L’état et la qualité des zones urbaines sont étroitement liés à la santé et au bien-être d’une partie significative de la population mondiale. Plus de la moitié de la population mondiale vit actuellement dans des zones urbaines. Ce nombre devrait atteindre 60 % d’ici 2030 et 70 % d’ici 2050. Le dernier Rapport mondial sur les villes du Programme des Nations Unies ONU-Habitat, propose des perspectives sur l’avenir de l’urbanisation et son impact sur la santé, en soulignant la nécessité d’une planification urbaine durable et soucieuse de la santé pour accueillir la population urbaine croissante. Le programme mise notamment sur la qualité des espaces publics pour rendre les villes plus saines.
Les zones urbaines ne sont pas seulement des lieux à forte densité de population, mais aussi des centres d’innovation, de commerce, de science, de politique et d’échanges culturels. Les activités dans ces zones ont un impact significatif au-delà de leurs frontières. Par conséquent, se concentrer sur la santé et le bien-être dans les environnements urbains est crucial pour faire avancer l’agenda de développement mondial. Cela nécessite un effort coordonné de la part des décideurs politiques, des urbanistes, des experts en santé, de la communauté scientifique, des résidents et d’autres parties prenantes pour exploiter le potentiel des villes afin de promouvoir la santé et le bien-être.
Intégrer la santé dans la planification urbaine et territoriale est crucial pour créer des villes saines. Le programme ONU-Habitat, l’OMS et diverses autres organisations ont souligné le lien entre la santé et la planification urbaine, mettant l’accent sur la prévention des maladies et la création d’environnements favorables à la santé grâce à des politiques, stratégies et conceptions urbaines efficaces. Ces approches multisectorielles améliorent la qualité de l’air et de l’eau, favorisent une mobilité plus sûre et plus active, et établissent de meilleurs cadres de prévention des maladies, améliorant ainsi la santé et le bien-être général des populations urbaines.
Les défis de santé urbaine deviennent de plus en plus préoccupants dans les pays développés et en développement. Les villes dépourvues de services essentiels et d’assainissement présentent des taux plus élevés de maladies transmissibles (par exemple, hépatites A et E, choléra, dengue et paludisme) et de maladies non transmissibles (par exemple, infections respiratoires, cancer). Cette incidence est souvent proportionnellement plus élevée dans les villes que dans les zones rurales. Dans ce contexte, les espaces publics et verts apparaissent comme des solutions potentielles pour faire face aux conséquences de l’urbanisation rapide et non planifiée.
La Charte de l’espace public définit les espaces publics comme « tous les lieux publics ou d’usage public, accessibles et agréables pour tous gratuitement et sans but lucratif ». Selon ONU-Habitat, les espaces publics sont classés en trois grandes catégories : rues, espaces ouverts et équipements publics. Il est recommandé que 45 à 50 % de l’utilisation des sols urbains soient affectés aux rues et aux espaces publics ouverts, avec 30 à 35 % pour les rues et les trottoirs et 15 à 20 % pour les espaces publics ouverts.
Espaces publics et santé dans les agendas urbains mondiaux
Les espaces publics ont été reconnus comme essentiels pour créer des villes plus saines selon divers agendas mondiaux et leurs objectifs associés. L’Agenda 2030 pour le développement durable souligne le rôle des espaces publics dans la promotion de la santé et du bien-être.
Par exemple, les Objectifs de développement durable (ODD) appellent à l’action, exhortant les villes à viser l’inclusivité, la résilience et la durabilité. À travers des objectifs spécifiques, ils soulignent le lien entre les espaces publics, la santé et l’urbanisation durable. L’ODD 3 vise à promouvoir une bonne santé et le bien-être pour tous les âges, avec l’objectif 3.4 axé sur la prévention des décès prématurés dus aux maladies non transmissibles, où les facteurs environnementaux urbains jouent souvent un rôle significatif, ainsi que sur la promotion de la santé mentale et du bien-être. D’autre part, l’ODD 11 met l’accent sur la fourniture d’espaces publics à travers son objectif 11.7 : « D’ici 2030, fournir un accès universel à des espaces verts et publics sûrs, inclusifs et accessibles, en particulier pour les femmes et les enfants, les personnes âgées
Le rôle facilitateur des espaces publics
De nombreuses études scientifiques soutiennent l’inclusion des considérations de santé dans la planification urbaine. Un exemple bien documenté est la signification des espaces publics verts pour promouvoir l’inclusivité sociale, la santé humaine et la biodiversité.
La planification urbaine axée sur la santé favorise l’augmentation de l’activité physique et du capital social, améliore l’accès à une alimentation saine et favorise la réduction des niveaux de criminalité, l’obésité, le diabète, l’hypertension et la dépression. Les espaces verts urbains jouent également un rôle vital dans la réduction de la concentration de particules, l’amélioration de la qualité de l’air et le renforcement de la santé respiratoire.
Les espaces publics ouverts offrent des opportunités de loisirs, de socialisation et d’activité physique, favorisant des habitudes saines et réduisant l’incidence des maladies associées à des modes de vie sédentaires ou isolés.
Un réseau de rues caractérisé par une haute connectivité et sécurité peut promouvoir la mobilité active et l’interaction entre les citoyens, encourageant la marche et le vélo, ce qui fournit une dose quotidienne d’exercice de faible intensité. La recherche indique que les transports actifs peuvent contribuer de manière significative à la santé publique en diminuant le risque de maladies chroniques et en améliorant la condition physique générale. Une réduction de la dépendance au transport motorisé améliore également la qualité de l’air. Cela diminue l’exposition aux polluants atmosphériques, contribuant ainsi à une meilleure santé respiratoire et réduisant le fardeau de maladies telles que l’asthme et la maladie pulmonaire obstructive chronique.
Au-delà des avantages pour la santé physique, les espaces publics ont un impact significatif sur le bien-être mental et l’interaction sociale. Une conception urbaine qui invite les gens à utiliser les rues pour se promener, se détendre et passer du temps à l’extérieur renforce le bien-être mental et le bonheur. La présence d’espaces publics bien entretenus et accessibles peut réduire le stress et l’anxiété, fournissant un remède naturel aux problèmes de santé mentale.
Recommandations
Afin de tirer pleinement parti du potentiel des espaces publics pour promouvoir la santé et le bien-être urbains, il est important d’implémenter des approches stratégiques qui tiennent compte des besoins diversifiés des populations urbaines.
Ces recommandations visent à guider les urbanistes, les décideurs politiques et les parties prenantes communautaires dans la création et le maintien d’espaces publics qui contribuent à des environnements urbains plus sains, inclusifs et durables.
En se concentrant sur des pratiques fondées sur des preuves, en impliquant plusieurs secteurs, en employant des mécanismes financiers innovants, en permettant de la flexibilité dans la conception et en promouvant l’engagement communautaire, les villes peuvent transformer leurs espaces publics en actifs vitaux qui soutiennent l’activité physique, le bien-être mental, les interactions sociales et la durabilité environnementale.
Voici cinq recommandations clés pour utiliser les espaces publics comme points d’entrée pour créer des villes et des communautés plus saines :
- Ancrer la santé et le bien-être dans les politiques urbaines locales.
- Renforcer les capacités des urbanistes et des décideurs.
- Renforcer les approches basées sur des preuves grâce à la collaboration multisectorielle.
- Encourager des mécanismes financiers innovants.
- Introduire de la flexibilité et des combinaisons de fonctions dans les espaces publics.
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