Le 21 janvier dernier, Jacqueline De Quattro, cheffe du Département du territoire et de l’environnement du Canton de Vaud a présenté, les nouveaux locaux du Service du développement territorial. Au-delà du concept architectural – une surélévation réalisée en modules préfabriqués à base de bois local – l’intérêt tient à la flexibilisation du cadre de travail. En effet, il n’y a ici pratiquement plus aucun bureau attribué, les employés qui viennent travailler s’installent là où il y a des places libres; un modèle déjà éprouvé dans des sociétés telles que Google mais pas encore dans l’administration publique. Autre fait notoire, les collaborateurs du Service pourront passer jusqu’à 50% de leur temps de travail où ils le souhaitent; bref un accès facilité, une réelle incitation même, au télétravail. Les motivations annoncées sont diverses: l’égalité hommes-femmes (éviter que les femmes ne doivent arrêter ou réduire leur temps de travail, permettre aux hommes d’être présents à la maison lors des départs ou retours de l’école des enfants, etc.) et également éviter les pics de trafic aux heures de pointe.

Ce type d’organisation va sans doute se banaliser avec le temps sans pour autant se généraliser. De nombreuses études ont déjà été réalisées sur le sujet, notamment en relation avec l’évolution des modes de déplacement ou l’impact, présumé ou réel, sur l’utilisation des surfaces, la qualité de l’air dans les villes ou le niveau de congestion de la circulation routière. Dans le cas lausannois cité plus haut et par rapport à un aménagement traditionnel, c’est 15% de surface qui a été économisée. L’impact sur le trafic du centre ville n’est quant à lui pas encore mesuré …

Quelques semaines plus tôt, au tout début de l’année, et selon des informations tirées d’un message du gouvernement adressé au Parlement, le Conseil fédéral aurait en projet d’améliorer la capacité autoroutière de la Suisse avec des artères à six voies sur de longues distances. Selon le programme présenté, les routes nationales «à l’intérieur et entre» les grandes villes devraient être «systématiquement étendues à au moins deux fois trois voies». Concrètement, le plan vise le développement de l’autoroute reliant Zurich-Berne-Bâle ainsi que l’artère entre Lausanne et Genève. Le futur réseau autoroutier comprendrait également de nouvelles lignes. Par exemple, la Confédération envisage de transformer les autoroutes autour de Genève, Lausanne et Bâle en un «système en anneau».

Levée de bouclier des verts brandissant le paradoxe de Braess (plus on ajoute de routes plus il y aura de voitures), applaudissement des milieux économiques (à qui les embouteillages font perdre du temps et de l’argent chaque jour) et scepticisme des autres (tiraillés entre les enjeux climatiques, les budgets à engager et l’évidence de devoir faire quelque chose pour fluidifier le trafic).

Evidemment, la réponse au défi multiple de la densification urbaine, de l’évolution des modes de travail, de la mobilité croissante ou de la préservation de l’environnement ne peut être réduite à une négation de tout projet routier. Si un certain idéal imagine la généralisation des déplacements en transports publics, il est clair que la mobilité individuelle a encore de beaux jours devant elle. Nous avons besoins de routes plus sûres et plus efficientes, des routes intelligentes et connectées, un réseau de transports publics plus dense et abordable  et des solutions multimodales réellement efficaces. Tout est à développer! En politique comme sur la route, il est essentiel d’éviter les sens uniques.