Espaces souterrains

Alors que les villes font face à d’énormes défis, l’exploration des espaces souterrains représente un énorme potentiel. Aux infrastructures de transport, parkings, centres commerciaux ou autre type de constructions souterraines déjà connues, s’ajoute aujourd’hui une nouvelle vision. Les spécialistes parlent désormais de villes souterraines et même de réseaux de villes souterraines. L’Association internationale des tunnels et de l’espace souterrain a organisé un workshop à Genève pour expliquer ces enjeux.

Le 14 février dernier, à Genève, l’Association internationale des tunnels et de l’espace souterrain (ITA-AITES) a organisé un workshop intitulé «L’espace souterrain, futur levier du développement durable». Une cinquantaine de professionnels du monde entier y ont participé avant de prendre part à une visite du CERN, infrastructure souterraine ô combien emblématique.

Madame Jenny Yan, Présidente de l’ITA- AITES, a rappelé les énormes défis auxquels doivent faire face les villes. Au regard de ces enjeux, l’exploration des espaces souterrains représente un énorme potentiel. Aux infrastructures de transport, parkings, centres commerciaux ou autre type de constructions souterraines déjà connues, s’ajoute aujourd’hui une nouvelle vision. Les spécialistes parlent désormais de villes souterraines et même de réseaux de villes souterraines. La préservation des ressources et des surfaces figure bien sûr au centre de la question. Le changement climatique est également au rendez-vous. Dans les régions très chaudes et très froides, le développement des constructions souterraines devient une opportunité de développement non négligeable.

Beaucoup de villes peuvent développer leurs sous-sols et créer des espaces agréables, utiles et nécessaires pour les habitants. Les techniques de construction sont connues et déjà bien maîtrisées. Les hautes écoles et l’industrie s’appliquent au développement d’innombrables innovations. Mieux maîtriser l’énergie utilisée pour la réalisation de ces nouveaux espaces et, surtout, mieux intégrer les connexions et les divers moyens de communication font partie des thèmes de recherche les plus prisés.

Le futur est souterrain

L’exploitation de l’espace souterrain est une opportunité pour toutes les villes. Celles avec des centres historiques, par exemple, ne peuvent pas se densifier en hauteur. La population et le trafic continuent pourtant de croître tout comme les besoins d’interconnexion entre les personnes et les services. Ainsi, le sous-sol devient un territoire à fort potentiel.

Beaucoup de projets sont déjà une réalité et quelques grands noms de l’architecture ouvrent la voie à l’instar de Domique Perrault et de son projet de pôle multimodal et centre commercial de Séoul Light Walk. Le Light Walk naît de la nécessité d’intégrer une nouvelle grande station de transport au cœur du district international de Séoul, le célèbre Gangnam. L’architecte propose d’intégrer à cette infrastructure purement fonctionnelle, un centre commercial, des espaces événe- mentiels, des galeries d’exposition, des cafés, des restaurants, des espaces de bureaux et de co-working et un learning center. En surface, un parc public de 32 000 m2 devient le symbole d’un Séoul qui veut faire plus de place aux piétons et à la mobilité douce. L’élément le plus marquant est sans doute le faisceau lumineux: une immense saignée habillée de verre créant un jeu de reflets élaboré qui permet à la lumière naturelle de baigner tout le complexe. Un parc intérieur et des bassins sont également intégrés au projet, une agréable nouveauté dans une ville habituée aux tunnels sombres et humides.

D’autres projets, des plus réalistes aux plus utopiques, animent un réel mouvement architectural qui ne connaît pas de frontières. Ici un Earthscraper, une pyramide inversée de 300 m de profondeur qui comprendrait logements, commerces, bureaux et espaces de stockage, là une station souterraine de filtrage de l’eau pluviale dont la surface accueille un parc et un golf.

Tous ces projets proposent une vision, parfois originale, de tout le potentiel de la construction souterraine. Sans trop d’imagination pourtant, nous pourrions déjà placer nombre d’installations dans le sous-sol. Dans notre région, les data centers deviennent notamment de plus en plus nombreux. Pourquoi ne pas enfouir ces énormes boîtes sans intérêt, à grands renforts d’installations qui les protègent du soleil, de la chaleur et de tout élément extérieur ?

La question énergétique, bien sûr, occupe également les spécialistes du sous-sol et certains projets deviennent source d’inspiration. La gare CEVA de Carouge-Bachet, par exemple, intègre dans sa structure même, une installation d’échange thermique. Le potentiel de la gare est évalué à 200 kW. Depuis ce projet pilote, d’autres sont à l’étude tels que le Grand-Paris ou le m3 de Lausanne.

Les activités de recherche et de communication de l’ITA-AITES sont multiples. Outre divers ateliers et des conférences prévues à Prague, Toronto, Séville ou Melbourne, signalons les prochains congrès mondiaux de l’association du 11 au 17 septembre 2020 à Kuala Lumpur et du 16 au 19 mai 2021 à Copenhague.