Immobilier commercial – La place des investisseurs étrangers

Le récent débat sur l’initiative de la commission parlementaire qui, dans le cadre de la « Lex Koller », vise à suspendre temporairement l’exemption pour l’acquisition d’immeubles « destinés à une activité commerciale ou professionnelle », soulève la question suivante : dans quelle mesure les investisseurs étrangers sont-ils réellement actifs en matière d’investissement dans l’immobilier commercial en Suisse?

Alors que le marché de l’investissement en immobilier en Suisse reste relativement peu transparent, CBRE Suisse a pu compiler une base de données de transactions immobilières à l’échelle nationale à partir de ses propres sources et de sources externes, une démarche qui a mis en exergue la portée d’une éventuelle extension de la « Lex Koller ».

Selon les estimations, les capitaux alloués par les investisseurs professionnels étrangers à l’achat d’immeubles commerciaux en Suisse ont totalisé environ 11 % du volume total annuel moyen des investissements sur la dernière décennie. Cela représente néanmoins CHF 750 millions par an sur un total d’environ CHF 6,8 milliards entre 2011 à 2020. Les ventes ont été nettement plus nombreuses que les acquisitions, ce qui s’est traduit par un désinvestissement net d’environ CHF 290 millions par an en moyenne sur la même période. Sur les dix dernières années, environ la moitié des volumes de transactions (investisseurs suisses et étrangers confondus) en immobilier commercial portait sur des surfaces de bureaux, et environ un quart sur des commerces. Par rapport aux investissements suisses, une part nettement plus importante des capitaux étrangers a été toutefois allouée au secteur hôtelier. Alors que les investisseurs étrangers se positionnent souvent sur des actifs présentant un profil de risque/rendement plus élevé, les investisseurs institutionnels suisses (fonds de pension, fondations de placement, compagnies d’assurance ou fonds immobiliers) ont tendance à éviter cette approche, voire en sont exclus pour des raisons réglementaires. Les acteurs internationaux interviennent plus particulièrement sur des segments alternatifs, que ce soit à des fins d’investissement et de rendement, ou pour leur propre usage en tant qu’utilisateurs finaux. Par conséquent, ces flux de capitaux transfrontaliers ont un effet stabilisateur sur le marché immobilier commercial en Suisse en apportant des liquidités complémentaires aux acteurs locaux, même en période de difficultés économiques.