Énergie – Le 2 février dernier, la Commission européenne a présenté officiellement sa proposition de taxonomie, une classification des investissements considérés verts. Malgré l’avis contraire d’une commission d’experts, la liste inclut les centrales gazières et nucléaires. Ce choix n’a pas rencontré l’approbation de plusieurs États membres et, bien sûr, des défenseurs de l’environnement. L’exécutif européen souhaite prendre en compte les centrales nucléaires durables dont le permis de construire est délivré avant 2045 et les centrales à gaz pour la production d’électricité qui émettent moins de 270 grammes de CO2 par kWh jusqu’en 2031 ou moins de 100 grammes sur toute leur durée de vie.
La France guide les pro-nucléaires, une énergie qui ne génère pas de CO2 mais pose d’autres problèmes tels que la sécurité et la gestion à long terme des déchets radioactifs. La République tchèque, la Hongrie et la Finlande se rangent du côté de Paris. L’Allemagne s’oppose catégoriquement à l’écologisation de l’énergie atomique, mais mise plutôt sur le gaz pour abandonner le charbon. Et un troisième bloc de pays, dont l’Espagne, l’Autriche, le Danemark et le Luxembourg, rejette ouvertement les deux options et exige que les énergies renouvelables ne bénéficient pas du même traitement que le gaz et le nucléaire. La plateforme d’experts qui conseille la Commission européenne sur la conception de cette classification des investissements durables a rejeté le nucléaire et le gaz, tout comme la Banque européenne d’investissement (BEI). La Commission n’a pas sourcillé et a présenté le texte tel quel, en attendant l’examen et l’aval définitif du Conseil et du Parlement.
La Suisse, par la voix de Simonetta Sommaruga, semble s’aligner sur la position de l’Allemagne.
Le dossier énergétique s’est énormément complexifié. Il y a bien sûr la volonté d’agir avec force en faveur de l’environnement mais également la nécessité de soutenir une consommation toujours croissante. Le risque de black-out, vu comme un simple épouvantail par certains, devient une menace réelle à plus ou moins court terme: dès 2025, selon les experts. Le Conseil fédéral entend donc doter le pays de réserves d’électricité en cas de panne de courant. Après avoir dévoilé comment elle compte accélérer la production d’énergie renouvelable indigène (notamment en rendant l’opposition aux projets éoliens et aux nouveaux barrages bien plus difficile qu’à l’heure actuelle), la Conseillère fédérale a présenté son plan pour affronter de telles « situations exceptionnelles ».
« La politique des deux roues de secours est en cours, a-t-elle expliqué, à savoir les réserves stockées dans les centrales hydroélectriques, le développement de nouveaux projets hydrauliques, ainsi que la construction de deux à trois centrales à gaz d’une puissance totale de 1000 mégawatts. »
Ces installations coûteraient entre 600 et 900 millions de francs, devraient être fonctionnelles en 2025, mais ne seraient enclenchées qu’en cas de coup dur.
La guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie mettent dramatiquement en évidence le besoin d’augmenter l’autonomie énergétique. Nous devons aujourd’hui donner un rapide coup d’accélérateur. Plus de solaire, de géothermie moyenne et profonde, d’éolien, de micro-production individuelle et d’infrastructures de grande envergure.
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