Abracadabreak. Relayé le 27 janvier dernier par les principaux médias, le rapport de la commission de gestion du Conseil national a mis en évidence les divergences et le manque de collaboration entre la Confédération et les CFF, entraînant un retard des travaux de transformation de la gare de Lausanne. Quelques jours plus tard, voilà que la commune de Chavannes-près-Renens annonce qu’elle rejette le projet de créer une jonction autoroutière sur son territoire. Elle avait pourtant donné son accord en 2021, mais la municipalité entrante ose aujourd’hui le volte-face. Puis, dans la même semaine, le Conseiller fédéral Albert Rösti, souriant sous les ors du Bernerhof, présente les contours du programme «Transports’45», à savoir une révision complète de la planification des infrastructures de tout le pays.

L’opération, qui se veut ambitieuse, survient dans un contexte compliqué pour le Département fédéral des transports (DETEC) : surcoûts de 14 milliards pour le rail, rejet de l’étape d’élargissement des autoroutes par la population, initiatives unilatérales de certaines communes et un manque généralisé de vision. Face à ces difficultés, l’UDC bernois préfère voir «une chance, une opportunité de clarifier l’avenir de nos infrastructures et de nous doter d’une planification moderne, globale, intégrant l’ensemble des transports ». Concrètement, il s’agit d’un énorme coup de sac (et coup de frein) visant à déterminer les projets d’infrastructure prioritaires et ceux qui devront encore être retardés. Cette tâche est (évidemment) confiée à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), en la personne du professeur en systèmes de transport Ulrich Weidmann. Il aura pour mission de lister les projets prioritaires rail et route à réaliser en l’espace de vingt ans, donc d’ici à 2045, tout en intégrant les projets d’agglomération et de mobilité douce. (Abracadabreak)

Que dites-vous ? Vous avez déjà entendu cela quelque part ? Le même programme et les mêmes louables intentions nous sont périodiquement servis. Alors que nos gares et autoroutes ne sont plus en mesure d’absorber les pics quotidiens et que le moindre incident paralyse tout le réseau, les plans sont faits et défaits, interrompus, remis sur la table, repoussés, annulés puis à nouveau modifiés. Quelque chose entre la pierre de Sisyphe et la toile de Pénélope. Le record de 48 800 heures perdues dans les bouchons, chiffre établi l’année passée, sera sans doute encore battu plusieurs fois. La dégringolade des CFF à la 11e place européenne des meilleures compagnies ferroviaires devrait sonner comme un affront à la nation et inviter tout un peuple à se soulever. Mais rien n’y fait. Sans sourciller, nous continuons à nous satisfaire d’infrastructures dépassées et de services médiocres que l’on paie à prix d’or. La mobilité suisse mérite mieux !

Certes, il s’agit de projets de grande envergure et de planification à long terme. Il faut voir loin, anticiper, avoir une idée. C’est peut-être ce qui manque le plus aujourd’hui à notre pays qui, amoureux de la lenteur et du consensus, croit toujours que les choses vont finir par s’arranger. Si elle a fonctionné par le passé, il y a bien longtemps que cette petite magie s’est enrayée. Abracadabreak!

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