Bouger plus, bouger moins – Comparées à celles d’autres pays, les infrastructures suisses de transport sont très développées. Elles occupent un peu plus de 2 % du territoire national et presque un tiers des surfaces d’habitat et d’infrastructure. En 2024, la longueur du réseau routier était de 85 009 km, dont 1549 km d’autoroutes. Le réseau ferroviaire mesurait 5317 km en 2020, date du dernier relevé. L’infrastructure est encore complétée par 126 km de chemins de fer à crémaillère, 316 km de voies de tram, 1037 km de lignes de transport par câble et 109 km d’oléoducs (dont 60 km inactifs). En ce qui concerne les transports de loisirs, les randonneurs disposent d’un réseau de chemins pédestres balisés de 66 000 km environ. Il existe par ailleurs quelque 12 000 km d’itinéraires cyclistes uniformément balisés et répertoriés ainsi que 11 000 km d’itinéraires VTT. Ces chiffres produits par l’Office fédéral de la statistique peignent un tableau flatteur des infrastructures suisses.
Un sentiment bien différent, et pourtant diffus, règne parmi les usagers de la route qui perdent chaque année près de 50 000 heures dans les bouchons ou parmi les pendulaires qui voyagent debout, coincés dans des trains bondés.
Lors de la deuxième édition du Rendez-vous romand de la mobilité, qui s’est tenu le 13 mars dernier à Lausanne, l’idée de bouger moins a été évoquée, entre pragmatisme et provocation. Est-il possible de mettre des limites à la mobilité ? Serait-ce une atteinte à la liberté individuelle ou une contribution à la protection du climat, du patrimoine et du vivre ensemble ? Des lieux touristiques, voire même des villes entières, ont appliqué ce type de préceptes. Depuis le printemps dernier, l’entrée à Venise est payante et sur réservation (durant certaines périodes de l’année) pour les touristes.
L’ensemble du Grand Londres est soumis à une taxe de circulation, un péage urbain destiné à faire baisser le trafic. Les premiers résultats sont encourageants sans être exceptionnels : 4 % d’automobiles en moins en un an. Milan a adopté une solution plus drastique en créant des zones environnementales dans lesquelles les restrictions sont sévères et les amendes salées. Résultat, -33 % de voitures entrant dans la ZTL AreaC.
L’idée des péages urbains n’est pas populaire en Suisse. Et pourtant, lorsque des zones piétonnes viennent rendre leur sérénité à des portions de nos villes, l’ambiance change et tout le monde s’en réjouit.
Les différentes périodes de confinement liées au Covid-19 ont fait naître de nouvelles réflexions. Certains sociologues observent le passage d’une société en excès de mobilité à un télétravail forcé. Le temps passé dans les embouteillages ou dans les transports publics plus que pleins nous était soudain offert ; le retour n’est pas simple pour tout le monde. C’est dans ce contexte qu’émerge le concept de démobilité, à savoir l’idée de diminuer les mobilités subies et d’augmenter celles choisies.
Cette démarche relève non seulement d’un choix personnel de pratiquer la mobilité douce mais également d’une attention accrue à la mobilité locale et quotidienne, dans un rayon de 80 km autour du domicile.
Une réduction du temps de transport domicile/travail va en effet de pair avec une augmentation du télétravail. Il est également question d’un encouragement à l’adoption de modes de vie moins dépendants de la voiture et d’une meilleure répartition des flux de déplacement dans la journée avec un regard à l’organisation des horaires.
Quelles que soient nos habitudes personnelles en matière de mobilité, les infrastructures sont encore au centre d’enjeux cruciaux.
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