La 7e édition de la Conférence BIM a donné la parole aux institutions publiques, avec la participation des CFF, de l’OFROU, de l’OFCL, d’armasuisse immobilier et de la SIA (Société suisse des ingénieurs et des architectes). Outre la présentation des défis et solutions dans l’exécution du BIM, l’événement mettait à l’honneur la technique et la mise en pratique. Un concours de pitchs pour start-ups a également animé la journée.
Conférence BIM _ Trois offices fédéraux et les CFF étaient les intervenants principaux de la 7e édition de la Conférence BIM qui a eu lieu le 14 novembre dernier au Swiss Tech Convention Center de l’EPFL. La Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève (HEPIA), Losinger Marazzi, Trust Valley et la SIA ont également partagé leurs expériences.
Les organisateurs ont proposé un nouveau format qui s’est révélé fort réussi. Une deuxième scène s’est ajoutée à l’auditoire principal et les participants pouvaient librement circuler entre les deux espaces selon leurs envies et intérêts. Les portes ouvertes de la grande salle ont favorisé la fluidité et une présence continue auprès des exposants. Cette nouvelle dimension inspirante semble aller de pair avec un premier palier de maturité du BIM; à l’aise sur ses bases, il ose à présent explorer, inventer et proposer de nouvelles applications.
Aleksandar Lazarovski, responsable de projet au sein de l’OFROU, est revenu sur les pre- mières expériences BIM de l’Office fédéral des routes. Le projet de la Jonction autoroutière du Grand-Saconnex (JAG) et ses ouvrages connexes tels que le système d’évacuation et de traitement des eaux de chaussée, ont été un formidable terrain d’expérimentation. (Conférence BIM)
Lead LCDM BIM au sein de l’OFCL (Office fédéral des constructions et de la logistique), Thorsten Strathaus a exposé le point de vue du commanditaire. Il a mis en évidence les domaines pour lesquels le BIM joue un rôle important : les coûts, la physique du bâtiment, l’architecture, la structure porteuse, la technique du bâtiment, les éléments préfabriqués, l’exécution et la gestion des installations. Il a relevé l’importance d’étendre l’exploitation de la maquette numérique sur toute la durée de vie du bâtiment. La planification et la construction ne représentent en effet que 10 % des coûts et une part limitée des données générées par un bâtiment. La Confédération met en place une plateforme commune pour la gestion des données dénommée CDE-Bund pour Common Data Environment. Cette plateforme sert de base de données et d’outil de gestion des documents et données, inclut les processus et les visualisations et propose une interface ouverte sur un tableau de bord intuitif. Elle permet la reprise des données à la fin du projet via Acta Nova pour les documents, SAP pour les données et DALA pour les plans. (Conférence BIM)
« PREMIER PALIER DE MATURITÉ DU BIM »
Jean Slavik et María Tapia, respectivement res- ponsable du centre de compétences et accompagnatrice BIM au sein des CFF, ont présenté la stratégie d’implémentation BIM de CFF Infrastructure. Les premiers appels d’offres BIM seront émis en 2025. La planification des projets de construction à l’aide du BIM et la gestion des modifications de la méthode de projet s’étendra jusqu’en 2027. La réalisation des projets, la mise en service et l’entretien des installations sur la base des données de maintenance prédictive pourront alors devenir une réalité.
Le pilotage numérique d’un grand parc immobilier présente de formidables perspectives et autant de défis. Telle était la thématique abordée par Fabio Brantschen, conseiller spécialisé senior en technique de la construction et ouvrages protégés chez armasuisse Immobilier. Il a expliqué l’importance de l’inspection des infrastructures et du géoréférencement. armasuisse possède en effet un grand nombre de bâtiments et d’infrastructures dans tout le pays. Le Facility Management revêt donc une importance cruciale. L’office travaille avec la start-up Navis et l’entreprise Swissinspect pour l’acquisition et le traitement des données. Les nouveaux algorithmes permettent de séparer les différents éléments structurels générés par un nuage de points (dalles, colonnes, murs, etc.). Cette catégorisation ouvre la voie à une programmation prédictive de l’entretien, ainsi qu’à la détection rapide des dommages. Le post-traitement des images indique en vert les éléments qui sont en bonnes conditions et en rouge ceux qui sont endommagés. Le système est même capable de faire une évaluation, dans un dégradé de vert ou de rouge, pour signaler le niveau de qualité ou de dégradation. (Conférence BIM)
Bernd Domer et Yohann Schatz, respectivement professeur HES associé et collaborateur scientifique de l’HEPIA Genève, ont expliqué les enjeux liés aux IDS (Information Delivery Specification), à savoir les standards pour l’échange d’exigences d’information interprétables par une machine.
Damien Chevarin, responsable ingénierie durable chez Losinger Marazzi, a développé le thème, un brin provocateur «Digitalisation et durabilité: comment les marier sans que ça finisse en divorce?». L’entreprise générale intègre la durabilité dans tous ses processus, de la prospection au développement jusqu’à l’exécution. L’entreprise a généré et traité les données de 72 projets correspondant à 760000 m2 SRE (surface de référence énergétique), ce qui représente 44 425 lignes de matériaux et 40 synchronisations des données par semaine. L’analyse des données sur les types de béton a permis de réaliser un gain d’environ 10 % de CO2e/m3 par projet par rapport à la moyenne suisse.
PITCHS ET BATTLE
Animée par Sven Amiet et Miguel Torres – le duo de passionnés qui produit le podcast Conversation Constructive – la scène des Arcades a vu se succéder des présentations au format plus bref, axées spécifiquement sur la technique et la pratique.
Deux mini-conférences aux thématiques plus larges ont retenu notre attention. Frederic Dreyer (FUSTIC) a parlé de la numérisation au service du développement durable et sociétal des territoires, des villes et des infrastructures et Pascal Clerc (Kessler & Co SA) a abordé le thème de la cyberassurance.
Parmi les autres sujets présentés figuraient la modélisation 3D du sous-sol du carrefour de l’Etoile à Genève (Stéphane Couderq, Topomat), l’utilisation du standard eCCC dans une maquette numérique (Marcel Chour, CRB ; Nathanaël Hervouet, Graphisoft Suisse ; Nicolas Saugy, Mensch und Maschine Schweiz SA), l’IFC reçu à la réalisation sur site (David Chassot, Groupe Grisoni) et les métrés sur la base de l’IFC avec une entreprise de construction (Valentin Balsan, Marti Construction SA).
Trois sessions de pitchs ouverts aux start-ups du secteur et une battle de plateformes collaboratives ont participé au dynamisme du format.
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