Gymnase de Crissier. La pression démographique et les difficultés rencontrées sur d’autres sites poussent le canton à s’intéresser à une opération immobilière en pleine réalisation à Crissier. Le projet modifié en cours de route s’apprête à accueillir le 14e gymnase du canton de Vaud.
L’Ouest lausannois est le terrain d’une forte densification. Vastes quartiers d’habitation, nouvelles lignes de tram et de bus à haute capacité et complexes multifonctionnels changent le visage de cette portion de territoire romand parmi les plus dynamiques. Dans ce contexte, la commune de Crissier se distingue par le nombre élevé de nouveaux logements créés, ainsi qu’un potentiel de terrains disponibles encore intéressant. (Gymnase de Crissier)
C’est sur l’un de ceux-ci, occupé très partiellement par les bureaux et dépôts d’une entreprise de déménagement, qu’un projet de pôle d’activité mixte est esquissé en 2015.
Un dossier de mise à l’enquête est déposé en 2017 pour la création de cinq bâtiments comprenant des bureaux, un hôtel, une résidence étudiante, une résidence pour seniors, des surfaces artisanales et un vaste parking commun de deux niveaux. Le permis de construire est délivré en mars 2019 avec une prolongation autorisée d’un an. Les incertitudes liées au Covid19 retardent un peu le début des travaux qui sont finalement lancés en mars 2022.
Alors que les terrassements et travaux spéciaux sont encore en cours, le développeur du projet est approché par le canton qui, bloqué sur deux autres sites, cherche désespérément à créer une quarantaine de classes pour ses futurs gymnasiens. Le projet est alors transformé pour accueillir un gymnase (Gymnase de Crissier) sans que la définition des volumes ne soit bouleversée. Les surfaces de bureaux se muent en classes, l’hôtel accueille la bibliothèque, les salles des maîtres, le gymnase pour adultes, la cité des métiers, le centre d’orientation scolaire et professionnelle de l’OCOSP et l’école de la santé. La résidence pour étudiants et seniors devient résidence pour étudiants uniquement alors qu’une partie du parking et des surfaces d’activité laissent place à une salle de sport double, un mur de grimpe et un fitness pour le gymnase.
Le bâtiment A du Gymnase de Crissier est dédié aux sciences. Chaque plateau suit la même logique avec deux salles de cours, deux salles de TP, une salle de préparation et une salle des maîtres. Cette organisation se répète du premier au troisième étage ; le +1 reçoit les cours de physique, le +2 la biologie et le +3 la chimie. Au rez-de-chaussée, le réfectoire équipé d’une cuisine de régénération permet d’assurer trois services de 220 plats par jour.
« UNE CAPACITÉ DE 1200 ÉTUDIANTS »
Le bâtiment B est le plus compact en surface au sol et également le plus haut du complexe. Ses huit niveaux permettent d’accueillir un programme diversifié comprenant la bibliothèque au rez-de-chaussée, trois niveaux de salles des maîtres, les classes du gymnase pour adultes, ainsi que les espaces de formation de la cité des métiers, du centre d’orientation scolaire professionnelle et, temporairement, de l’école de la santé.
Le bâtiment C, dont l’exécution a commencé en dernier, proposera 254 chambres pour étudiants, réparties en studios individuels, lots doubles et lots triples. Chaque studio et chaque colocation sont dotés d’une kitchenette et d’une salle de bain, et des espaces communs sont aménagés à chaque étage. Une réception, une conciergerie, une buanderie, un fitness, une grande cuisine commune et des espaces de rencontre sont disponibles au rez-de-chaussée et au premier étage. Des espaces de rencontre / zones de coworking sont également disponibles dans les niveaux supérieurs.
Le bâtiment D abrite la réception, ainsi que les bureaux de la direction et du décanat, une salle polyvalente au rez-de-chaussée puis des salles de classe et de travail dans les deux niveaux supérieurs.
Les deux derniers niveaux, dont la surface est un peu réduite par rapport aux autres, sont occupés par les salles de musique, d’arts visuels et d’informatique.
Dans les sous-sols, un espace est réservé à une zone dépôt de véhicules pour un concessionnaire voisin. A l’arrière du complexe, le bâtiment E est conçu pour accueillir les bureaux et dépôts de l’entreprise de déménagement, originellement présente sur le site.
CONTRAINTES ET FLEXIBILITÉ
Sur le plan technique, le projet a impliqué des choix constructifs complexes. Le site présente en effet un dénivelé marqué ; il est cerclé de routes, une importante conduite d’eau (diamètre 70 cm) et une galerie souterraine pour canalisations électriques le traversent et une ligne à haute tension le surplombe partiellement.
Les terrassements et travaux spéciaux ont donc été une phase complexe et délicate. Ils comprennent une paroi parisienne sur toute la partie haute de la parcelle, des pieux, des micro-pieux et des fondations en surprofondeur. La hauteur et le travail de l’une des grues sont limités par la présence de la ligne électrique, des contraintes qui appellent à une coordination précise des travaux.
Le changement d’affectation à travaux initiés a bien sûr été l’un des défis majeurs au niveau conceptuel, notamment pour intégrer les nouveaux volumes des salles de sport avec une statique déjà définie ; des poutres précontraintes reprennent les efforts des niveaux supérieurs.
Les couleurs des façades métalliques définissent un socle commun et une teinte par bâtiment pour les étages.
Au chapitre technique, notons que l’ensemble sera raccordé au réseau de chauffage à distance CriCAD et qu’une grande partie des toitures est équipée de panneaux solaires. Une petite production de froid est également nécessaire, notamment pour les salles informatiques.
Habillés essentiellement de pavés, les aménagements extérieurs comprennent plusieurs îlots verts et une zone de sport à l’arrière (trois terrains de beach volley et des équipements de street workout).
Tant au niveau architectural que technique, les concepteurs mettent l’accent sur la flexibilité des espaces afin de répondre et, si possible, d’anticiper les attentes d’une communauté en perpétuelle transformation. Les méthodes, tout comme les programmes d’enseignement, évoluent au fil des décennies.
Les besoins du corps enseignant et des étudiants sont également évolutifs, des changements auquels l’infrastructure doit pouvoir s’adapter.
Les premières réceptions ont eu lieu ce printemps et se poursuivent jusqu’à l’été. Les premiers élèves sont attendus pour la rentrée d’août, sans que le plein potentiel ne soit immédiatement exploité. La résidence sera, quant à elle, terminée dans le courant de l’année 2026.
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