La dernière enquête KOF sur la conjoncture et la marche des affaires des bureaux d’architectes et d’ingénieurs pose la question qui brûle les lèvres de beaucoup d’entrepreneurs et d’observateurs : a-t-on atteint un pic ? Après des années de croissance exceptionnelle et un cycle de dynamisme rare, la construction va-t-elle connaître un recul ?

Si globalement, les ingénieurs et architectes estiment leur santé économique bonne, ils abordent toutefois l’automne avec réserve. Certes, au niveau suisse, ils sont encore 50 % à qualifier leur situation actuelle de bonne et 47 % de satisfaisante. Seuls 3 % la considèrent mauvaise. En Suisse romande les chiffres sont nettement différents ; seulement 33 % des participants à l’enquête qualifient la situation de bonne. Les bureaux d’étude s’attendent à une dégradation de la marche de leurs affaires durant le semestre à venir, ainsi qu’une baisse de l’offre et de la demande au cours des trois prochains mois. Le KOF a également relevé que la demande est en recul depuis le début de l’année. Pour l’heure toutefois, les carnets de commande ne désemplissent pas : 20 % des bureaux d’études affichent toujours des commandes en hausse, comme c’était déjà le cas au quatrième trimestre 2017.

Il est intéressant de noter que les coûts de construction sont en baisse – une tendance qui s’avère imputable au logement. Assisterait-on à un refroidissement dans le segment en surchauffe de l’immobilier résidentiel ? Il est encore trop tôt pour se prononcer. Les analystes continuent d’observer de près le marché de l’immobilier, notamment les objets résidentiels de rendement. Là encore, le dynamisme romand de ces dernières années, pourrait commencer à s’essouffler.

Les indications ne sont certes pas alarmantes et nous n’allons pas assister – sauf catastrophe majeure – à un effondrement de la branche au cours des prochains mois. De nombreux projets sont encore à réaliser et les besoins en infrastructures, logements et services dans les principales agglomérations de la région ne sont pas totalement satisfaits. Néanmoins, la vie des entreprises dépend des projets élaborés par les architectes et ingénieurs et, dans ce sens, les indicateurs mis en exergue par le KOF ont tout leur intérêt.

Lorsque la conjoncture sera réellement en recul, les entreprises qui aujourd’hui investissent dans l’innovation et qui s’appliquent à bien gérer leur image et leur communication seront celles qui pourront le mieux résister. Une grande réactivité sera également indispensable. Là encore, le manque de vision et l’intransigeance dont font preuve les syndicats alors qu’ils négocient les conditions cadre de la prochaine Convention nationale pourraient être néfastes. Passé un pic, il y a forcément une descente.