RTS – Fruit d’un vaste processus qui accompagne la transformation numérique et le monde des médias, le nouveau centre de production de la RTS à Ecublens sera mis en service en 2025. C’est sur le campus de l’EPFL et de l’UNIL que seront regroupées les activités radio-TV-digitales, dont les rédactions de l’Actualité et le Téléjournal, ainsi que le centre logistique.

RTS – C’est une démarche de longue haleine qui a mené la RTS à s’installer à Ecublens, sur le campus de l’EPFL et de l’UNIL. Le bâtiment historique de la radio à la Sallaz n’est plus adapté. Malgré les transformations et les agrandissements réalisés au fil des ans, il souffre d’évidentes lacunes en termes d’espaces, de flexibilité, de potentiel d’évolution et, par endroits, de sécurité. Les mêmes problématiques sont observées sur le plateau logistique de Meyrin qui accueille les cars de reportages. Ce sont ces deux éléments qui, dès 2013, constituent le point de départ d’une vaste réflexion qui mène à la recherche d’un nouveau site. A ces besoins fonctionnels s’ajoutent l’évolution des médias et de la manière de consommer l’information, le processus interne de convergence des rédactions, ainsi que la redéfinition stratégique du groupe SSR avec diverses mesures d’économies et de réorganisation. Tous ces éléments ont initié le démarrage d’une profonde transformation de l’entreprise avec ses 80 métiers et plus de 1600 collaborateurs qui œuvrent quotidiennement, souvent dans l’ombre, pour offrir à la population romande des programmes divers et de haute qualité. Selon les mots de Pascal Crittin, directeur de la RTS, «Rassembler les Romands et leur ressembler dans toute leur diversité» reste la mission principale d’un média qui contribue à forger l’identité suisse et romande depuis un siècle. Le nouveau site de production s’inscrit clairement dans cette dynamique.

La parcelle disponible le long de la route cantonale, juste à côté de l’emblématique Rolex Learning Center (RLC) et proche de la jonction autoroutière de Lausanne Sud, offre de nombreux avantages. La connexion avec les hautes écoles, le gain de visibilité et la vaste surface libre sont autant d’arguments en faveur du site lausannois.

C’est le bureau bruxellois OFFICE Kersten Geers David Van Severen qui signe le projet architectural. Le caractère unique du programme et sa prévisible évolution en cours de processus valident le choix de la RTS de mener le projet avec un organigramme traditionnel. Le bureau Fehlmann Architectes se charge de la partie exécution-coordination, ainsi que du suivi financier. Une cellule du bureau OFFICE dédiée au projet est accueillie dans les bureaux morgiens de Fehlmann Architectes, ce qui permet aux équipes de travailler en symbiose durant toute la phase de réalisation.

DIALOGUE

En dialogue avec le RLC, le bâtiment de la RTS s’inscrit d’abord dans son rapport au terrain. Ici, le niveau du sol est imaginé libre, perméable et transparent. Le rez-de-chaussée est le niveau ouvert au public, la nouvelle vitrine de la RTS qui invite les Romands à la découverte. Accueil, restaurant, animations, expositions et ateliers sont là pour rassembler les visiteurs et lever le voile sur toute l’activité de l’entreprise. C’est aussi ici que se matérialise la collaboration avec les hautes écoles; l’un des trois studios vise à accueillir diverses activités d’enseignement et de recherche en intégrant des technologies immersives et connectées pour le partage du savoir.

Partant de ce niveau, quatre émergences abritent les fonctions clés du site : les plateaux (un studio TV de 500 m2 pour les captations événementielles, un studio d’enregistrement audio de 200 m2 et le studio pour l’enseignement et la recherche de 300 m2 en collaboration avec l’EPFL), le restaurant, son espace découverte et d’éducation aux médias et un centre logistique entreprise avec son garage abritant les cars de reportages. Le grand foyer public du rez-de-chaussée se développe entre ces quatre « adresses ».

Pour les collaborateurs de la RTS, la grande nouveauté se situe pourtant deux étages au-dessus. Suspendue à huit mètres du sol, une « plateforme » entièrement dédiée au travail rédactionnel, dont la forme curviligne épouse l’entier périmètre et englobe les émergences, sera le nouveau cœur pulsant pour les équipes.

Cette surface ouverte de 5000 m2 baptisée le « champ » s’étend sur 140 m de long et 110 de large. Elle est traversée de poutres triangulées métalliques et colorées de type Warren, permettant ainsi de structurer l’espace dans une dynamique du plus bel effet. Le tout est bai- gné de lumière naturelle provenant des sheds orientés Nord qui forment la toiture du champ et renforcent le style industriel.

« LE TRAVAIL RÉDACTIONNEL FIGURE AU CENTRE »

Les équipes ne vont plus travailler par «vecteur » mais autour d’un pilotage centralisé, transmédias, qui coordonnera et alimentera les différentes émissions entre la radio, la TV ou le digital. Le travail rédactionnel figure au centre, les outils de production et de diffusion gravitent autour. Dans ce champ continu, les espaces de travail sont non territoriaux, dynamiques, décloisonnés et fortement orientés vers le travail d’équipe. Modulable à souhait, l’espace permet également de mobiliser les forces autour d’une actualité majeure et ses déclinaisons. Ponctuellement, des éléments fermés ou semi-fermés, ainsi que des mezzanines inscrites dans la double hauteur du champ permettent un travail individuel ou en petits groupes (production, postproduction, salles de réunion, etc.) sans jamais totalement isoler les équipes de l’effervescence de la rédaction.

