Bien que certaines grandes entreprises aient appelé à un retour complet au bureau à la suite de la pandémie, le télétravail, partiel la plupart du temps, est devenu usuel. Les bureaux individuels laissent la place au space sharing, réduisant par là même les besoins des entreprises en termes de surface. Les espaces laissés vides, spécialement dans des immeubles construits avant l’an 2000, ne répondent plus aux attentes des sociétés actuelles et trouvent difficilement preneur.
Les effets de l’inoccupation des bureaux pourraient se répercuter sur l’économie, car de nombreux bâtiments sont financés par des prêts à court terme accordés par les banques. Si les sociétés immobilières ne parviennent pas à percevoir les loyers des locataires commerciaux, elles risquent de ne pas rembourser leurs prêts, ce qui accroît le risque pour les banques.
Le phénomène, présent en Suisse, est encore plus marqué dans les grandes métropoles.
« À New York, plus de 95 millions de mètres carrés de bureaux sont actuellement inoccupés »
À New York, plus de 95 millions de mètres carrés de bureaux sont actuellement inoccupés, soit l’équivalent de 30 Empire State Buildings. Alors que les locataires réduisent leurs surfaces de bureaux, les propriétaires se voient, là aussi, confrontés à des bâtiments obsolètes, voire sans valeur. Selon certaines estimations, le prix des immeubles de bureaux a chuté de 40% depuis la pandémie. À la Columbia Business School, le professeur spécialisé dans l’immobilier Stijn Van Nieuwerburgh a modélisé l’impact du travail hybride sur les prix. Il parle d’un « accident de train au ralenti ».
À Genève, ce sont plus de 300’000 m2 de bureaux et près de 24’000 m2 de surfaces commerciales qui cherchent actuellement preneur.
Selon les experts, ce n’est que le début. Beaucoup de locataires n’ont en effet pas encore eu à prendre une décision active concernant leurs surfaces de bureaux. L’heure venue, la question du renouvellement, d’une éventuelle réduction de surface, voire d’une rupture de bail se posera obligatoirement.
D’autre part, la pression démographique continue de soutenir le marché du logement, qu’il s’agisse de location ou d’achat.
Face à ce constat, les transformations de bureaux en appar- tements se multiplient. Plusieurs chantiers sont en cours en Suisse romande, notamment dans l’hypercentre de Genève. Cette mutation fonctionnelle, pratiquement inédite à ce jour, ouvre de nouvelles perspectives tant pour les personnes à la recherche d’un logement que pour les entreprises appelées à réaliser ces travaux.
Si tous les bureaux ne seront pas transformés en appartements, un très grand nombre d’immeubles doivent encore être rénovés et mis aux normes actuelles. Les subventions énergétiques et la nécessité de rendement poussent les propriétaires à entreprendre des travaux importants. La forte proportion de propriétaires institutionnels, propre au marché immobilier suisse, facilite cette transition. C’est, une nouvelle fois, une formidable opportunité pour les entreprises de la construction choisies de réaliser ces travaux à haute valeur ajoutée.
A noter que les nouvelles constructions doivent aussi prendre acte et intégrer une plus grande flexibilité dans leur concept constructif. La mutation est en cours.
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