rebound effect – En 1865, l’économiste anglais William Stanley Jevons mettait en évidence un phénomène qui, depuis, porte son nom. Le paradoxe de Jevons énonce qu’à mesure que les améliorations technologiques augmentent l’efficacité de l’emploi d’une ressource, la consommation totale de cette ressource peut augmenter au lieu de diminuer. C’est dans son livre « The Coal Question » qu’il constate que malgré les améliorations de l’efficacité énergétique de la machine à vapeur, la consommation globale de charbon augmente. Cette notion, quelque peu oubliée, revient sur le devant de la scène ces dernières années sous le nom de rebound effect et trouve de nombreuses confirmations.
Si, par exemple, le coût de matériaux recyclés baisse, une industrie tend à augmenter la quantité de produits fabriqués avec ces matériaux, ce qui entraîne une nouvelle demande croissante et une utilisation plus importante des ressources. Idem au niveau privé. Votre nouvelle installation de chauffage vous promet 30 % d’économies, vous vous permettez un degré supplémentaire, voire un bain bien chaud tous les soirs. De même, votre nouveau lave-linge est en Classe A, vous en abusez en gardant la conscience tranquille. Ce même principe peut s’appliquer au monde du travail : les employés utilisent des logiciels plus performants pour accomplir leurs tâches plus rapidement et efficacement, ils se retrouvent à travailler plus sur davantage de projets.
« votre nouvelle installation de chauffage vous promet 30 % d’économies, vous vous permettez un degré supplémentaire »
Une étude menée en 2022 par l’Institut de recherches économiques de l’Université de Neuchâtel met en évidence les divers phénomènes d’effets rebond en lien avec une plus grande efficience des chauffages résidentiels.
En tenant compte des rebonds directs (changements de comportements, augmentation du thermostat, prolongation de la durée de chauffage, etc.) et indirects (dépenses de consommation sur d’autres biens et services), entre 19 % et 22 % des économies d’énergie obtenues par une installation de chauffage plus efficiente sont annulés. Dans le pire des cas, seules 78 % des économies seront bel et bien réalisées. C’est une donnée à prendre en compte bien qu’elle ne remette pas en cause le bien-fondé de l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments. Cet écart de calcul pourrait avoir son poids dans les politiques afin d’anticiper correctement la consommation énergétique future. Selon l’étude, l’analyse des effets de rebond indirects, ainsi que les moyens de les minimiser méritent une plus grande attention et des études plus détaillées.
Quelques jours après la catastrophe de Blatten qui a vu neuf millions de tonnes de glace et de roche se détacher du glacier de Birch et s’effondrer sur le village, le choc est encore immense. Cet événement spectaculaire qui a résonné dans les médias du monde entier est, pour beaucoup, une nouvelle preuve de l’urgence climatique. « C’est un avertissement puissant de notre monde qui se réchauffe », a déclaré Celeste Saulo, secrétaire générale de l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
Les innovations technologiques que nous mettons souvent en avant dans nos pages et les efforts qui sont déployés notamment dans le monde de la construction grâce à une efficience énergétique toujours accrue, doivent s’accompagner d’une prise de conscience et d’une attention à nos comportements quotidiens. Combien vaut un degré en plus ?
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