L’extension de l’Unithèque, la bibliothèque de l’Université de Lausanne, touche un bâtiment emblématique. La « Banane », comme on la surnomme affectueusement depuis des décennies, verra bientôt sa surface doublée. Équipements et services seront également potentialisés et modernisés.

Unithèque – Construite en 1983 à Dorigny et épousant de sa courbe la pente naturelle du terrain qui décline avec douceur face au lac, la bibliothèque de l’UNIL n’a pas mis longtemps à devenir l’emblème du campus lausannois. Lieu de travail, de convergence et d’échanges par excellence, l’ Unithèque – son nom officiel – est insérée dans un cadre naturel bucolique à couper le souffle. Les cafétérias et le restaurant qu’elle abrite figurent parmi les lieux les plus appréciés du campus.

En 1993, la création et le succès de la radio universitaire Fréquence Banane ajoute à la popularité du bâtiment.

 

Aujourd’hui, à 40 ans de son inauguration, la bibliothèque bénéficie d’une extension qui double sa surface, améliore sa capacité d’accueil, clarifie les accès et la circulation dans le bâtiment et offre de précieux espaces de stockage supplémentaires. En novembre 2015, le jury du concours d’architecture a désigné à l’unanimité le projet «Abaka» des architectes lausannois Fruehauf, Henry & Viladoms pour compléter le bâtiment d’origine conçu par l’architecte Guido Cocchi. Le Grand Conseil a adopté en septembre 2019 un crédit d’ouvrage de CHF 54,7 millions, auquel s’ajoute un crédit d’étude plus ancien de CHF 7,2 millions pour une participation totale de l’État de Vaud de CHF 61,9 millions. La subvention fédérale aux investissements universitaires atteint CHF 17,6 millions sur un budget global d’investissement de CHF 79,5 millions. Ce montant comprend la réalisation de l’extension, ainsi que la modernisation des équipements du bâtiment existant. Le chantier s’est ouvert au printemps 2021 et la mise en service est fixée au printemps 2025.

Cette réalisation est particulièrement complexe, notamment en raison du maintien de l’ouverture permanente de la bibliothèque universitaire (Unithèque) et de la nécessité de garantir l’offre de restauration durant les travaux.

UNITHÈQUE: LUMIÈRE INTÉRIEURE

Avec respect et finesse, les architectes placent l’extension à l’arrière de l’existant. Le nouveau corps de bâtiment épouse la forme de l’ancien et l’amplifie. Il est pratiquement invisible depuis l’esplanade sud; seule une couronne de béton dépasse le bâtiment d’origine en hauteur, alors que l’extension est majoritairement encaissée dans le terrain. Pourtant, la bibliothèque sera deux fois plus grande, soit une augmentation de 50% pour une surface utile de plus 30 000 m2 (Unithèque).

L’intervention actuelle se distingue toutefois par la création d’un grand volume vertical, sorte de périscope marquant l’entrée principale et laissant pénétrer la lumière naturelle sur le grand escalier et jusqu’au cœur de l’extension. Ce geste accentuera la visibilité de l’Unithèque et renforcera son ancrage territorial. Le nouveau dispositif d’accès, véritable colonne vertébrale du projet, traverse le bâtiment existant de part en part pour mener directement à la grande salle de lecture. Ce nouvel axe offre la première impression au visiteur et concentre les services de gestion des livres, les prêts, les retours automatiques et les informations. Il structure également la hiérarchie des espaces, dirige aisément le visiteur vers les services, les salles de conférence, l’administration et le restaurant.

La grande salle de lecture est le nouveau cœur de la bibliothèque, l’espace de référence qui fait cruellement défaut dans le bâtiment existant. Lieu de travail et de recherche, c’est aussi un lieu de rencontre et un espace distributif. Un escalier hélicoïdal monumental mène au deux niveaux supérieurs disposés en terrasse. Cette proposition du projet est également remarquable. Elle réussit en effet à reprendre les codes du projet originel – un bâtiment courbe en escalier – et reproduit cette disposition en l’intériorisant dans un volume unique. A terme, existant et extension fonctionneront comme un seul bâtiment.

« EXISTANT ET EXTENSION COMME UN SEUL BÂTIMENT »

La disposition des collections en libre accès a fait l’objet de nombreuses discussions avec les bibliothécaires afin de répondre à l’organisation des thématiques et de renforcer le concept architectural. L’essentiel des collections sera disponible dans le bâtiment existant. L’enchaînement du rez-de-chaussée passe par la philosophie, la sociologie, l’histoire, la politique, l’anthropologie, l’éducation, la géographie, l’art et le cinéma; l’étage supérieur accueille les langues, la linguistique et la littérature, la slavistique et enfin l’orientalisme, tandis que l’étage inférieur est consacré essentiellement aux langues et cultures de l’Antiquité. Il y a donc un enchaînement thématique, proche de l’agencement historique des collections, qui met en exergue les affinités entre les disciplines.

Certains secteurs abritent des espaces aménagés avec un mobilier modulable, comme des petits salons circonscrits par des meubles bas. Ces zones de rencontre pourront s’adapter pour mettre en valeur les nouvelles acquisitions ou accueillir des présentations.

La partie logistique, bien que moins visible, est un volet essentiel du projet. Nichés dans les volumes arrière, le vaste stockage et l’espace réservé aux bibliothécaires, qui sert à alimenter le libre accès, forment une circulation en peigne qui se raccorde aux noyaux existants. Le personnel pourra se déplacer dans une rue intérieure en sous-sol et émerger en périphérie dans les nouveaux noyaux. Ce système évite tous les croisements entre usagers et collaborateurs. Le dispositif d’entrée conduit ainsi directement au plateau central, sans jamais croiser la circulation logistique. Les plateaux de la bibliothèque s’en trouvent totalement libérés.

Alors que les circulations unifieront les plateaux, une grande liberté d’appropriation permettra de moduler les modes de travail: dans l’existant, le lecteur est tourné vers le paysage, vers lequel il peut se projeter. Dans l’extension, il sera en relation avec les autres étudiants et profitera d’un éclairage zénithal de qualité. Le degré d’intimité pourra évoluer en fonction de la hauteur des terrasses et de la distance au grand hall central. Les plus studieux iront probablement s’installer en hauteur, loin du va-et-vient de la circulation principale.

12 000 M3 DE BÉTON

En continuité du bâtiment existant (Unithèque), l’extension fait la part belle au béton. Les volumes libres qui dessinent le cœur de l’édifice sur une étendue de 150 mètres, sont formés grâce à une série impressionnante de quarante poutres. Celles-ci ont une portée de 33 mètres (5 mètres de hauteur) et définissent autant de sheds qui filtrent la lumière naturelle. Précontraintes et réalisées sur place, les poutres rythment l’intérieur et confèrent un effet monumental à la nouvelle bibliothèque.

Le mur de façade intérieure contre la façade nord du bâtiment existant est un défi technique important pour l’entreprise de construction. Renforcement, scellements, reprises en sous-œuvre et pièces de connexion métalliques sont tous mis à contribution.

Le bâtiment sera relié au chauffage à distance et des panneaux solaires en toiture viendront compléter le dispositif. (Unithèque)

 

  • Maître d’ouvrage

CoPil des constructions universitaires
  • Architectes

Unithèque FHV

  • Gestion de projet

  • Ingénieur civil

  • Maçonnerie, béton armé

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