Au-dessus et selon les besoins, les émergences s’élèvent de deux, trois ou cinq niveaux accueillant majoritairement des surfaces de postproduction ou administratives.

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Au final, un peu plus de 800 collaborateurs seront affectés au site sur un total d’environ 470 places. Ce différentiel illustre également l’importance du travail de terrain, la politique d’aménagement du temps de travail, la flexibilité, la mobilité et l’autonomie accrues offertes aux collaborateurs, ainsi que l’avènement du télétravail. L’ambition de l’entreprise va donc bien au-delà du programme immobilier mais instaure une nouvelle méthode de travail dans une approche transmédia et un renforcement de la marque RTS.

CHAMP LIBRE

Le chantier débute en 2019 avec la démolition d’éléments présents sur la parcelle et une première phase de travaux préparatoires. L’accès existant au parking du RLC traverse la parcelle, une nouvelle rampe (qui sera au final utilisée pour les deux bâtiments) est donc créée latéralement. Un nouveau giratoire sur la route cantonale accompagne cette première mesure.

Les travaux spéciaux comprennent la création d’une paroi berlinoise contre le sous-sol du bâtiment Odyssea (l’ancien bâtiment Swisscom), ainsi que la réalisation de pieux forés. Des sondages et tests de portance sont réalisés à titre préventif pour affiner le dimensionnement des pieux de fondation. Des instruments de mesure de haute précision utilisés dans les laboratoires des bâtiments voisins imposent un monitoring des vibrations. Le système de fondations est mixte, avec des pieux forés sous les émergences de même qu’un radier et des cuvelages sous le parking.

Le premier sous-sol accueille un parking de 1000 m2 destiné aux véhicules de production légers, aux collaborateurs et aux invités. Le niveau -2 est partiel; il consiste en une colonne vertébrale technique qui relie les émergences. Les chiffres finaux annoncent 3000 m3 de terre végétale décapée et 60 000 m3 de terre excavée.

L’émergence «plateaux» est composée des trois studios et de locaux techniques annexes. Ici, voiles de béton et précontraintes per- mettent de libérer des volumes importants et des grandes hauteurs. En phase de second œuvre, les studios eux-mêmes seront réalisés selon le principe de la boîte dans la boîte afin de désolidariser les éléments internes de la structure.

Deux autres émergences se développent autour d’un noyau central en béton et des éléments de façade en béton structurel. L’émergence «logistique» est un mix de grands espaces de stockage, de magasins de matériel, d’ateliers divers et de surfaces administratives. La construction repose sur des solutions simples et éprouvées; aucun élément ostentatoire ne trouve sa place ici.

La construction du champ se veut spectaculaire. Il s’agit d’une structure métallique complexe, un assemblage de poutres Warren de grande dimension qui trouvent appui sur les porteurs des bâtiments. Les poutres principales dessinent la circonférence du champ alors que des diagonales relient les points stratégiques des différentes émergences. Ce treillis complexe permet de franchir des portées allant jusqu’à 40 mètres laissant le foyer du rez-de-chaussée entièrement libre. Certaines parties s’élancent en porte- à-faux sur près de 20 mètres. Un ensemble de poutres de plancher mixte et la toiture en shed connectent, rigidifient et ferment le tout.

L’ensemble totalise 2000 tonnes de charpente dont 1000 tonnes de poutres principales, 500 tonnes de poutres de plancher et 350 tonnes pour la toiture. La charpente est actuellement en phase de montage.

Le bâtiment respecte les objectifs Minergie-P, Minergie-ECO et Société 2000W, sans pour autant viser la certification. La durabilité est donc au centre du concept énergétique: le bâtiment sera connecté à une centrale thermique réalisée conjointement avec l’EPFL et utilisant l’eau du lac, toutes les toitures seront munies de panneaux photovoltaïques en mesure de couvrir tous les besoins administratifs et l’eau grise sera utilisée pour les WC.

En tenant compte de la libération des bâtiments de La Sallaz et de Meyrin et malgré les dimensions importantes du bâtiment (26793 m2 de surface utile, 10314 m2 de surfaces de dégagement et d’installations, 37107 m2 de surface totale nette et 5306 m2 de surface au sol), l’opération permet à la RTS de réduire de 25% le total de ses surfaces, ainsi qu’une réduction de près de 30% des coûts d’exploitation.

Le planning actuel prévoit une livraison des bâtiments en février 2024. S’en suivra une importante phase d’installation et d’intégration technique, en particulier pour les locaux de production et l’IT qui demandent une grande anticipation. Dès 2025 et progressivement, les activités migreront vers Ecublens à commencer par la radio. Cette démarche permettra de libérer prioritairement le site de La Sallaz qui a déjà été vendu au canton.

Toute la partie magazines, TV, Centre Sport, Jeux et divertissements, Fictions et documentaires, les archives, certains services administratifs, ainsi que le Pôle de création numérique, sont maintenus sur le site genevois.

 

Principaux intervenants

Maître de l’ouvrage

RTS Radio Télévision Suisse, Lausanne

Architectes

Office & Fehlmann, Morges

Géomètre

Renaud et Burnand SA, Lausanne

Ingénieurs civils

Ingeni SA, Lausanne

Bollinger + Grohmann, Paris

 

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job.chantiers.ch

machines.chantiers.ch

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