Le CICG (Centre International de Conférences de Genève) s’est donné quatre mois pour finaliser une vaste rénovation. Le défi architectural et technique s’appuie sur une gestion de chantier LEAN qui trouve ici toute sa raison d’être.

Inauguré en 1973, entièrement rénové et agrandi entre 2004 et 2005, le CICG est destiné à accueillir des conférences internationales à l’échelon gouvernemental, de caractère politique, économique et technique, mais aussi tout autre type de congrès privé. Six grandes salles de conférence, seize salles de commissions, des espaces polyvalents, des surfaces d’exposition, ainsi que des bureaux et divers points de restauration composent ce centre qui se déploie sur plus de 28 000 m2.

La volumétrie unique du centre et son immense paroi centrale qui descend dans le sous-sol pour décloisonner les deux salles principales offrent une précieuse flexibilité. Des manifestations de tailles très diverses peuvent ainsi être accueillies dans les meilleures conditions.

Entre l’hiver 2018 et l’été 2019, c’est tout le système audiovisuel qui a bénéficié de la plus grande rénovation de son histoire avec, en prime, l’installation d’un mur LED de 12 m x 5,5 m en guise d’écran principal.

Aujourd’hui, c’est une rénovation matérielle et technique qui est en cours. Concentrés sur une période de quatre mois, les travaux touchent aux revêtements de sol, à l’habillage des plafonds (y compris les intégrations d’éclairage et de ventilation), à la création d’un nouvel espace d’accueil, de nouveaux bars, ainsi qu’à la mise en place de 350 nouveaux pupitres connectés. Les projets purement techniques comprennent la rénovation des groupes hydrauliques des parois mobiles et des podiums, des systèmes de ventilation, des sanitaires, des colonnes de chute et sprinklers, ainsi que le réaménagement du service des conférences avec la création d’un espace de coworking.

IN EARTH WE TRUST

Le projet actuel est le fruit d’un concours remporté en 2018 par le bureau GM Architectes Associés SA intitulé «In earth we trust». Alors que le centre accueille des conférences de portée internationale, l’idée est de mettre la planète et l’humanité au centre des préoc- cupations avec une attention particulière aux questions sanitaires et climatiques.

Le bâtiment originel a une volumétrie très intéressante. Le plan général est un énorme carré dans lequel les grandes salles sont placées sur la diagonale et en escalier. Cette disposition permet d’ouvrir les deux salles principales pour n’en faire qu’une. La salle n° 2 se situe en contre-bas ; une énorme paroi montée sur vérins hydrauliques permet d’ouvrir et de fermer les espaces. Balcons et autres couloirs suspendus ajoutent au dynamisme des volumes intérieurs. Néanmoins, les tons unifiés des matériaux (moquettes brunes, béton gris-beige, plafonds noirs) tendent à écraser la vision. Les travaux actuels permettent une réelle mise en valeur.

Les nouvelles moquettes vert moucheté, illustrent une prairie naturelle. Les bétons ne sont pas touchés alors que les plafonds sont habillés de panneaux blancs rétroéclairés. Les LED installés assurent un éclairage dynamique et économique suivant toutes les variations de la journée. Les panneaux ont aussi une fonction phonique et intègrent les diffuseurs de ventilation. Les lourds rideaux, historiquement tenus fermés, sont remplacés et ouverts. Enfin la lumière domine les espaces! La symbolique est forte sans être ostentatoire: nous marchons tous sur la même terre et sommes idéalement connectés avec les éléments.

La réfection totale de la loge d’accueil et du bar, ainsi que la création d’un club lounge complètent le programme architectural. Plus large et ouvert, l’accueil est élégamment dessiné dans un bloc de pierre naturelle et mis en valeur par une paroi habillée de bois. Le nouveau bar, baptisé le Sixième Continent, se veut chaleureux et enveloppant dans l’esprit d’un lobby d’hôtel. Le comptoir est lui aussi habillé de pierre naturelle (rocher provenant du sud des Alpes), alors que les parois sont revêtues de bois rouge (mélèze suisse). Le club lounge se dessine dans le même esprit et s’agrémente de confortables fauteuils. Ces cocons, voués à l’échange informel, promettent d’être très appréciés des participants aux conférences et seront sans doute le cadre de riches discussions.

En quatre mois seulement, le centre adopte un nouveau visage, un style bien plus contemporain. La mise en œuvre de ce programme impose la réfection de toutes les chapes, la mise à neuf de nombreux câblages, le démontage des anciens plafonds ainsi que, ponctuellement, des déconstructions et démontages lourds (sciage de béton, démolition d’escalier, etc.).

Afin de ne pas perturber le programme de conférences, ces travaux sont initialement prévus en opération coup de poing, sur un planning compressé sur quatre mois. La crise sanitaire et le report des événements permet de détendre la phase de finition de quelques semaines.

Une gestion de chantier supportée par la méthode LEAN a été mise en place. Le chantier est divisé en secteurs et le suivi se fait secteur par secteur (planning micro-zoné et vision géo-temporelle). Les effectifs sont ainsi calibrés selon l’avancement et en relation avec l’entreprise qui doit intervenir par la suite. Les séances brèves, fréquentes et collaboratives, s’appuient sur un support visuel et impliquent directement chaque intervenant.

 

Chaque entreprise annonce le temps nécessaire à la tâche à accomplir et s’y engage face aux autres sociétés. Cette méthode de gestion, de plus en plus fréquente sur nos chantiers, assure une grande réactivité, un fort engagement et une stimulante collaboration entre les entreprises.

Une deuxième phase de travaux touchera les salles de conférence du troisième étage, ainsi que les aménagements extérieurs. (cicg.chwww.chantiersmagazine.ch)