Dans la scène finale du premier opus de la saga « Retour vers le futur » (1985), Doc dit à Marty dans une réplique devenue culte : « Là où on va, on n’a pas besoin de routes!» La DeLorean se soulève alors dans les airs et s’envole pour un bond en avant de 30 ans, vers le 21 octobre 2015. Bien que quelques prototypes de drones aient été présentés ces dernières années, force est de constater que les voitures volantes ne se sont pas (encore) banalisées.

Dans nombre de villes, les vagues de Covid-19 et le télé-travail ont dans un premier temps réduit le trafic routier. Puis, elles ont conduit à un certain abandon des transports en commun. Par mesure sanitaire préventive, beaucoup ont préféré être seuls dans leur voiture plutôt qu’entassés dans un train, un bus ou un tram. En dépit de l’aménagement de larges pistes cyclables, le trafic individuel a aujourd’hui repris les niveaux pré-pandémie. L’offre en transports publics semble encore insuffisante et malgré les efforts des villes pour décourager les automobilistes à pénétrer dans le centre (Lausanne a par exemple supprimé 400 places de parking en surface), la voiture reste le moyen de transport favori d’une majorité.

Bien que le développement des transports publics reste l’axe prioritaire, l’optimisation du transport individuel est une autre piste explorée avec enthousiasme par les spécialistes. On ne sait ni quand ni comment, mais les véhicules autonomes, l’autopartage et les transports à la demande transformeront notre mobilité. Les auteurs de l’étude «Conséquences économiques de la numérisation dans la mobilité», commandée par l’Office fédéral du développement territorial, ont eux-aussi tenté le voyage dans le temps et se sont projetés en 2060. Ils ont imaginé trois scénarios dans lesquels ces différentes évolutions se seraient pleinement réalisées. Ils ont ensuite estimé leurs impacts par rapport à un scénario de référence.

L’étude explique que «les bénéfices de l’automatisation et de la mobilité partagée prennent des formes très diverses pour les usagers. La mise en commun des véhicules permet de réduire leur coût par personne, mais cela ne représente qu’une petite partie des bénéfices totaux. D’autres gains importants proviennent du temps de conduite libéré par l’automatisation qui pourrait être consacré à d’autres activités et de la réduction du nombre d’accidents. La fluidification du trafic résultant de la hausse du taux d’occupation des véhicules et de leur automatisation pourrait aussi permettre de réduire significativement le temps perdu dans les embouteillages. En tenant compte des impacts négatifs sur la santé et l’environnement associés à un plus grand usage de la voiture, le bénéfice net dans le scénario où l’automatisation et la mobilité partagée se développent simultanément est estimé à 25 milliards de francs par an. »

Une grande incertitude subsiste concernant l’horizon temporel et la manière dont ces tendances se réaliseront. Elles impliquent d’accorder une grande attention aux infrastructures et nécessiteront encore d’importants investissements pour améliorer le réseau, ainsi que développer des routes intelligentes et de nouveaux types d’équipements. Que le Dr Emmett Brown ne nous en veuille pas, mais aujourd’hui et pour les prochaines décennies sans doute, nous avons encore besoin de routes !

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