« Les disciplines regroupées dans la faculté sont appelées à trouver des solutions au défi le plus important de notre temps: garantir un cadre de vie durable à l’humanité par une intégration réussie des activités humaines au sein de la biosphère ». C’est ainsi que se présente sur son site la faculté ENAC (Environnement Naturel, Architectural et Construit) de l’EPFL. Vaste programme et extraordinaire mission qui est confiée aux futurs architectes et ingénieurs qui se forment à Dorigny. Celle qui est née comme école d’ingénieur en 1853, fête cette année le 50ème anniversaire de sont passage au statut fédéral. Dans ces quelques mots d’introduction est perceptible l’incroyable évolution qu’a connu l’école et la transformation des attentes tant des jeunes qui entreprennent de telles études que de la société en général à leur encontre. On ne parle plus de génie civil, d’architecture ou d’urbanisme. On ne parle plus de construire des immeubles, des ponts ou des tunnels. Les thèmes sont la durabilité au sein de la biosphère! Dans un monde à la conscience globalisée, la préoccupation de ces futurs super-spécialistes ne peut se limiter à un objet. Les connaissances (et les facultés) sont décloisonnées, l’enseignement est transversal. Le génie civil, l’un des noyaux historique de l’école, a depuis longtemps perdu sa place de moteur de l’EPFL. Les sciences de la vie, les TIC (technologies de l’information et de la communication) ou les questions liées à l’énergie ont pris une place prépondérante. Le monde la construction, dans son sens le plus large, vit pourtant un moment crucial et fort motivant.

Avec quelques années de retard par rapport à d’autres secteurs l’innovation et la transformation digitale arrivent aujourd’hui avec force dans la construction. Le terme ConstrucTech – en écho aux FinTech, MedTech ou EdTech déjà connus – est en passe de devenir usuel. Il suffit d’observer les grands groupes ou les salons internationaux pour rendre compte d’une accélération frappante des innovations dans la construction. Les Majors de la construction mondiale dont plusieurs sont nées en France et sont largement actives aussi chez nous, misent avec décision sur les nouvelles technologies. Aujourd’hui l’intelligence artificielle ouvre de nouvelles voies notamment dans la gestion de projets. Les avancées technologiques et les innovations touchent de nombreux domaines (sécurité, productivité, développement durable, … ) et méritent d’être connues. L’émergence d’un cercle vertueux dans lequel les acteurs collaborent dans un intérêt commun est d’ores et déjà perceptible sur certains chantiers romands.

Une récente étude menée par l’agence parisienne de PriceWaterhouseCooper centrée sur les grandes sociétés telles que Bouygues, Vinci ou Eiffage témoigne de l’immense intérêt que portent ces acteurs majeurs du marché sur des innovations technologiques qui puissent porter à de nouvelles solutions en terme de sécurité, de productivité, d’expérience utilisateur, de développement durable et de ville connectée. Des centaines de startups participent à l’éclosion d’un véritable écosystème formidablement dynamique. Aucune, à notre connaissance, n’est pour l’heure issue de l’EPFL.

 

A l’heure où le Poly lausannois se replonge dans son histoire, souhaitons que l’école puisse donner une nouvelle impulsion à l’ENAC qui se porte certes plutôt bien en termes de nombres d’étudiants, mais, trop théorique ou peut-être trop centrée sur les questions énergétiques et environnementales, s’est distancée de la réalité du chantier. La formation d’architectes et d’ingénieurs de terrain ne peut être totalement reléguée aux Hautes Ecoles ou, indirectement, aux écoles étrangères. La vraie durabilité et avec elle l’innovation, ne peuvent naître qu’en lien direct avec la pratique.