Ouvert au public le 22 février 2010, le Rolex Learning Center marque un tournant dans l’histoire de l’EPFL. Le bâtiment a révolutionné la vie du campus. Son architecture unique a valu à ses concepteurs de remporter le Pritzker Price. Retour sur une icône.
On l’aime ou on ne l’aime pas. « Il n’est pas pratique. Il vieilli mal. On s’y perd. Impossible de travailler là dedans. Trop froid. Trop chaud. » Les détracteurs du Rolex Learning Center allongent chaque jour la liste de leurs arguments.
C’est sans doute le lot des oeuvres exceptionnelles. Une dalle unique de 22’000 m2, des collines, des trous, un seul étage et pas de façade: qu’est-ce que c’est que ce bâtiment? Peut-on seulement parler de bâtiment? La galette pas cuite, la tranche d’Emmental imaginée par le duo japonais de SANAA a choqué la planète EPFL. Habitué aux constructions « bien propre en ordre », le microcosme de l’architecture romande voit débarquer cet ovni avec méfiance et curiosité. Il aura fallu toute l’audace de Patrick Aebischer pour porter ce projet.
Sa construction, financée à 50% par Rolex et d’autre généreux sponsors (Crédit Suisse, Nestlé, Novartis, Logitech, SICPA, Losinger) est une aventure. Le chantier est impressionnant par son extension et par les méthodes adoptées. Ingénieurs et entreprises de construction s’allient pour créer une structure totalement inédite. On imagine des coques de béton, on se demande si il ne vaut pas mieux les réaliser en acier, on invente des outils pour coffrer (1400 tables toutes uniques), on se ré-approprie les arcs à sous-tirants et on crée une recette unique de béton. La dalle sera coulée en une seule fois: une étape de plus de 50 heures, un long weekend de bétonnage. Quelque 700 camions auront fait la navette entre les tours à béton Holcim de Morges et de Bussigny.
Passée cette phase cruciale et spectaculaire, vint le temps de la toiture mixte acier-bois et de ses 190 fines colonnes. Puis les techniques, les verres de façades, les stores, les techniques, les revêtements de sol, les plafonds et les aménagements: rien de ce qui a été fait dans ce bâtiment n’avait été fait comme ça auparavant. Autour des architectes japonais, ce sont des équipes d’architectes, d’ingénieurs et de spécialistes romands qui se constituent. Sous la direction de Losinger qui agi en entreprise générale, se sont des entreprises et des professionnels de la région qui réalisent cette oeuvre unique.
Depuis son ouverture au public le 22 février 2010 et son inauguration officielle quelques mois plus tard, « le Rolex » est devenu le centre du campus. L’EPFL a enfin une porte d’entrée, une image iconique, un totem. Les étudiants se sont rapidement approprié le lieu; il est toujours plein et il faut jouer des coudes pour trouver une place où s’installer pour travailler. Des gymnasiens et des apprentis qui n’ont pas de lien avec l’EPFL s’y retrouvent également pour avancer sur leur travaux de groupe ou pour étudier seul en communion avec leurs congénères, toute filière confondue.
Le bâtiment a sans doute ses défauts et subit peu à peu l’affront du temps. Il n’en reste pas moins une révolution et a marqué l’entrée de l’EPFL dans une nouvelle ère.
Principaux intervenants
Maître d’ouvrage: EPFL
Architectes: SANAA/Architram
Entreprise générale: Losinger Marazzi
Ingénieurs géologues: Karakas&Français
Ingénieurs civils: Bollinger Grohmann/INGPHI
Charpente: Sottas
Construction métallique: Morand
(photos: epfl)
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