L’enquête trimestrielle de la Société Suisse des Entrepreneurs (SSE) et de l’indice de la construction, publiée conjointement par le Credit Suisse et la SSE fin novembre est réjouissante. Au troisième trimestre 2019, le chiffre d’affaires du secteur principal de la construction s’élève à 6,1 milliards de francs. Il s’agit du meilleur chiffre d’affaires trimestriel depuis 30 ans. Pour l’ensemble de l’exercice, le chiffre d’affaires pourrait dépasser la barre des 20 milliards de francs, poussé par une forte croissance dans le segment de la construction de logements. Les analystes misent sur un léger repli pour les prochains trimestres sur cette position et sur une bonne stabilité, voire même une croissance, pour le génie civil. Si quelques blocages et autres recours retardent la mise en œuvre de plusieurs projets importants dans ce secteur, les spécialistes pointent du doigt un autre facteur de ralentissement: le manque de main-d’œuvre qualifiée auprès des bureaux d’études et des maîtres d’ouvrages publics dans la conception de projets.

Notre époque est marquée par la technologie, une technologie si simple à posséder et à utiliser qu’elle donne l’illusion qu’effleurer un écran puisse ouvrir toutes les portes. De l’autre côté, l’ouverture internationale des marchés rend la compétition commerciale encore plus difficile. Attirer les jeunes vers des professions techniques, dans des bureaux ou sur des chantiers, est le défi de tout notre secteur. La construction a bien sûr de nombreux atouts à faire valoir et, malgré l’image que d’aucuns veulent lui donner, est un domaine riche de connaissances, passionnant au quotidien et exigeant.

C’est peut-être ce dernier point, l’exigence, qui en freine certains, hyper-protégés, quasi handicapés par le bien-être et le confort, tellement habitués qu’ils sont à recevoir gratuitement, qu’ils s’en retrouvent tout retournés au moment de fournir un effort physique ou intellectuel soutenu. Pascal Foschia, Directeur de la formation au sein de la Fédération vaudoise des entrepreneurs, invité par nos confrères de 24Heures, revenait il y a quelque temps sur la question récurrente des notes à l’école. «Les évaluations déclenchent-elles une pression difficilement supportable pour l’élève? À l’inverse de ce que d’aucuns affirment, explique-t-il, il est probable qu’une diminution de ce type d’exercices puisse aussi contribuer à augmenter l’anxiété et le stress des élèves, ultérieurement. Le fait d’éviter, de rectifier, voire de supprimer des épreuves pourrait avoir pour conséquence de rendre ces derniers d’autant plus vulnérables pour la suite de leur parcours. Bon nombre d’employeurs d’apprentis, poursuit-il, notent aujourd’hui une grande fragilité des élèves à la sortie de l’école obligatoire et la perception parfois peu claire qu’ils ont de l’environnement professionnel dans lequel ils se sont engagés. Surtout, le fort taux de rupture de contrats d’apprentissage durant les six premiers mois de formation force à un constat d’échec des plus préoccupants. »

Les examens ne finissent jamais, comme nous le rappelait le dramaturge Eduardo De Filippo dans sa célèbre pièce éponyme. Plutôt que d’abaisser les attentes sans doute vaut-il mieux investir dans la qualité de l’enseignement dès les premières années d’école. Chaque enfant ou jeune peut bien sûr avoir des difficultés à un certain moment de son parcours. Personne ne doit être laissé sur le côté mais aidé à surmonter son mal de test et ainsi être prêt à affron- ter les défis de la vie professionnelle.