Metaltec Romandie et l’École du Métal viennent d’annoncer la création d’une nouvelle filière de formation de dessinateur constructeur. Rencontre avec Nadir Solenghi, président de l’École du Métal de Bulle.

Le secteur des métaux est l’un des plus grands employeurs industriels et exportateurs du pays. Afin de préserver ce gage d’excellence, la gestion de la formation et des connaissances spécifiques est déterminante.

Le dialogue entre l’Association faîtière Metaltec Romandie et quatre entreprises du canton de Fribourg – CMA Constructeurs Métalliques Associés, Morand Constructions Métalliques, Progin SA Métal et Sottas SA – a donné naissance à un groupe de travail composé d’une dizaine de spécialistes romands du secteur qui a vu en l’École du Métal la structure idéale pour renforcer les synergies, dynamiser la formation et garantir la performance des professionnels de demain. L’École du Métal accueillera de ce fait, dès août 2021, les apprentis dessinateurs constructeurs sur métal.

Ce cursus spécifique facilite et assure la transition entre l’école obligatoire et le monde professionnel. Durant la première année à l’École du Métal, le formateur enseigne les connaissances de base de manière uniforme et en rapport avec les différents secteurs de la branche en mettant l’accent tant sur l’apprentissage pratique que théorique; il se charge également d’être en lien avec les entreprises de chaque apprenti. Dès la deuxième année, les apprentis intègrent leur entreprise avec des connaissances de base solides et l’autonomie nécessaire.

Nous avons rencontré Nadir Solenghi, administrateur et directeur général de Sottas SA en sa qualité de Président de l’école.

Chantiers magazine (CM): Depuis quand l’Ecole du Métal existe-t-elle et pourquoi cette nouvelle filière ?
Nadir Solenghi (NS): L’Ecole du Métal destinée aux constructeurs fête ses 15 ans cette année. Elle est née pour réagir à la pénurie de personnel qualifié dans les ateliers. C’était un challenge, nous ne trouvions pas assez de constructeurs sur le marché, nous nous sommes dit: «il faut les former!» Notre modèle a ensuite été copié en Suisse alémanique. Depuis 5 ans, nous vivons la même situation concernant les dessinateurs.

CM: Qu’est-ce qui pourrait attirer un ou une jeune dans cette profession ?
NS: Le métier de la construction, surtout dans le domaine des façades, a énormé- ment évolué et le marché suisse a également changé. On réalise maintenant des tours de plus de 100 mètres, des verres intelligents, des bâtiments à bilan positif. Les dimensions des éléments augmentent également et nous intégrons du photovoltaïque, de la communication led, des systèmes antifeu, nous créons des façades connectées etc. Nous construisons aussi des charpentes complexes ou des ponts magnifiques. Nous sommes à la pointe de la technologie, de nouveaux challenges se présentent tous les jours et c’est un domaine passionnant !

CM : Quel est le cursus ?

NS: Les élèves de l’école suivent les cours du CFC de dessinateurs constructeurs sur métal à l’école de la construction de Tolochenaz à raison d’un jour par semaine. Durant la première année, plutôt que d’être en entreprise, ils sont formés les quatre autres jours de la semaine au sein de l’école. Ils rejoignent leur société en deuxième selon la formule duale habituelle avec l’avantage certain d’avoir acquis des notions de base solides et une plus grande autonomie. Suivre un apprenti de première année exige un réel engagement au sein de l’entreprise. A l’école, un formateur peut suivre plusieurs élèves dans les meilleures conditions et sans la pression de devoir faire son propre travail en parallèle. Les sociétés sont donc soulagées de cette charge initiale.

CM: Il y a donc un bénéfice tant pour les apprentis que pour les entreprises.
NS : Oui, les apprentis ont la certitude de bénéficier des mêmes bases, ce qui n’est pas toujours le cas en entreprise où le suivi dépend du marché de l’entreprise formatrice et de la personne en charge de l’apprenti. L’école dispose également d’outils de pointe, les mêmes que l’on retrouve au sein des sociétés. On constate souvent un décalage entre l’enseignement traditionnel – qui comprend encore du dessin à la main levée par exemple – et la réalité du terrain. Ici, nous sommes en symbiose.

CM: L’école est à Bulle. Est-elle réservée aux quatre entreprises fondatrices ?
NS: Bulle, avec ses plus de 1000 emplois dans le secteur, s’est imposée en tant que centre de compétence du métal. Il est donc logique que l’école soit ici. Toutefois, nous sommes en plein accord avec Metaltec Romandie et l’institution est ouverte aux apprentis tant des entreprises membres que des non-membres. A terme, les jeunes formés pourraient très bien intégrer un bureau d’architectes ou d’ingénieurs.

CM: Y-a-t-il d’autres développements prévus pour l’Ecole du Métal ?
NS: Dans les années 2000, nous avons été contactés pour appuyer la formation d’ingénieurs façades, ce que nous avons fait avec toute notre force. La chaire d’ingénieurs façades a finalement vu le jour à Horw (Lucerne). Notre rêve serait de créer une filière d’ingénieurs façade en Romandie, en collaboration avec l’Ecole d’Ingénieurs de Fribourg ou l’EPFL, par exemple et en un premier temps pour la gestion de projet. Mais ce n’est pas d’actualité pour le moment.

ecole-du-metal.ch

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