Un homme au bord d’un précipice et une sorte d’engrenage lié au monde des machines. Tels sont les deux caractères chinois qui composent le mot crise: le danger et l’opportunité.

Selon le dernier rapport du Swiss Re Institute, les pertes économiques totales dues aux catastrophes naturelles et d’origine humaine se sont élevées à environ 140 milliards de dollars en 2019. Le chiffre est aussi impressionnant que difficile à appréhender. Les grandes catastrophes continuent de marteler la planète à rythme soutenu et de provoquer des pertes humaines et matérielles immenses. A côté de cela, les catastrophes de plus petite ampleur semblent elles aussi devenir plus fréquentes et plus dévastatrices. Ces «dangers secondaires» sont responsables de plus du 50% des dégâts globaux. Le changement climatique entraîne des risques secondaires plus fréquents et plus graves, qui se manifestent par des inondations plus fréquentes, des pluies torrentielles, des sécheresses prolongées, de graves incendies et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes. En outre, des facteurs de risque macroéconomiques tels que la croissance rapide de la population et la valeur des biens dans les zones exposées contribuent à l’augmentation des pertes résultant des catastrophes naturelles à l’échelle mondiale. Selon le rapport, «le changement climatique a un impact sur la fréquence et la gravité des périls secondaires, ce qui justifie une plus grande concentration de la recherche. »

Pour le secteur de la construction, c’est bien là que se niche l’opportunité. Nombre de chercheurs, architectes, ingénieurs ou industriels concentrent leurs efforts sur la prévention des dangers. Les énormes progrès réalisés dans la prise en compte du risque sismique ont, par exemple, déjà sauvé des millions de vies dans le monde. Au niveau local, l’ECA (Etablissement d’assurance contre l’incendie et les éléments naturels du Canton de Vaud) et le guichet cartographique cantonal ont mis en ligne depuis quelque temps la carte des dangers naturels qui répertorie les zones de danger de tout le canton, parcelle par parcelle. Des facteurs à prendre en compte au moment d’entreprendre un projet de construction. L’âge et la vulnérabilité des bâtiments sont également des éléments qui peuvent augmenter le danger. Là encore, le domaine de la rénovation et les mesures de mise en conformité des bâtiments existants représentent un marché potentiel énorme. Les entreprises qui acquièrent et continuent de développer de telles compétences s’assurent sans doute une certaine assise pour les prochaines années.

Une fois n’est pas coutume, permettez-moi quelques lignes plus personnelles. Rédacteur en chef du magazine que vous tenez entre les mains depuis plus de quinze ans, il m’a été donné d’en devenir l’éditeur. Une opportunité certaine, une prise de risque effective et une émotion sincère. A compter du 1er janvier de cette année, c’est donc sous la bannière de Cemento Editions que Chantiers Magazine poursuit son chemin. Je ne peux que remercier ceux qui m’ont précédé et qui ont rendu cette étape possible. Les plus grands remerciements vont bien sûr à vous, fidèles lecteurs, partenaires et annonceurs. Danger et opportunité avancent le plus souvent côte à côte. Avec la petite équipe qui permet l’existence de ce média spécialisé romand et indépendant, nous souhaitons nous placer du côté de l’engrenage, de la machine qui contribue à faire avancer les choses.