Dans le cadre du réaménagement de l’usine des Cheneviers, Zwahlen & Mayr réalise un pont tournant qui doit permettre le passage des barges acheminant les déchets. Métallique et léger, il bénéficie de tout le savoir-faire ZM-Cimolai.
Le groupe international Cimolai, dont le siège se trouve à Pordenone dans le nord-est de l’Italie, est actif sur le marché mondial et a réalisé des ouvrages aussi uniques qu’emblématiques tels que le stade olympique d’Athène pour les Jeux de 2004, le Pont Chaban Delmas de Bordeaux, la nouvelle gare du métro du World Trade Center de New York signée Santiago Calatrava ou encore, le nouveau système de confinement de Tchernobyl.
En 2012, le groupe fait l’acquisition de la société aiglonne Zwahlen & Mayr. L’impulsion du groupe donne à ZM une nouvelle ampleur et permet d’optimiser les procédures internes afin d’offrir au marché des solutions techniques du plus haut niveau.
L’usine des Cheneviers traite et valorise les déchets urbains, agricoles, industriels et spéciaux du canton de Genève. Les Services industriels de Genève sont mandatés par l’Etat pour construire d’ici 2023 une usine de dernière génération redimensionnée aux besoins cantonaux. Dans le cadre de cette restructuration, ZM construit un pont permettant le passage des barges acheminant les déchets vers l’usine. La configuration du site, le dessin des nouvelles circulations, la protection des rives ainsi que l’exiguïté de l’emplacement orientent le projet vers une solution de pont tournant.
Des tonnes de légèreté
Le pont mobile de 32 mètres de long et 5 mètres de large est doté d’une passerelle piétonne. Il opère une giration de 54° et fonctionne selon deux modèles statiques différents. Lorsqu’il est ouvert à la circulation routière, il s’apparente à un pont fixe (modèle classique, portée à deux travées inégales posées sur trois lignes d’appuis. Au moment de laisser passer une barge, les appuis sont libérés, le pont se soulève de 20 centimètres et se met en position sur une couronne servant de pivot pour la rotation. Sa configuration se mue alors en un ouvrage doté de deux parties en porte à faux, l’une de 32 mètres, l’autre de 8,5 mètres, un modèle statique tout à fait différent.
La solution retenue est un tablier orthotrope en acier composé d’une tôle de 14 millimètres renforcée par 8 augets, soudée à deux poutres PRS asymétriques pour donner une pente transversale d’environ 1200 millimètres. Le tablier est fini avec un béton à haute performance (BFUP) sur une épaisseur de 35 millimètres.
Cette géométrie permet d’optimiser la hauteur totale du tablier et ainsi augmenter l’inertie à des points spécifiques afin de diminuer les flèches tout en limitant le poids total de l’ouvrage.
Pour positionner le centre de gravité au milieu de la couronne (environ ¼ de la longueur du pont) et l’équilibrer, un contrepoids de 85 tonnes a été réalisé à l’arrière du pont.
Développé en quelques mois par les ingénieurs de la maison mère Cimolai, le mécanisme de soulèvement et de rotation se devait d’être simple, robuste et d’une grande fiabilité (classe SIL2). Le système de mouvement a été conçu et réalisé avec une redondance mécanique, hydraulique et électrique.
Le mécanisme de soulèvement est composé de trois couples de deux vérins contrôlés par deux systèmes hydrauliques. Chaque couple est positionné aux trois extrémités d’un trépied sur lequel le tablier du pont est appuyé. Les vérins relèvent le trépied et le pont de 200 millimètres. Ce système permet l’engagement complet de la crémaillère du pont aux pignons (acier 25CrMo4) qui sont reliés aux blocs motoréducteurs et la rotation peut alors commencer. Le trépied, les roues en acier et les moteurs restent en position fixe pendant toute la phase de rotation. Un monitoring continu permet de contrôler le positionnement de l’ouvrage grâce à des capteurs et de corriger son assiette du début à la fin de sa course. Le tout est rapporté par un réseau de communication type Profinet dans la salle de contrôle située dans le bâtiment principal.
Au-delà d’un simple pont, cet équipement est considéré comme une machine et, à ce titre, ZM a dû passer par toutes les phases de développement, tests et agréments de la SUVA concernant la sécurité pour obtenir une homologation machine avec certification CE.
Il n’aura fallu finalement qu’un an entre la signature du marché et sa réception. L’inauguration officielle a eu lieu le 8 mars dernier.