Apprentissage _En vieille-ville de Genève, exactement au n° 34 de la Grand-Rue, un blason orne la façade d’un immeuble historique. Deux anges, une lune, des étoiles et cette devise chère à l’esprit calviniste: Labor omnia vincit improbus traduit habituellement par «un travail acharné vient à bout de tout». Une ode au travail, à la vertu du dur labeur et à l’endurance face à l’adversité.

Lorsque Virgile écrit le poème duquel est tirée cette locution, il prône un retour au travail de la terre. L’empire romain sort alors d’une longue période de batailles et l’Italie même est ravagée par des années de guerre civile. Les Romains aspirant à la paix sont invités par Auguste, soucieux de remettre l’agriculture à l’honneur, à retrouver le goût du travail et la simplicité des mœurs de leurs ancêtres paysans.

L’apprentissage mérite d’être valorisé

Actuellement, seuls 19,8% de jeunes Romands choisissent de se lancer directement dans une formation professionnelle à la fin de l’école obligatoire, soit un jeune sur 5 qui débute un apprentissage. Ils seront pourtant plus du double à rejoindre ensuite cette voie, ce qui démontre un important potentiel d’amélioration de l’orientation professionnelle lors de ce premier choix. Il serait pourtant plus efficient et valorisant de se décider d’entrée pour un apprentissage et de construire sur un succès la suite de ses études ou de son parcours, plutôt que d’entreprendre une formation générale initiale, puis de se réorienter vers la formation professionnelle à la suite d’un échec ou d’un changement d’orientation. L’apprentissage mérite d’être valorisé.

Métiers du bâtiment: apprentis en baisse constante

Pour ce qui est des métiers du bâtiment, la situation est encore plus alarmante. Le nombre d’apprentis enregistre une baisse constante. On dénombrait par exemple 3303 apprentis maçons en 2010 en Suisse, ils ne sont plus que 1987 en 2022. Pratiquement un recul de 40% en moins de 12 ans!

Sociétés de branche et fédérations s’activent pour faire connaître les professions qu’elles représentent. Posts et Reels sur Instagram, brèves vidéos sur Tiktok, les stratégies se multiplient pour parler aux jeunes et faire naître les vocations.

Un décalage semble toutefois persister entre les attentes des patrons et des futurs apprentis. La vision concrète et (parfois) rétrograde des uns, se heurte aux aspirations des autres. On dit de la génération prête à entrer en apprentissage qu’elle est d’abord en quête de sens, qu’elle préfère la qualité de vie au prestige d’une carrière, qu’elle a besoin d’encadrement autant que d’autonomie.

Comment rendre plus attractif l’apprentissage?

  • Un apprenti peut-il travailler à temps partiel?

Et pourquoi pas ! Si son temps libre supplémentaire est dédié à un projet ou une passion, cet aménagement de temps inhabituel à ce jour pourrait être un facteur attractif supplémentaire et un élément de grande motivation.

  • Un apprenti peut-il faire une partie de sa formation dans une autre région linguistique, voire même à l’étranger?

Là encore, la création d’un réseau d’entreprises partenaires chapeauté par les fédérations, la mise en place de mesures incitatives, ainsi qu’une certaine créativité autour de l’aménagement du poste d’apprenti peuvent grandement augmenter l’attractivité de nos professions.

Bien qu’ils ne rechignent pas à la tâche et apprécient le confort financier, ne parler à nos jeunes que d’effort, de travail, de pelle, de pioche et d’argent équivaudrait à s’adresser à eux en latin.

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