Le Roi est nu. Comme dans le compte d’Andresen, il aura fallu qu’une enfant ose parler pour révéler au monde entier une évidence qui était sous les yeux de tous. Greta Thunberg, avec son enfantine obstination, a mis le monde face à la réalité: il n’y a plus de temps à perdre pour sauver notre planète du réchauffement global et tenter de donner un futur aux prochaines générations. La grève pour le climat du 15 mars dernier a eu une ampleur sans précédents. Le site fridaysforfuture.org qui coordonne le mouvement, recence 2052 manifestations distinctes, dans plus de 120 pays. Les chiffres, forcément aproximatifs, nous disent qu’entre un milion et demi et deux millions de jeunes (et moins jeunes) ont défilé dans les rues ce jour là. En Suisse, quelque 70’000 personnes ont répondu à l’appel. Motivés par l’exemple de Greta, ils sont prêts à recommencer, à demander « aux grands » – politiques, puissants et adultes en général – de réduire les émissions à effet de serre et prendre des mesures vraiment concrètes pour stopper le réchauffement climatique. Des scientifiques se sont également mobilisés. Environ 12’000 d’entre eux, actifs en Allemagne, en Autriche et en Suisse ont publié une déclaration de soutien à cette grêve des étudiants pour le climat. « Ce n’est qu’en agissant rapidement, disent-ils, et de manière cohérente que nous pourrons limiter le réchauffement climatique, mettre un terme à l’extinction massive des espèces animales et végétales, préserver les bases naturelles de la vie et créer un avenir digne d’être vécu pour les générations présentes et futures. C’est exactement ce que les jeunes des grèves du climat (« Fridays for Future ») veulent réaliser. Ils méritent notre respect et notre plein appui. »

Une fois n’est pas coutume, le monde de la construction si souvent pointé du doigt, a été récemment salué pour l’impulsion qu’il a su donner. Lors de la Journée Infra, qui s’est tenue en février à l’EPFL et dont le sujet était la révision de la loi sur les marchés publics (voir p. 28), Marc Steiner, juge au Tribunal administratif fédéral a clamer haut et fort que l’évolution vers une vision plus durable au sein des administrations est due en grande partie à la volonté et à l’innovation provenant du secteur de la construction. Les critères d’évaluation adoptés pour les adjudications des marchés publics deviennent ainsi le reflet de l’évolution de nos sociétés et des attentes des citoyens envers l’Etat. Donner du travail aux entreprises de sa propre région, tel était le crédo des années quatre-vingt. S’assurer de bénéficier des prix les plus compétitifs lorsque l’Etat construit, achète ou fait appel à un service; des années nonante à aujourd’hui c’est l’économie de deniers publics qui domine tous les débats. La nouvelle vision se veut plus mature et plus sereine. La qualité, la durabilité, l’innovation, tels sont désormais les mots clés. Les entreprises qui ont investi dans la qualité et l’innovation reçoivent là une forme de reconnaissance.

La nouvelle loi doit encore recevoir l’aval du Conseil des Etats. Après ça, il faudra encore du temps pour affiner les évaluations ainsi que les modes d’application et, surtout, pour faire évoluer les mentalités au sein de certaines administrations. Tout miser sur l’offre la moins chère n’était pas la meilleure solution. Le Roi est nu!