Genève

Ingénieurs civils

AB Ingénieurs Civils SA, Lausanne

Terrassement

Piasio SA, Crissier

Travaux spéciaux, micropieux

Implenia Suisse SA, Onex

Béton-armé

Maulini SA, Satigny