Plus grande salle de Suisse et lieu mythique prisé des cinéphiles, le Capitole approche de son centième anniversaire. Racheté par la ville de Lausanne, totalement rénové et enrichi d’une salle supplémentaire, le cinéma a été confié à la Cinémathèque suisse pour devenir la véritable Maison du cinéma.

Construit en 1928 et toujours en activité, le cinéma Capitole est la plus grande salle de Suisse avec ses 750 places. Transformé dans les années cinquante – notamment pour s’adapter aux besoins de la projection panoramique – le lieu est un exemple unique de l’âge d’or des salles de cinéma et conserve, à quelques exceptions près, son état d’époque. Au-delà de l’architecture, c’est également à Lucienne Schnegg, exploitante historique des lieux, que la salle doit sa longévité. Affectueusement surnommée «la petite dame du Capitole», elle avait été engagée en 1949 comme secrétaire avant d’en assurer la direction de 1956 à 2010. Elle s’est malheureusement éteinte en 2015, à l’âge de 90 ans.

En rachetant le cinéma en 2010, la municipalité de Lausanne a souhaité préserver un patrimoine architectural et artistique de première importance, tout en pérennisant l’activité cinématographique du lieu. Depuis lors, le Capitole a été confié à la Cinémathèque suisse qui a mis sur pied un riche programme de projections, avant-premières et rencontres.

« PLUS GRANDE SALLE DE SUISSE »

Malgré un entretien régulier du bâtiment, celui-ci a fait l’objet d’une rénovation d’importance, permettant la mise aux normes sur le plan technique et de la sécurité. Initiée en 2012, l’étude propose une rénovation technique complète avec une grande attention à la conservation patrimoniale, ainsi que l’adjonction d’une deuxième salle, plus petite, enfouie sous la salle historique. La relecture des espaces permet également d’aménager une salle de consultation des archives de la Cinémathèque suisse, une boutique, une médiathèque spécialisée et un café. Un ascenseur est également créé à la place de l’ancienne caisse.

Ces deux axes d’intervention (restauration du bâtiment existant et création d’une nouvelle extension) se font dans le respect de la substance historique du bâtiment. Les deux parties, apparemment très différentes et indépendantes, sont cependant étroitement liées: l’emplacement de la nouvelle salle et de ses locaux annexes est dicté par les particularités de l’édifice existant, de son voisinage et de la nature du terrain. Le projet d’extension devient ainsi la réponse architecturale aux principes d’exploitation envisagés par la Cinémathèque suisse. Il est conçu de façon à augmenter le potentiel et la flexibilité d’utilisation du Capitole, permettant de mettre tous les locaux et fonctions accessoires au service de la salle historique.

Confié au duo Marion Zahnd et Katja Rapold du bureau montreusien architecum sàrl, le projet est approuvé par le conseil communal en 2020. Les travaux débutent en mars 2021.

SUEURS FROIDES

Les éléments décoratifs sont démontés et restaurés avec minutie, alors que les interventions lourdes sont limitées par l’exiguïté du site. Seules des machines de taille réduite – choix dicté par la largeur (5 m) de l’impasse qui longe le côté ouest de l’immeuble et les dimensions de la porte de sortie de secours qui s’y trouve – peuvent pénétrer dans le bâtiment. La dalle existante est entièrement démolie. La phase de travaux spéciaux comprend la réalisation de pieux, d’ancrages, de reprises en sous-œuvre, ainsi que de murs et dalles précontraints. Le creusement et le bétonnage de la nouvelle salle sont particulièrement délicats, alors que certains éléments décoratifs historiques tels que le plafond bleu et les capitonnages de velours collés aux murs sont maintenus en place. La vision du plafond bleu surplombant la profonde fouille en pleine terre est à ce titre saisissante.

Une fois ce nouveau sous-sol construit et la nouvelle dalle de la salle principale réalisée, ce sont les travaux de restauration, d’installation et de mise aux normes qui s’enchaînent.

Au programme: nouveau revêtement de sol, élimination d’obstacles pour les personnes à mobilité réduite, nouvelle ventilation, nouveau système électrique et nouveaux sanitaires.

Le bâtiment est recensé en note 2, ce qui limite les possibilités d’intervention sur l’enveloppe extérieure ou sur les éléments structuraux. Le toit est entièrement rénové, isolé et équipé de panneaux photovoltaïques. Ceux-ci permettent de compenser l’énergie nécessaire au fonctionnement de la pompe à chaleur dédiée essentiellement au rafraîchissement de la salle.

La façade côté est, totalement borgne et sans intérêt patrimonial, se dote d’une isolation périphérique.

La façade ouest est un témoin des années 20 et ne peut pas être modifiée. A l’intérieur, ce sont des éléments historiques des années 50 qui marquent l’esprit; si certaines parties du bâtiment sont améliorées par la pose d’une isolation intérieure, aucune intervention n’est possible ici. Ainsi, les architectes s’évertuent à améliorer la performance globale de l’enveloppe et misent sur des installations techniques de pointe pour assurer le confort des spectateurs.

L’inauguration officielle aura lieu début 2024 avec un week-end portes ouvertes prévu les 24 et 25 février.

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