La Ville de Genève a rénové depuis peu l’Ancien Manège situé au cœur de la Vieille-Ville. Elle lui consacre un triptyque dont nous présentons ici quelques extraits. Après une période de déclin et avoir servi de garage et dépôt, le bâtiment trouve aujourd’hui une nouvelle affectation et une place dans la vie sociale du quartier.
Bâtiment singulier de la Vieille-Ville, reconnaissable à sa façade en hémicycle, l’Ancien Manège a été construit en 1829 par l’architecte François Brolliet, sur l’emprise d’un manège précédent. À l’origine destiné à la pratique de l’équitation, abritant une piste flanquée d’écuries, le bâtiment a fait l’objet de deux transformations au cours du XXe siècle. Dans les années 1930, il fut partiellement utilisé comme garage, puis transformé en parking en 1950, au prix d’interventions importantes sur sa structure. Le projet de Jean Camoletti eut en effet des conséquences sur la volumétrie du bâtiment, avec notamment la création d’une rampe automobile, ainsi que sur la façade donnant sur la rue Piachaud, largement évidée et percée de deux ouvertures. Malgré ces modifications, l’Ancien Manège de Saint-Léger reste en Suisse un des très rares édifices de ce type datant de la Restauration. Racheté par la Ville à l’État en 2015, le bâtiment servait encore de parking en novembre 2018.
Depuis plusieurs décennies, ce bâtiment tombé en désuétude était soumis à débat par la société civile, le monde associatif et le monde politique. La Ville de Genève, sous l’impulsion de son Conseil municipal, a décidé de le réhabiliter en l’aménageant en équipements publics.
Le quartier de Cité-Centre manquait en effet d’espaces à disposition des associations et des habitants. La hausse des besoins d’accueil pour la petite enfance et le parascolaire nécessitait également un nouveau projet permettant de répondre à la demande de façon adéquate.
QUATRE EN UN
L’Ancien Manège réunit quatre entités distinctes dans un programme commun. Une entrée unique dans le bâtiment fédère tous les usagers et renforce l’idée d’appartenir à une grande maison. L’accès latéral au bâtiment permet à la rotonde en demi-cercle de devenir un espace d’accueil et de rencontre, en relation directe avec la rue. Les différents équipements se développent ensuite sur trois niveaux, les affectations ayant été réparties selon les dimensions des espaces à disposition. L’espace de vie enfantine (halte-jeux et espace parents-enfants) propose 29 places et se situe au rez-de-chaussée dans le corps latéral côté Saint-Léger. La ludothèque est installée en symétrie au même niveau, dans l’aile sur la rue Jean-Daniel Colladon. À l’étage, la grande salle polyvalente accueille un restaurant scolaire de 80 places. Enfin, la maison de quartier loge au dernier étage et s’ouvre sur l’espace public au-dessus de la rotonde. Les espaces de service, la cuisine et les bureaux sont installés dans les tours.
Une rénovation douce a été privilégiée afin de préserver les éléments caractéristiques de cet ancien édifice. Les démolitions ont permis de retrouver une lecture claire du bâtiment tout en conservant certaines composantes constructives remarquables des années 50.
Un sous-sol a été réalisé et a permis de créer un socle technique rassemblant le local ventilation, la chaufferie, les départs sanitaires, la cabine électrique, des dépôts de stockage, une buanderie et un espace pour le nettoyage. La dalle de béton intermédiaire a été démolie pour libérer les grandes ouvertures cintrées au deuxième étage, permettant à la lumière d’entrer de manière symétrique, et ainsi d’obtenir une généreuse salle commune. Le seul ajout structurel est une nouvelle toiture plate en bois au-dessus de l’aile sud, résultant de la démolition des rampes et du volume de la rue de Saint-Léger, et offrant une terrasse au niveau de la salle, la prolongeant vers l’extérieur. Enfin, la toiture a bénéficié d’une réfection conséquente. La couverture a été entièrement refaite en tuiles plates neuves de Bardonnex. Certains assemblages de la charpente d’origine ont été révisés et les combles ont été maintenues froides. Le choix des matériaux mis en œuvre a fait l’objet d’un équilibre délicat entre les besoins des usagers et ceux liés à la conservation du patrimoine.
Le projet des architectes a mis en valeur les affectations passées du bâtiment. En ne faisant pas table rase des couches architecturales successives, ils ont su préserver les qualités de chacune. En tant qu’ajout lisible, la nature des travaux et des nouvelles insertions, principalement en bois, se révèle comme une nouvelle étape du processus de transformation du bâtiment, et se positionne de façon à permettre d’éventuelles modifications futures.
Fruit d’un processus de participation consultative de plus de six ans entre les architectes lauréats du concours, l’association faîtière « un Manège pour Tous », les futurs utilisateurs et utilisatrices du bâtiment et les services de la Ville de Genève, cette cohabitation sous un seul toit de plusieurs institutions complémentaires réunies sous le nom de « Manège en Ville » est une première à Genève.
Les espaces mutualisés, destinés à une population intergénérationnelle, ont pour vocation de devenir des lieux d’activité mixtes et de partage, et insufflent une nouvelle dynamique au quartier.
******