Ville – Léonard de Vinci avait déjà fait le rapprochement. Ses esquisses d’études sur la ville dialoguent avec celles portant sur le corps humain. Sans qu’il en fasse formellement le parallèle, ses visions urbaines reflètent un principe général d’harmonie, d’ordre et de proportion propre à la nature et à l’Homme. Plus tard dans l’histoire, de nombreux penseurs et écrivains ont comparé la ville à un organisme vivant. Un ventre, une main, une lymphe, un monstre, les images littéraires sont innombrables.

  • Une étude de l’EPFL révèle que les métropoles suivent les mêmes lois universelles que celles observées dans les organismes vivants. Le but de l’étude est de résoudre la complexité de la planification urbaine.
  • L’hypothèse de départ est que les grandes villes seraient plus efficaces, car elles nécessitent moins de ressources et génèrent plus de richesse à l’image d’un animal qui, plus il est grand, plus il exploite efficacement son énergie.

Si le parallèle entre une ville et un animal peut sembler obscur à la plupart d’entre nous, les chercheurs ont mis en évidence certaines lois universelles qui s’appliquent à la population (équivalant à la masse d’un animal), aux émissions de CO2 (similaires aux dépenses énergétiques d’une bête) ou aux réseaux routiers (correspondant à son système circulatoire). En compilant un set de millions de données issues de 100 villes du monde entier, les scientifiques de l’EPFL semblent confirmer l’analogie perçue initialement par le monde littéraire. Parue récemment dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), leur étude généralise ces lois d’échelle, des quartiers aux mégapoles, avec un modèle qui s’applique ainsi à toutes les villes, quelle que soit leur taille. L’étude indique également qu’une forme d’auto-organisation se met naturellement en place lorsqu’une ville croît. Selon les chercheurs, les urbanistes doivent adopter une approche systémique et tenir compte de la nature complexe et dynamique de l’évolution des villes. Grâce à la grande quantité de données disponibles, celles-ci offrent un terrain fertile pour tester de nouvelles théories basées sur la biologie et l’écologie.

Diverses pistes ont déjà été explorées. La théorie de l’écologie industrielle, inspirée de la nature, propose de concevoir des systèmes urbains comme des écosystèmes durables où les déchets d’un secteur deviennent les ressources d’un autre, dans la lignée des réseaux de chauffage à distance qui récupèrent la chaleur produite par des bâtiments industriels pour chauffer des quartiers d’habitation. La théorie de la succession écologique est une autre piste à explorer. Dans la nature, les écosystèmes évoluent par étapes, passant d’un état pionnier à un écosystème mature. Appliquée à la ville, cette théorie peut guider le développement urbain, en favorisant une croissance progressive et adaptable, permettant aux quartiers de se densifier et de s’auto-organiser naturellement, à l’image d’un écosystème qui s’adapte à son environnement.

Alors que la majorité de l’humanité vit en zone urbaine, comprendre toujours mieux les mécanismes complexes qui animent ces organismes phénoménaux qu’est la ville reste un enjeu crucial.

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Des villes et des données

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