Les Rives de la Baye – Un ancien site industriel accueille un programme mixte de logements et d’activités au cœur de Montreux. 14 appartements et 4 surfaces commerciales composent la promotion « Les Rives de la Baye », développée et réalisée par Steiner SA.
Les Rives de la Baye – Décrite comme l’ultime vestige industriel de Montreux, la menuiserie Moraz est bien connue sur la Riviera. Longé par la Baye – une rivière qui court en amont à travers de magnifiques gorges et forme d’impressionnantes cascades – le bâtiment existant a été construit en 1900. Erigée un an plus tard, la cheminée en brique de trente-deux mètres de haut est également un témoignage important d’une époque désormais révolue. Au cours de la dernière décennie, tout le secteur et les quartiers avoisinants (La Paix, Trait-Planches, Corsaz, Dessous-Sâles et Anciens Moulins) ont été transformés, les activités industrielles laissant place à des logements et services.
Signé RDR architectes SA, le projet que nous présentons ici (Les Rives de la Baye) est mené par Steiner SA en tant que développeur et entreprise totale, avec l’accompagnement d’AARC Architectes Sàrl comme direction architecturale. La lecture du site et des exigences de conservation émises par la commission de monuments et des sites, permettent de mettre en lumière un potentiel fort intéressant.
Le bâtiment principal (bâtiment A), classé en note 3, est entièrement réhabilité. Vidé, nettoyé, renforcé (charpente, poutres, dalles, piliers), rénové, il accueille désormais un restaurant japonais et une surface brute avec une affectation à définir au rez-de-chaussée, à l’étage une grande surface brute avec une affectation bureau et deux logements dans les combles.
Du deuxième corps (bâtiment B), juxtaposé au premier, seul le sous-sol est conservé. La nouvelle aile reprend la trame et la volumétrie de l’ancien bâtiment et en revisite les lignes dans une vision actuelle. Structure béton et façade ventilée métallique s’habillent d’ornements en clin d’œil au passé avec des garde-corps aux motifs floraux. Trois duplex, ainsi que trois triplex ont été aménagés à l’intérieur et profitent de grandes fenêtres en accordéon offrant une vue totalement dégagée.
« DIALOGUE ENTRE MATÉRIAUX ET ÉPOQUES »
A l’arrière, ce sont deux nouveaux volumes qui trouvent place. Le premier (bâtiment C), suspendu au-dessus d’un rez-de-chaussée laissé libre pour accueillir l’entrée, est majoritairement constitué de bois (y compris la charpente et la façade). Seule la dalle du 1er étage, connectée aux autres corps, est en béton. A l’image d’un pont, elle fait le lien entre l’avant et l’arrière, et sert d’appui à deux niveaux de logements. Le second volume (bâtiment D) est, quant à lui, entièrement en béton apparent. Ici, un cabinet médical occupe le rez-de-chaussée, alors que des appartements sont aménagés dans les étages. Une coursive et des escaliers extérieurs assurent les circulations.
Au total, ce sont donc un restaurant, trois surfaces commerciales et quatorze appartements qui sont réalisés.
CONSERVATION ET COMPRESSION
Anciennes ornementations, fenêtres historiques, poteaux en fonte décorés, encadrements en pierre et autres croisillons: les éléments à conserver et à mettre en valeur sont nombreux. Le travail est minutieux et la collaboration avec les autorités étroite.
Les travaux ont débuté en mars 2021 et les premiers propriétaires ont pris possession de leurs appartements en cette fin d’année.
Le chantier (Les Rives de la Baye)présente de nombreux défis. Le site est exigu et au cœur de la ville. A l’avant, la route est un axe important qui mène à la gare. Sur le côté, la rivière et son canal maçonné ne laissent aucune marge et à l’arrière, la voie CFF forme une limite encore plus stricte. Afin d’éviter les lourdeurs logistiques liées à une interruption de la circulation ferroviaire, la paroi de protection a été réalisée d’une façon inédite. Elle a été assemblée sur la dalle du rez-de-chaussée du bâtiment D. Une série de DIN sont fichés dans la dalle et munis de connecteurs articulés côté chantier. Des bloqueurs côté voies de chemin de fer assurent la sécurité. La paroi, soulevée par la grue, pivote sur ses axes sans jamais empiéter sur la distance de sécurité. Cette phase délicate est ainsi gérée de manière optimale sans avoir à négocier des horaires spéciaux ou des interruptions de lignes.
La remise à neuf de la chambre principale des canalisations d’eaux claires et usées nécessite également une intervention spéciale. Un forage de quatre mètres est pratiqué depuis le sous-sol du bâtiment pour rejoindre la chambre à côté de la rivière.
La conservation de l’ancienne cheminée est un projet en soi. L’objectif est d’en assurer la stabilité durant les 50 prochaines années face aux séismes et aux fortes bourrasques de vent. Une ouverture dans la base de la cheminée permet de créer des micropieux de 15 mètres de profondeur et un socle en béton avec des ancrages négatifs. Des câbles métalliques de précontrainte de plus de 30 m de longueur relient cette base à une plaque métallique placée à la tête de la cheminée préalablement sciée. Les câbles sont ensuite mis en tension (60 tonnes) et un élément bétonné ferme le sommet. Cette solution permet de mettre en valeur cet élément du patrimoine industriel, tout en assurant la sécurité.
Le long de la Baye, le mur est rehaussé, prolongé et profilé afin de résister à une éventuelle crue historique. Dans ce sens, des fenêtres existantes au sous-sol ont été bétonnées.
Les appartements offrent également des typologies intéressantes, avec plusieurs appartements en duplex et en triplex. Entre conservation, mise en valeur et construction à neuf, le projet fait dialoguer les différents volumes avec harmonie, simplicité et caractère.
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